Une année en montagnes russes
Notre aperçu annuel des constructeurs qui ont pris un bon départ et de ceux qui sont à la traîne
Les périodes d’instabilité et d’imprévisibilité étaient plutôt rares dans le paysage automobile mondial. Pensez au choc pétrolier des années 1970, à l’effondrement de l’économie en 2008 ou au tsunami de 2011 qui a particulièrement mis à l’épreuve les constructeurs japonais. Pourtant, pour les constructeurs et leur réseau de concessions, cette instabilité relativement rare commence à devenir plus fréquente, et les complications qui en découlent obligent à prendre des décisions difficiles avec trop peu d’information.
De mémoire, la génération actuelle a-t-elle connu une période d’imprévisibilité aussi prolongée que celle que nous avons vécue au cours des trois dernières années ? D’abord, la demande a disparu. Ensuite, les incitatifs ont coulé librement. La demande est reapparue, l’offre a atteint une limite à mesure que les incitatifs disparaissaient, les prix augmentaient et les stocks continuaient d’être difficiles à trouver. Les taux d’intérêt ont monté en flèche appuyés par la flambée des prix du carburant, mais la demande a continué à être plus forte que l’offre.
Cela nous a amenés à la fin du 1er semestre de 2023, au cours duquel le volume des ventes d’automobiles canadiennes de janvier à juin (à ne pas confondre avec les revenus ou les bénéfices) a augmenté d’environ 9 % par rapport aux niveaux relativement faibles de 2022. Mais comment chaque constructeur d’automobiles s’en est-il sorti ? Leurs résultats sont radicalement différents, nous les avons donc tous notés dans notre propre bulletin.
ACURA : B-
La renaissance de l’Integra à titre de voiture d’entrée de gamme chez Acura suscite beaucoup d’attention dans les médias automobiles, mais ce sont les multisegments de la marque qui doivent continuer à faire le gros du travail. L’Integra fait partie de la gamme de voitures Acura qui ont perdu plus de 20 % de leurs ventes jusqu’à présent cette année ; l’Integra ne compte que pour 10 % des ventes des véhicules de la marque au Canada. Les ventes totales d’Acura au 1er semestre ont augmenté de 3 % pour atteindre 5 955 véhicules.
AUDI : B+
Aucune marque haut de gamme traditionnelle n’a vendu plus de véhicules au Canada cette année qu’Audi qui a dominé le palmarès des ventes des marques de luxe en 2022 pour la première fois. Les 16 386 ventes d’Audi représentent une hausse de 10 % sur l’an dernier. Audi Canada génère plus du tiers de ses ventes avec le multisegment Q5, son meilleur vendeur.
BMW : B
Avec l’i4 entièrement électrique qui se vend désormais plus que la Série 3 du côté des voitures (avec 998 ventes jusqu’en juin), la division automobile de BMW a enregistré une croissance annuelle de 24 % au 1er semestre. La vaste gamme de véhicules utilitaires X de la marque génère en réalité deux fois plus de ventes que les voitures BMW, principalement grâce aux X3, X5 et X1.
(FCA) STELLANTIS : C
Malgré la croissance du modèle n° 1 de la société, la camionnette Ram, les efforts canadiens de Stellantis ont entraîné une baisse des ventes au 1er semestre. La baisse globale de 1 % résulte, en grande partie, des fortes baisses chez Jeep, où le Compass, le Gladiator, le Grand Cherokee, le Wagoneer, le Renegade et le Wrangler ont tous signalé des pertes en pourcentage à deux chiffres. Les produits de Stellantis fabriqués au Canada ont représenté 9 947 des 89 001 ventes du constructeur d’automobiles au 1er semestre.
FORD : ND
Ford Motor Company continue de publier des rapports de ventes cohérents et spécifiques à chaque modèle aux États-Unis. Cependant, la division canadienne persiste à ne pas publier ses rapports mensuels et trimestriels. Il y a un an, 15 % des ventes d’automobiles au Canada provenaient de Ford et de Lincoln.
GENERAL MOTORS : A+
Étant donné que Ford ne publie aucun rapport, General Motors occupait le premier rang du classement des ventes d’automobiles au Canada au début de 2023. Il s’agissait d’un bon 1er semestre pour GM qui a bondi de 16 % pour atteindre 127 561 ventes en raison d’importantes améliorations apportées à ses quatre marques. Ça ne représente que 4 % de moins que le rythme prépandémie de 2019.
GENESIS : A
Alors que les chiffres restent faibles par rapport à la concurrence de luxe allemande et japonaise, Genesis connaît une croissance constante. Menées par le GV70, les ventes au 1er semestre ont augmenté de 18 % à 3 207 exemplaires. Cela place Genesis à la hauteur d’Infiniti et de Land Rover, et ce, même si elle connaîtra très probablement une croissance plus importante à court terme.
HONDA : B+
Le réveil postpandémie s’est révélé remarquablement difficile pour Honda qui a terminé l’année civile 2022 avec 80 000 ventes de moins qu’en 2019. Rarement en danger de connaître des stocks trop importants, Honda fait maintenant clairement face à la crise de la chaîne d’approvisionnement. Après avoir perdu le titre de la voiture la plus vendue depuis des années en 2022, la Civic a repris la tête du côté des voitures (à peine), et le CR-V, le plus vendu de la marque, a bondi de 36 % au 1er semestre. Les ventes totales de Honda ont atteint 52 339 véhicules au cours des six premiers mois de l’année.
HYUNDAI : D
Même si les marques de ses partenaires, Genesis et Kia, évoluent dans la bonne direction, la baisse de 8 % de Hyundai entre janvier et juin était nettement inférieure à la norme du secteur. Les principales difficultés de Hyundai au 1er semestre provenaient des voitures de la marque (collectivement en baisse de 20 % par rapport à l’an dernier), de l’Ioniq 5 et du Kona, qui est en train de passer à la 2e génération. Hyundai a vendu 55 596 véhicules entre janvier et juin ; il s’agit d’un recul de 14 % sur le rythme de 2019. Hyundai a également vendu ses 645 premiers exemplaires de l’Ioniq 6 au 2e trimestre.
INFINITI : B
La division haut de gamme de Nissan n’a jamais tout à fait obtenu le succès de ses pairs japonais, Lexus et Acura. Infiniti a souvent un ou deux produits qui fonctionnent bien, mais ce n’est pas le cas dans l’ensemble de la gamme. À l’heure actuelle, le VUS QX60 à 3 rangées de sièges est clairement l’acteur principal de la marque — il représente 56 % des 3 363 ventes d’Infiniti depuis le début de l’année en raison d’une augmentation de 84 % par rapport à l’an dernier. Le volume d’Infiniti au 1er semestre a augmenté de 20 %.
JAGUAR : C
L’amélioration de 30% des ventes de Jaguar au 1er semestre 2023 est assombrie par la rareté des Jaguar réellement vendues. Avec 429 exemplaires du F-Pace (ainsi que 134 autres modèles de Jaguar), la marque n’atteindra pas la rentabilité à court terme. Cela équivaut à environ trois ventes par mois pour chacune des concessions canadiennes de Jaguar.
KIA : A+
Non seulement Kia se développe-t-elle à un rythme extrêmement agressif par rapport à l’an dernier, mais ses véhicules se vendent également à un rythme plus rapide qu’avant la pandémie. Par comparaison avec l’an dernier, les ventes ont augmenté de 30 % pour atteindre 42 949 véhicules, ce qui représente une amélioration de 12 % par rapport à 2019. Les ventes du Telluride ont doublé cette année, le Seltos est le vendeur n° 1 de Kia et le leader de son segment, et la Forte progresse, alors que son segment recule.
LAND ROVER : A
Le partenaire de Land Rover, Jaguar, peut présenter des chiffres fractionnaires, mais Land Rover opère à un niveau beaucoup plus élevé. Incidemment, le best-seller actuel de Land Rover est le Range Rover, le modèle-amiral de la marque, dont les ventes ont bondi de 273 % par rapport à l’an dernier. Le volume total de Land Rover a augmenté de 44 % cette année pour atteindre 3 733 véhicules, soit près de 7 fois le volume de son partenaire Jaguar.
LEXUS : A
Lexus s’est progressivement hissée au sommet du palmarès des ventes de véhicules haut de gamme en raison de la solidité et de la durabilité des deux principaux multisegments de la marque : le RX et le NX. Pas moins de 11 817 des 16 245 véhicules Lexus vendus au Canada au cours du 1er semestre de 2023 – soit 73 % – étaient une variante ou une autre des RX et NX. Ce résultat fait en sorte que Lexus ne dépasse Audi que de 141 véhicules en volume depuis le début de l’année. En 2019, Mercedes-Benz, alors leader du côté des marques haut de gamme, dépassait Lexus par plus de 1 200 véhicules par mois.
MASERATI : A-
Maserati est clairement un acteur de niche sur le marché des véhicules haut de gamme canadiens, mais il n’en sera jamais autrement. C’est l’intention. Pourtant, le volume du 1er semestre 2023 a augmenté de 66 % en raison de l’arrivée du véhicule utilitaire Grecale, qui représente désormais les trois quarts des 533 ventes de la marque depuis le début de l’année.
MAZDA : B
Comme Mazda ne génère plus l’essentiel de ses ventes avec la Mazda3, autrefois dominante, les multisegments assument désormais le poids de la production d’un volume quantifiable pour Mazda. Les ventes de Mazda ont augmenté de 7 % au 1er semestre pour atteindre 28 265 véhicules – devant Volkswagen mais derrière Jeep – avec un modeste coup de pouce du CX-9 qui remplace le CX-90. Quelque 1 066 CX-90 ont été vendus au 2e trimestre ; les ventes du Mazda à 3 rangées de sièges au 2e trimestre ont augmenté de 55 %.
MERCEDES-BENZ : C
Le volume de ventes établit-il un réel leadership dans un secteur qui privilégie l’exclusivité ? Quelle que soit l’impression qu’elle laisse, Mercedes-Benz s’est révélée l’un des meilleurs vendeurs de véhicules haut de gamme au Canada. Aujourd’hui, avec 13 729 ventes depuis le début de l’année, Mercedes-Benz se place derrière Audi, Lexus et BMW. Mais attention ! La marque bénéficie également de 3 180 ventes provenant de ses deux marques de fourgons commerciaux. Pour ce qui est de la division voitures/VUS, Mercedes-Benz Canada accuse un retard de 29 % sur le rythme de la première moitié de 2019.
MINI : A
La division britannique des petites voitures de BMW a enregistré une amélioration impressionnante de 38 % par comparaison avec l’an dernier avec 2 328 exemplaires vendus à la fin du mois de juin. C’est encore bien en deçà des niveaux prépandémie, mais l’augmentation marquée est néanmoins remarquable. MINI affirme que les ventes de ses modèles électrifiés au 2e trimestre ont en fait bondi de 66 %.
MITSUBISHI : A+
Parmi les marques d’automobiles qui vendent au moins 2 000 véhicules par mois, aucune n’affiche une croissance plus importante par rapport à l’an dernier que Mitsubishi. Maintenant apparenté au Nissan Rogue, l’Outlander a vu ses ventes plus que doubler au 1er semestre pour atteindre 9 643 exemplaires, ce qui a poussé le volume de Mitsubishi à augmenter de 42 % pour atteindre 17 873 véhicules cette année.
NISSAN : B
Bien loin du rythme du 1er semestre prépandémie qui a vu Nissan enregistrer 65 959 ventes entre janvier et juin 2019, Nissan est sur la voie de la reprise postpandémie au Canada. Les ventes du 1er semestre 2023 ont augmenté de 10 %, mais à seulement 44 417 véhicules au total. Les pertes enregistrées par le Kicks et le Qashqai, deux points d’entrée clés dans la catégorie des multisegments pour Nissan, posent le plus gros problème. Le duo a perdu près de 3 800 ventes en seulement 6 mois.
PORSCHE : A
D’une part, la progression de Porsche à 5 602 ventes au 1er semestre 2023 signifie que la marque allemande emblématique suit simplement le rythme du marché. D’autre part, grâce principalement à une hausse de 33 % des ventes de son Macan, le plus vendu, Porsche Canada se dirige vers ses meilleurs résultats annuels à ce jour.
SUBARU : B+
La vitesse à laquelle Subaru est passée d’un joueur souvent ignoré à un concurrent multisegment grand public mérite toujours d’être mentionnée. Avant la Grande Récession, en 2007, Subaru Canada vendait 16 504 véhicules. Au cours du 1er semestre de 2023, période qui n’est pas particulièrement positive pour l’industrie dans son ensemble, Subaru a déjà vendu 24 894 véhicules.
TOYOTA : C+
Toyota possède une gamme de véhicules très large ; elle n’est pas une marque qui peut facilement être résumée avec une seule note. Le volume de Toyota à l’échelle de la marque a diminué de 1 % en 2023, avec de fortes baisses (plus de 10 %) du côté de la Camry, de la Corolla, de la Prius, du 4Runner, de la Sienna, du Venza et de la 86. Cela ne change rien au fait que Toyota vend toujours plus de véhicules que toute autre marque individuelle, à l’exception de Ford qui ne publie aucun rapport. Le total de Toyota au 1er semestre s’élève à 91 283 véhicules, ce qui est plus que Nissan, Mazda et Mitsubishi réunies.
VOLKSWAGEN : A
Il a fallu beaucoup trop de temps à Volkswagen pour devenir un acteur majeur dans les segments des VUS grand public en Amérique du Nord. Maintenant que l’entreprise présente un trio de prétendants importants – Tiguan, Atlas, Taos – les « camions légers » de la marque comptent pour 8 ventes sur 10 de Volkswagen Canada. Pas plus tard qu’en 2018, ce chiffre n’était que de 3 sur 10. Combinées aux options limitées de voitures restantes de la marque, les ventes de Volkswagen ont bondi de 19 % à 26 273 véhicules au 1er semestre 2023.
VOLVO : B-
La croissance de 9 % de Volvo en 2023 (à 5 656 véhicules) suit parfaitement le rythme de l’ensemble du marché. Volvo se trouve sur un terrain d’entente difficile aux côtés d’Acura à titre de joueur de milieu de gamme qui ne peut pas tout à fait réclamer le statut haut de gamme. La concurrence est féroce : Audi et Lexus vendent presque 3 fois plus de véhicules que Volvo. Volvo, quant à elle, vend près de 2 fois plus de véhicules que Genesis.