Gauche à droite: Vincent Gagnon Roy, Gilles Gagnon, Maxime Reader et Jason Adams
L’indéfectible esprit d’innovation
Mener relève d’un travail harassant, mais aussi de l’affection dévolue aux bonnes idées. De la fondation d’une concession au développement de son implantation, jusqu’au relais destiné au reprenariat, Gilles Gagnon, propriétaire de Gaspé Toyota et de Gaspé Honda, traduit l’inlassable volonté de bâtir et d’innover pour inspirer et établir. Pour susciter l’avenir.
Il y a plus de 35 années, Gilles Gagnon, mécanicien diplômé et fervent d’automobiles, et son partenaire et ami, Luc Desrosiers, un vendeur né, possédaient ensemble un centre de location d’outils bien implanté à Gaspé. Mais dans le souci de diversifier leurs investissements et de relever de nouveaux défis, les deux entrepreneurs natifs de la région et âgés d’à peine 23 ans rêvaient de lancer d’autres entreprises.
Dans cette quête, l’intention de rouvrir une bannière d’automobiles fermée depuis environ cinq années à Gaspé souscrivait à leurs aspirations. L’ancienne concession Toyota, une franchise alors inexistante à des kilomètres à la ronde, constituait d’emblée une façon de pleinement s’investir dans leur passion commune, l’automobile, et de combler un vide créé par le départ inexpliqué d’une marque d’automobiles pourtant en pleine ascension.
Pour concrétiser le rêve, ils ont dû surmonter deux obstacles. Il fallait intéresser le constructeur franchiseur et trouver les ressources financières nécessaires pour lancer le chantier. « Mais, la jeunesse dans un contexte d’affaires fait parfois office de décélérant aux yeux des bailleurs de fonds, au même titre que notre inexpérience de gestion de concessions rendait difficile la réceptivité du constructeur », se souvient Gilles Gagnon.
Construire
« Heureusement, mon père, un entrepreneur régional établi, a cru dans le projet. Il a convaincu l’un de ses amis du secteur de l’automobile, un concessionnaire en titre reconnu, mais à la retraite, d’investir dans l’idée. Ces deux partenaires de projet ont vaillamment contribué à ficeler le financement inespéré. Dans la foulée, l’ami de longue date de mon père s’était chargé de persuader Toyota de reconquérir le marché. Une mission bien accomplie. »
« La construction complétée, nous avons ouvert la concession en 1987. »
« Cet associé possédait déjà un lotissement pour édifier la concession. Le site beaucoup plus grand qu’il n’en faut correspondait de plus aux attentes exprimées par le constructeur. La construction complétée, nous avons ouvert la concession en 1987. Trois années plus tard, enrichis de l’enseignement de nos partenaires et mentors et encouragés par la croissance de l’entreprise, nous rachetions, à l’invitation des associés, l’entièreté de l’actionnariat. »
« C’est durant cette période qu’un nouveau fabricant d’automobiles, témoin de notre détermination à bâtir, a émis le souhait de nous rencontrer. Contrairement à l’obtention de notre première franchise qui avait nécessité de convaincre un constructeur, cette fois on venait frapper à notre porte, pour nous confier une bannière. Cette occasion inusitée était particulièrement liée à l’ascendance qu’exerçait l’originalité de notre concession Toyota sur le marché local, un établissement qui avait le vent en poupe en Gaspésie », estime Gilles Gagnon, honoré par la marque de confiance démontrée par le nouveau fabricant.
Démarquer
« Humblement, c’était connu de toute l’industrie régionale, nous disposions d’une importante part de marché des ventes de véhicules avec Gaspé Toyota. Un atout qui, de surcroît, faisait rayonner notre habileté à générer un bon volume de ventes de voitures précisément japonaises dans un monde où les américaines étaient encore reines. C’est cette vitalité qui avait attiré l’attention de Honda, un emblème qui sollicitait notre intérêt à créer le premier établissement de ventes et service d’automobiles du constructeur émergent au Québec sur la péninsule. »
« C’est ainsi que nous avons lancé, en 1992, Gaspé Honda. Nous l’avons fait construire sur une parcelle de l’immense terrain d’origine, un vaste espace qui convenait aux normes de superficie du constructeur. L’édifice s’élevait donc à l’adresse voisine de Gaspé Toyota. Nous avons appliqué à ce nouvel établissement la même recette ayant fait le succès d’implantation de notre enseigne Toyota. Aussi, les deux concessions se démarquaient en offrant un service à la clientèle tout à fait unique dans la région. »
Elles caractérisaient un environnement propice à l’atteinte d’un sommet d’efficacité et de satisfaction, précise Gilles Gagnon. « À cet égard, nous avions mis en place un concept jusque-là peu courant chez nos pairs en Gaspésie, en misant sur la propreté et le rangement des ateliers. Cela peut paraître loufoque aujourd’hui, mais c’était une approche étrangement originale pour l’époque. À cette révolution de garage s’ajoutait aussi l’adoption d’une position reflétant adéquatement la place des femmes dans l’industrie. Nous étions à l’avant-garde du changement, les premiers à prendre le virage en des temps où l’automobile était encore une affaire de gars dans la région. »
Inspirer
« À ces dispositions qui ont plu et nettement marqué notre différence à Gaspé s’est additionné le lancement d’une politique singulière de rétention de clientèle. L’initiative avait permis de constituer une somme discrétionnaire pour aplanir, le cas échéant, un différend avec de rares clients mécontents. Ce geste de bonne volonté réfléchie nous permettait notamment d’éponger une facture contestée au Service, une pratique de fidélisation qui a étendu notre rayonnement. »
« C’est durant cette belle période de croissance que Luc, mon partenaire d’affaires, s’est gravement blessé dans un accident de motoneige, en 1995. Après plus d’un an de convalescence, il a décidé d’abandonner l’aventure. J’ai donc racheté l’actionnariat. Seul propriétaire des deux entreprises pendant plusieurs années, j’ai trouvé en Maxime Reader, un mécanicien et gestionnaire d’expérience, exploitant d’une station-service fermée par la pétrolière, un partenaire de confiance. C’est un fidèle bras droit depuis plus de vingt-et-un ans maintenant. »
« Aussi, les deux concessions se démarquaient en offrant un service à la clientèle tout à fait unique dans la région. »
« Jason Adams et mon neveu Vincent Gagnon-Roy, au sein de l’entreprise depuis respectivement trois et dix ans, forment avec Maxime un trio d’associés estimés par toute l’équipe. Ils expriment la relève d’entreprise. À mon invitation, Vincent, qui a terminé des études universitaires en relations industrielles, se destine à devenir concessionnaire en titre. Il est l’avenir », conclut Gilles Gagnon, qui envisage bientôt de passer le relais.
Gaspé Honda
Gaspé Toyota
