Omicron, les problèmes d’approvisionnement et certaines décisions politiques nuisent aux perspectives de ventes des véhicules neufs.
L’industrie de l’automobile canadienne a amorcé 2002 à peu près de la même manière qu’en 2021, se demandant combien de temps encore le virus de la COVID aura un impact sur les problèmes d’approvisionnement mondiaux, en particulier la pénurie de semi-conducteurs ainsi que d’autres problèmes qui inquiètent les fabricants et les concessions.
« Si vous m’aviez posé la question il y a un an, j’aurais pensé que nous serions un peu plus loin que nous ne le sommes maintenant, mais je pense que nous serons toujours dans ce pétrin en 2022 », a déclaré David Adams, président de Global Automakers of Canada.
Joe McCabe, président et chef de la Direction d’AutoForecast Solutions, a présenté une perspective similaire qui donne à réfléchir. « Nous voyons une année 2022 où tout le monde souffre encore, mais il en est de même partout, pas seulement au Canada », a déclaré M. McCabe. « C’est un phénomène nord-américain. Il s’agit d’une volte-face de six mois dans les conversations de la plupart des gens. »
M. McCabe a déclaré que certains analystes disent que la reprise ne pourrait pas se produire avant la mi-2023 ou même 2024. « Nous espérons une reprise plus tard cette année. Nos prévisions sont basées sur une reprise au 3e trimestre. Si ce n’est pas le cas parce que nous ne voyons aucun signe de reprise, nous continuerons à faire avancer l’aiguille vers le bas. Je dirais que, d’ici juillet 2022, nous serons sortis du bois. Ça va être très fluide cette année. »
La pénurie de semi-conducteurs reste une préoccupation majeure. Cela a entraîné une perte de production d’environ 10 millions de véhicules dans le monde en 2021 et d’environ 220 milliards de dollars de revenus, surtout en Europe et en Amérique du Nord.
La progression d’Omicron suscite de l’inquiétude
David Adams a déclaré que la pénurie de puces électroniques en cours et d’autres problèmes de chaîne d’approvisionnement sont « problématiques » en ce qui concerne les inventaires des concessions. Adams a déclaré que la vraie question sera l’impact sur les ventes de véhicules au début du premier trimestre de 2022, car les gouvernements comme l’Ontario et le Québec exhortent les gens à ne pas sortir et rester à la maison, à moins que ce ne soit absolument nécessaire, pour contrôler la propagation d’Omicron.
« L’avantage, c’est que nous savons en quelque sorte à quoi nous attendre cette année lorsque nous reviendrons à une position de confinement plus stricte », a déclaré David Adams. « Je pense que ce ne sera pas nécessairement une surprise. »
« Confrontés à peu de nouveaux stocks à vendre et disant aux clients qu’il pourrait s’écouler plusieurs mois avant que les commandes soient livrées, les concessions sont anxieuses. »
Les ventes de voitures neuves au Canada en 2021 ont totalisé 1 638 398 exemplaires, une légère augmentation en pourcentage par rapport aux 1 661 560 véhicules de 2020, qui ont diminué de 15,64 % par rapport à l’année précédente lorsque la COVID est devenue une pandémie mondiale.
M. McCabe prévoit une légère augmentation des ventes à 1,77 million de véhicules, en supposant qu’il y ait une « reprise générale » avec une augmentation des stocks et une forte demande des consommateurs par rapport à une offre restreinte.
Confrontés à peu de nouveaux stocks à vendre et disant aux clients qu’il pourrait s’écouler plusieurs mois avant que les commandes soient livrées, les concessions sont anxieuses.
« Je n’ai jamais rien vu de tel et je suis dans l’industrie depuis 1979 », a déclaré Robert Stein, président de Plaza Auto Group, qui possède huit concessions en Ontario. « Chaque jour est un jour différent. Nous connaissons une autre vague maintenant, est-ce que cela va la ralentir ou non ? Nous pensions (en tant qu’industrie) que nous allions commencer à augmenter la production, que, d’ici la mi-2022, nous allions recommencer à voir des stocks et que, d’ici 2023, nous serions de retour. Alors où en sommes-nous, où allons-nous et qu’est-ce qui changera demain ? Ce sont les questions qu’il faut se poser ? »
Vaughn Wyant, président et chef de la Direction du groupe Wyant, qui possède des concessions en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique, a fait écho aux réflexions de M. Stein sur l’incertitude à venir.
« Au moins pendant la majeure partie de 2022, nous seront mis au défi », a-t-il déclaré. « Certains disent que ça s’améliorera un peu au second semestre. C’est peut-être un peu vrai pour certains constructeurs, mais cela ne va pas s’améliorer énormément en 2022 ; et certains constructeurs auront du mal toute l’année. Je pense que c’est en 2023 au plus tôt que nous connaîtrons un certain soulagement à mon avis, et que nous reviendrons à un semblant de normalité en 2024 ou 2025.
Avec une offre restreinte, les concessions se démènent pour trouver des voitures d’occasion à vendre parce que c’est devenu un marché lucratif. Le marché canadien du véhicule d’occasion de gros a terminé avec une série de 21 semaines consécutives de hausse des prix. Les consommateurs s’accrochent à leurs véhicules existants, ce qui met l’accent sur les voitures d’occasion.
La montée en puissance d’Omicron a entraîné l’annulation en décembre de tous les salons de l’auto du Canada pour 2022.
« La montée en puissance d’Omicron a entraîné l’annulation en décembre de tous les salons de l’auto du Canada pour 2022. »
Bien que les organisateurs se soient donné beaucoup de mal pour mettre en place des protocoles de santé et de sécurité, les règlements provinciaux ont imposé des restrictions importantes sur le nombre de personnes pour les événements intérieurs. Une fois que les salons de Québec et de Toronto ont été annulés pour la deuxième année consécutive, les salons de l’Ouest canadien ont emboîté le pas pour la troisième année consécutive.
Les fabricants canadiens s’inquiètent également du plan controversé Build Back Better du président américain Joe Biden, qui offrira des rabais allant jusqu’à 12 500 $ pour les véhicules électriques fabriqués en Amérique, en particulier 4 500 $ pour les voitures construites par les syndicats.
Davis Adams a déclaré que tout le monde dans l’industrie de l’automobile canadienne serait heureux si le projet de loi contenait un crédit de 7 500 $ sans préciser la clause syndicale controversée intégrée aux États-Unis.
La vice-première ministre canadienne, Chrystia Freeland, et la ministre du Commerce, Mary Ng, ont menacé d’imposer des droits de douane aux États-Unis si le projet de loi de Biden allait de l’avant dans sa formule actuelle. Les véhicules construits au Canada totalisent environ 50 % du contenu américain, et plus de 22 milliards de dollars de pièces d’automobiles américaines sont importés par les fabricants canadiens chaque année.
« Cela jette évidemment un pavé dans la mare de l’industrie de l’automobile canadienne si l’intention est que nos fabricants passent également à la construction de véhicules électriques », a déclaré Davis Adams. « Notre marché n’est pas assez grand. Vous dépendez de ce marché américain pour pouvoir fabriquer de grandes usines, et ce désavantage de 12 500 $ ne sera pas une solution viable pour les entreprises qui cherchent à savoir si elles devraient investir dans une installation au Canada ou aux États-Unis pour produire des véhicules électriques. C’est assez évident où ça va aller. »
M. McCabe a déclaré que Joe Biden essaierait de reconfigurer le plan, et que cela pourrait avoir un impact négatif sur le Canada si, par exemple, il y avait un incitatif de 4 500 $ pour tout véhicule construit aux États-Unis par des syndiqués ou non.
« Je pense qu’il y aura des représailles qui auront un impact sur les coûts si une nouvelle forme de projet de loi Biden est adoptée », a-t-il déclaré. « Le Canada est un élément très important de l’économie manufacturière nord-américaine et mondiale grâce à l’automobile. »
Il a déclaré que l’enjeu à long terme consiste à faire du Canada un endroit idéal pour le secteur manufacturier, afin d’aider à compenser les incitatifs fiscaux.
