À quoi ressemblera la profitabilité des concessions d’automobiles pour l’année qui vient ? Déjà que 2023 présentait son lot de défis, l’année 2024 risque d’être encore plus houleuse pour l’industrie. Voyons ça de plus près.
Grâce au retour des inventaires dans la cour des concessions, ce qui comble ainsi les demandes refoulées pendant la pandémie, l’industrie de l’automobile au Canada a enregistré une hausse substantielle des ventes de véhicules neufs de près de 12 % en 2023. Foi de DesRosiers Automotive Consultants qui fait part de ces données, un tel bond ne s’était pas vu depuis l’année 1997.
Des pertes de profitabilité
Malgré cette bonne nouvelle, tous ceux et toutes celles qui gravitent dans l’univers automobile savent très bien que ce n’est pas le moment de sortir les flûtes et les trompettes. Certes, les ventes ont bondi, mais les marges de profitabilité des concessions, elles, ont accusé un recul significatif en 2023.
Selon les données recueillies par nos équipes dans tout le pays, la profitabilité sur les véhicules neufs a diminué d’au moins 26 % entre 2022 et 2023. Et ce n’est guère mieux pour les véhicules d’occasion dont les marges bénéficiaires ont reculé de 29 %.
Ces replis considérables s’expliquent, entre autres, par les chutes de profits dans certains départements. Selon nos données, les profits liés à la vente de produits de F & A pour véhicules neufs ont fondu de 34 % entre 2022 et 2023. Ce recul atteint même les 42 % au chapitre des produits de F & A liés aux ventes de véhicules d’occasion.
« La profitabilité sur les véhicules neufs a diminué d’au moins 26 % entre 2022 et 2023. Et ce n’est guère mieux pour les véhicules d’occasion dont les marges bénéficiaires ont reculé de 29 %. »
S’ajoutent également les autres dépenses, comme les coûts d’exploitation des concessions (salaires de la main-d’œuvre, pièces, assurances, taxes municipales, etc.) qui ont explosé au cours des deux dernières années.
D’autres obstacles en vue
Et s’il n’y avait que ces obstacles à surmonter. L’augmentation marquée du prix des véhicules (près de 30 % pour l’ensemble des marques) et les hausses du taux directeur (qui, rappelons-le, est passé de 0,25 % à 5 % en moins de 18 mois) commencent à inciter les consommateurs à modifier leur comportement d’achat.
Au cours des derniers mois, nous avons justement observé une pression sur les ventes de véhicules de luxe haut de gamme. Au Québec, le consommateur moyen magasine d’abord un prix mensuel. Par conséquent, les consommateurs tendent à délaisser les marques haut de gamme pour privilégier des modèles plus accessibles, même si leurs prix ont, eux aussi, fortement augmenté.
Autre constat défavorable à l’égard de la profitabilité : l’augmentation des inventaires dans la cour des concessions. Au cours du 3e trimestre 2023, le taux de roulement des véhicules a dépassé les 70 jours. Il était à moins d’une quarantaine de jours il y a deux ans. Et cette augmentation ne semble pas vouloir diminuer pour l’année qui vient.
La demande de VÉ s’affaiblit
Cette augmentation du nombre de jours des inventaires est largement attribuable à l’accumulation des véhicules électriques (VÉ) ou hybrides dans le stationnement des concessions. Les modèles de VÉ, pour la plupart, affichent actuellement une moyenne de 73 jours ou plus. À titre de comparaison, le taux de roulement des véhicules à moteur à essence demeure encore sous la barre des 65 jours.
Plusieurs fabricants ont investi massivement dans les modèles électriques. En 2024, au moins 40 % des fabricants comptaient 10 modèles ou plus de VÉ ou hybrides au sein de leur catalogue. Or, l’année 2023 s’est soldée par une demande plus faible en rapport avec l’offre du marché. Les fabricants Ford et GM, par exemple, éprouvent plus des difficultés à écouler leurs stocks. Même chose pour le fabricant allemand Mercedes-Benz.
Il semble que, après la vague des « early adopters » de VÉ, les 2e et 3e classes d’acheteurs soient devenues plus hésitantes à emboîter le pas vers l’électrique. Plusieurs consommateurs doutent de la fiabilité des véhicules et des promesses faites par les fabricants. De plus, les prix demeurent élevés.
Et maintenant ?
Maintenant, la question est de savoir comment réussir à vendre des véhicules dans un marché malmené par l’économie. Comment retrouver une saine profitabilité sans trop y laisser des plumes ? Les concessionnaires qui détiennent une bonne connaissance de leurs forces et, surtout, de leurs faiblesses parviendront à mieux traverser la tempête qui vient. Les crises ont toujours été porteuses de bonnes occasions d’affaires pour ceux et celles qui font preuve de souplesse.
À ce propos, il est fort probable que les consommateurs prolongeront la durée de possession de leur véhicule actuel en attendant le retour de meilleurs prix. Dans un tel cas, avoir un département de Pièces et Service qui se distingue de la concurrence aider à faire une différence.