Des mesures de relance plus que jamais requises

Le Canada est sur la voie d’un rétablissement lent et fragile, alors même que la pandémie se poursuit. Des mesures de relance seront nécessaires pour accélérer cette reprise et protéger l’économie.

Malgré quelques mois de réouverture économique progressive et des signes positifs de reprise, nous naviguons toujours en territoire inconnu.

Au moment d’écrire ces lignes, le gouvernement fédéral a publié un instantané financier d’après-crise illustrant un état des finances du pays plus sobre mais très attendu.

Le déficit fédéral devrait atteindre 343 milliards de dollars au cours de la période financière 2020-2021, ce qui en fait le déficit le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale. La dette globale du gouvernement fédéral a atteint 1 billion de dollars. Les économistes prévoient que l’économie se contractera de près de 7 % cette année, et que le chômage devrait rester à des niveaux plus élevés qu’avant la pandémie, et ce, pendant de nombreuses années.

Dans des circonstances normales, ces énormes déficits et ces niveaux d’endettement seraient très préoccupants pour une économie comme celle du Canada. Cependant, la COVID-19 est un tout nouvel élément dans l’équation.

Ce n’est un secret pour personne, mais les gouvernements ont déployé des mesures de relance budgétaire et monétaire massives qui ont atténué l’impact de la pandémie sur l’économie, protégé des emplois clés et aidé les entreprises à survivre au cours des deux derniers mois.

De plus, il y a un semblant de retour à la normale sur les marchés : les entreprises et les concessions rouvrent, la production reprend de plus belle et, plus important encore, les consommateurs dépensent à nouveau. Les dépenses de consommation sont en constante évolution partout au pays, à mesure que l’activité économique redémarre et qu’un plus grand nombre de Canadiens retournent au travail. La performance de l’économie globale en mai et en juin indique que le pire est derrière nous.

Ceci dit, nous ne sommes pas encore sortis du bois. Les experts et les économistes s’entendent pour dire que la reprise sera lente et inégale dans l’ensemble du Canada. L’incertitude entourant le risque d’une deuxième vague exercerait des pressions supplémentaires sur la production et la consommation. De plus, les risques baissiers persistent au Canada, en particulier compte tenu de la résurgence rapide des cas de COVID-19 aux États-Unis et des nouvelles tensions commerciales avec les États-Unis découlant de la menace de nouveaux droits de douane sur l’acier et l’aluminium par l’administration Trump. Il va sans dire que l’incertitude assombrit l’horizon et que la reprise économique au Canada est fragile et instable.

Les dépenses de consommation sont en constante évolution partout au pays, à mesure que l’activité économique redémarre et qu’un plus grand nombre de Canadiens retournent au travail.

Même si, en général, le Canada a réussi à contenir le virus, nous ne pouvons ignorer la tempête qui s’est abattue sur nous. Nous sommes, pour dire les choses franchement, trop petits et trop dépendants de la demande des États-Unis — maintenant en crise — pour être à l’abri des défis auxquels ils sont confrontés.

L’augmentation du nombre de nouveaux cas et le fait que la réponse sanitaire à cette crise ont été politisées aux États-Unis créeront de forts vents contraires à la reprise et à la croissance au Canada. Par conséquent, il serait nécessaire, si la situation se détériore davantage, que le gouvernement fédéral intervienne à nouveau pour soutenir l’économie.

Il est tout aussi important pour le gouvernement fédéral d’introduire rapidement un plan de relance solide pour accélérer la reprise et protéger notre économie des répercussions de la crise sanitaire persistante au sud de la frontière.

Le niveau actuel des dépenses publiques ne devrait pas être un obstacle à une nouvelle intervention du gouvernement. Les taux d’intérêt demeurent historiquement bas, et le gouvernement fédéral dispose de suffisamment de marge financière pour influer efficacement sur la trajectoire de notre économie après la crise.

Bien qu’il soit encourageant de constater que le gouvernement fédéral a alloué plus de fonds et de ressources pour appuyer la prolongation et l’expansion de programmes comme le programme de subventions salariales, et qu’il ait indiqué qu’un plan de relance était en préparation pour l’automne, le temps presse. Des mesures de relance sont nécessaires dès maintenant pour de nombreux secteurs clés de l’économie, y compris le secteur de l’automobile.

Pour sauver des emplois et injecter des mesures de relance indispensables dans une industrie ébranlée par un manque fondamental de confiance des consommateurs, le gouvernement fédéral doit compléter son plan de relance par des mesures visant à encourager l’achat de véhicules au Canada.

Une relance complète et ciblée du secteur de l’automobile peut inclure des mesures comme un programme national de mise à la casse qui catalyserait les ventes de véhicules après la crise, soutiendrait les concessions ainsi que les constructeurs d’automobiles et stimulerait l’économie.

Nous sommes à un tournant de notre histoire et nous exigeons des mesures sans précédent. Les mesures prises aujourd’hui façonneront l’avenir. L’engagement des gouvernements à gérer efficacement les dépenses est admirable et très important pour la prospérité à long terme de notre pays. Mais pour parvenir à un long terme prospère, nous devons être prêts à prendre des mesures de court terme que nous n’avions pas prévues.

Résister à la tempête économique actuelle pourrait bien exiger plus de souplesse qu’une approche dogmatique de la politique budgétaire ne le permettra.

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