Il n’est pas facile de regarder vers l’avenir

Nous devrons peut-être nous préparer à payer le prix à court terme avant de réaliser des gains à long terme.

Dire que les dernières années ont été le catalyseur d’une « nouvelle normalité » serait un euphémisme. Il y a tellement d’événements mondiaux différents qui se sont produits depuis 2018, et surtout depuis 2020, et qui ont fusionné. Notre industrie est allée là où elle n’était jamais allée auparavant. À partir d’ingrédients différents qui n’ont aucun rapport les uns avec les autres, nous sommes en quelque sorte censés créer un nouvel avenir. 

Au chapitre de la vente au détail, le commerce de détail de voitures est rapidement devenu un marché de vendeurs. Du point de vue des concessionnaires, la pénurie de véhicules a entraîné une tempête sans précédent, car les véhicules se sont négociés au PDSF et, même, au-dessus, ce qui a généré des profits par véhicule jamais vus depuis un demi-siècle, et même plus. 

Pour certains concessionnaires, le prix de vente des véhicules combiné à des besoins moindres en ressources humaines a ravivé un nouvel engouement pour l’industrie. Les profits ont atteint des sommets sans précédent. Pour d’autres concessionnaires, c’était un signe qu’il était peut-être temps de vendre et de passer à autre chose.   

Alors que l’inflation atteignait des niveaux jamais vus par de nombreux concessionnaires et que les taux d’intérêt augmentaient rapidement, l’intérêt lui-même est redevenu une dépense réelle dans nos profits et pertes. Nos coûts ont augmenté de façon exponentielle sans possibilité de gains de productivité supplémentaires. Tout cela s’était produit au début de la pandémie. 

Les consommateurs ont commencé à réfléchir, certains ont renoncé aux accords de vente conditionnelle, et d’autres se sont éloignés du marché en raison de l’impact négatif sur les flux de trésorerie des ménages. 

La combinaison du prix de vente élevé des véhicules neufs et d’occasion et du versement mensuel beaucoup plus élevé a commencé à s’installer et réduire la demande de véhicules. Les propriétaires qui avaient un prêt hypothécaire à taux variable sont rapidement passés à un prêt à taux fixe. 

Ceux qui n’ont pas réagi assez vite restent encore aujourd’hui sur la touche en attendant de voir combien de temps les pressions financières se poursuivront et misent sur une fin de récession imminente. 

Tout était plus cher. En même temps, le concept de travail a changé pour de nombreux employés et propriétaires d’entreprise. 

Le travail à domicile a pris d’assaut les entreprises canadiennes. Non seulement était-il considéré plus sain, mais il a également servi à contrebalancer l’augmentation du budget des ménages en permettant à nos clients et à nos employés d’adopter de nouvelles tactiques visant à changer les habitudes de dépenses historiques. Ce qui était autrefois une dépense mensuelle s’est rapidement transformé en une économie mensuelle. Les coûts de déplacement, la garde d’enfants, les vacances différées, les économies mensuelles et autres ont donné un nouvel élan à la migration vers le travail à domicile.

Tout cela a été très difficile à avaler en peu de temps, et j’ai l’impression que la tourmente n’est pas encore terminée. Maintenant que 2022 est derrière nous, à quoi pouvons-nous nous attendre en 2023 ?  

J’espère que nous avons appris de cette période difficile pour l’industrie. Je crains cependant que nous ne revenions rapidement à nos vieilles habitudes.    

Avons-nous besoin d’énormes quantités de véhicules qui rouillent sur nos terrains ? Les constructeurs doivent-ils maintenir les usines d’assemblage à pleine capacité pour produire des véhicules dont les consommateurs n’ont pas besoin dans l’immédiat ? Pouvons-nous mieux faire correspondre l’offre à la demande pour tirer parti du nouvel équilibre financier que nous venons de vivre ? 

Que je sache, ce ne sont pas seulement les concessionnaires qui ont vu leurs profits monter en flèche. Il en est de même des constructeurs. 

Le commerce de détail d’automobiles et le commerce de détail en général fonctionnent par part de marché. Les constructeurs et les concessionnaires tentent d’augmenter leur part de marché depuis des décennies. Cela se poursuivra-t-il ou allons-nous tous nous concentrer sur la croissance rentable plutôt que sur la croissance unitaire à tout prix ? 

À titre de concessionnaires, l’augmentation de la part de marché a un effet à court terme sur les bénéfices en F et A plus élevés et un effet à long terme sur l’augmentation des opérations fixes à marge élevée. Ce n’est pas si mal, à condition de ne pas tout donner dès le départ. 

J’espère que nous avons appris que, si nous avons le produit que les consommateurs veulent, qu’il soit neuf ou usagé, nous n’avons pas à le donner pour préserver les bénéfices fixes des opérations. Je crois que beaucoup d’entre nous ont appris une meilleure façon de garder nos clients heureux et satisfaits tout en réalisant le genre de profits que nos risques commerciaux et nos investissements méritent. 

Cela m’amène à l’électrification. Je crois que cette initiative est largement motivée par la politique gouvernementale plutôt que par la demande des consommateurs. Bien sûr, beaucoup d’entre nous sont préoccupés par les changements climatiques et l’environnement que nous laissons aux générations futures. Je crois fermement que les véhicules alternatifs ont leur place dans notre gamme de produits. Je comprends également que les constructeurs ont besoin d’un minimum d’activité du côté des véhicules pour donner du sens aux coûts de production. 

Mais dans un avenir prévisible, sans le soutien financier du gouvernement, de nombreux consommateurs resteront à l’écart du coût d’acquisition élevé perçu. Cela crée de l’incertitude dans l’esprit de certains concessionnaires, à qui on demande d’augmenter leurs investissements dans une approche « Field of Dreams ». 

Cela crée également des différences géographiques dans l’approche de vente au détail et la gestion des stocks d’un concessionnaire. Tous les marchés ne fonctionnent pas de la même manière. Tous les marchés ne disposeront pas de l’infrastructure nécessaire pour soutenir l’électrification des véhicules. 

Les logements résidentiels multiurbains, par exemple, posent de sérieux problèmes. Dans certains cas, des bâtiments entiers doivent être rénovés à un coût énorme, et ce ne sont pas tous les propriétaires ou les locataires qui veulent ou peuvent absorber des coûts d’acquisition accrus. 

Le concept selon lequel chaque maison devient une station de recharge semble génial, mais un pourcentage très élevé de bâtiments ne peut pas être facilement converti. L’histoire pourra démontrer qu’il ne s’agissait que de problèmes de croissance pour arriver là où nous devons arriver en tant que société.  

J’ai l’impression qu’il faudra au moins une décennie pour que cela se concrétise. En attendant, qui réagira le premier ? Le consommateur, le concessionnaire, le constructeur ou le gouvernement ? Quelqu’un va se retrouver à tenir le sac pendant que les autres rattrapent leur retard ou ne changent pas du tout. 

Il n’est pas facile de se tourner vers l’avenir. Les manuels devront être réécrits, et la coopération, le partenariat et le bon sens seront nécessaires. Un plan d’affaires solide où toutes les parties partagent la croissance, fondé sur la réalité et des principes d’affaires solides, est nécessaire. 

Tout le monde ne réussira pas, et tout le monde ne progressera pas dans la même direction au même rythme. Enfin, les choses pourraient être différentes. Peut-être paierons-nous le prix à court terme avant de produire un gain à long terme. 

Cela pourrait être le mauvais ou le vrai chemin vers l’avenir. Une chose est sûre, cela prendra probablement plus de temps que prévu. Comme je l’ai dit, il n’est pas facile de regarder vers l’avenir.

About Charles Seguin

Chuck Seguin est président de Seguin Advisory Services, une société-conseil qui aide les concessionnaires d’automobiles à réussir en leur fournissant des points de vue et des services indépendants confidentiels conçus pour répondre aux multiples décisions auxquelles sont confrontés les directeurs des concessions. On peut le joindre au (416)565-9493 et par courriel à cs@seguinadvisory.ca.

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