DesRosiers : Le marché des véhicules neufs pourrait chuter de 400 000 exemplaires ou plus

Jamais à court de mots, l’analyste automobile le plus connu au Canada, Dennis DesRosiers, a déclaré qu’il avait du mal à prévoir avec précision l’impact économique du virus COVID-19, et plus particulièrement sur la façon dont il affectera l’emploi dans le secteur et les ventes de véhicules. Il a mentionné qu’il s’agira d’une baisse marquée, avec 400 000 véhicules neufs de moins vendus cette année. Mais le portrait est beaucoup plus complexe que les simples ventes de véhicules.

« La question fondamentale entourant l’impact lié à la COVID-19 à laquelle tout le monde voudrait une réponse, c’est que nous ne savons pas à quel point ni combien de temps le virus affectera l’économie », a déclaré Dennis DesRosiers, président de DesRosiers Consultants automobiles (DAC).

M. DesRosiers a déclaré que son modèle actuel tente de calculer l’impact sur une base hebdomadaire. « J’essaie de trouver le nombre de véhicules et le nombre d’emplois touchés par semaine », a-t-il dit. « Alors, vous pouvez partir de là. Si vous croyez que les effets se feront sentir durant 10 semaines, et nous sommes déjà dans notre troisième semaine, alors vous prenez mes chiffres et vous les multipliez par 10.

« Bien que nous soyons fermés, en termes de société, appelez ça la distanciation sociale, l’isolement ou le confinement à la maison — l’industrie de l’automobile connaîtra une baisse dans les 70 à 80 % », ajoute M. DesRosiers. « Sur une base annuelle, cela signifie que l’industrie aura perdu entre 20 et 30 % de son marché. Sur la base des véhicules neufs, nous sommes dans les 400 000 exemplaires si cela dure entre 10 et 12 semaines complètes.

Il a également dit que les plus pessimistes devront multiplier les nombres hebdomadaires par 20.

« La communauté des analystes n’a jamais prévu un tel degré d’effondrement. La plupart d’entre nous pensaient que nous avions atteint un pic, et que les deux dernières années avaient été modérées ; il s’agissait d’un ralentissement gérable, en baisse de 3 ou 4 % au cours des deux dernières années. Personne ne pensait que le marché s’effondrerait comme il l’a fait », a déclaré M. DesRosiers. « Cela a rendu les prévisions difficiles, ça ne fait aucun doute. »

Dennis DesRosiers a indiqué que le facteur critique qui motive les ventes de véhicules neufs et d’occasion dans les industries de l’après-marché et de la réparation c’est le nombre de kilomètres parcourus. Comme les Canadiens sont confinés à la maison, l’utilisation des véhicules a chuté de façon spectaculaire. « Le nombre de kilomètres parcourus au Canada et dans toute l’Amérique du Nord a baissé de façon radicale », a-t-il mentionné.

Les Canadiens parcourent habituellement entre 500 et 600 kilomètres par semaine ; au cours des dernières semaines, ce nombre est tombé à moins de 100 kilomètres par semaine. « Quand vous ne conduisez pas votre véhicule, vous n’avez pas besoin de le faire réparer, vous ne l’usez pas, il ne devient pas moins sain mécaniquement, vous n’avez pas à aller dans l’après-marché pour l’entretien et vous n’êtes pas dans le marché des véhicules d’occasion pour se débarrasser de votre véhicule ou en acheter un neuf », a-t-il dit.

M. DesRosiers a indiqué que, comme les Canadiens ne conduisent pas pendant cette période de pandémie, la demande de ventes de véhicules perdue au cours de cette période ne sera pas récupérée, et l’état des véhicules ne se dégradera pas.

M. DesRosiers a déclaré que, au cours d’une crise économique, les politiciens ont tendance à se concentrer sur les 200 000 emplois manufacturiers dans le secteur de l’automobile, mais ils ont tendance à négliger les 600 000 ou 700 000 autres emplois dans l’industrie — les ventes, les services et le financement des véhicules par exemple.

L’impact de la baisse des kilomètres parcourus affectera considérablement ces plus de 600 000 emplois, a-t-il dit.

M. DesRosiers a déclaré que, même si l’on s’est beaucoup concentré sur l’impact de la pandémie sur des industries comme les croisières, les restaurants et les hôtels, le secteur de l’automobile est plus important. « Pour bien comprendre à quel point la pandémie est dévastatrice pour ces catégories d’industrie, le secteur de l’automobile, qu’on le veuille ou non, nous entraîne probablement dans des difficultés économiques dont il faudra nous sortir. »

Un autre facteur se dessine : il faut savoir si l’attitude des Canadiens à l’égard des véhicules à usage personnel a changé. « Qui voudrait entrer dans un véhicule Uber ou un véhicule Lyft ou même prendre le bus ou le métro ou tout autre transport en commun. Vous vous demandez sans doute pourquoi quelqu’un voudrait faire cela.

Dennis DesRosiers a dit s’attendre, du moins dans un proche avenir, à ce que la demande d’auto-partage diminue. « Il y aura beaucoup d’inquiétude chez les Canadiens et les Américains ordinaires qui ne veulent pas se débarrasser de leur transport privé », a-t-il dit, ajoutant que plus de gens voudront être certains que le véhicule est propre et voudront savoir qui l’a utilisé auparavant.

Il y a quand même une certaine demande malgré tout

M. DesRosiers a déclaré que, même si l’économie est en forte baisse, il reste quelques groupes qui devront encore être actifs sur le marché des véhicules neufs ou d’occasion. Cela comprend les 600 000 Canadiens dont le bail de location vient à échéance cette année.

« Il est très difficile de prolonger un bail, a dit M. DesRosiers. « À la fin de leur bail, ces 600 000 consommateurs sont dans une situation difficile. Si votre bail vient à échéance cette semaine, que cela vous plaise ou non, vous devez changer de véhicule. Vous êtes sans transport. Vous ne pouvez même pas aller à l’épicerie », a déclaré M. DesRosiers.

D’autres groupes comprennent ceux dont les véhicules sont endommagés dans des accidents ou sont mis à la casse. « Ces consommateurs sont dans une situation très difficile, a déclaré M. DesRosiers. « S’ils ne le remplacent pas, ils n’ont pas de moyen de transport personnel. »

M. DesRosiers a dit qu’il espère que la société et notre industrie tireront des leçons de cette pandémie et qu’elles seront mieux préparées la prochaine fois.

Il s’attend également à ce que les concessionnaires repoussent toute initiative d’investissement comme l’amélioration du programme d’image du constructeur pendant cette période difficile.

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