DES FEMMES QUI ONT VRAIMENT FAIT LEUR MARQUE
Affaires automobiles s’est entretenu avec des femmes qui ont vraiment fait leur marque dans le monde de la vente d’automobiles.
Dans le secteur de l’automobile, il est souvent très facile pour nous de dire : il a fait ceci ou il a fait cela. La perception est la suivante : l’industrie de l’automobile et les industries connexes qui font de la vente et du service constituent un environnement majoritairement masculin. Cependant, comme vous le verrez dans cette édition du magazine, les femmes commencent à faire sentir leur présence, et leur nombre croît sans cesse. Dans cette édition, nous avons parlé à quatre femmes qui ont été des pionnières dans l’entreprise, des femmes établies qui supervisent également l’exploitation de certaines des concessions de voitures neuves les plus prospères du pays. Pour citer une certaine émission de télévision, c’est leur histoire !
ÉTHIQUE DE TRAVAIL
Natacha Méthot, directrice générale de Méthot Chevrolet Buick GMC, à Victoriaville, au Québec, a toujours été dans le domaine de l’automobile; son père, Pierre, s’était déjà lui-même illustré comme concessionnaire reconnu avec une carrière d’une quarantaine d’années. Néanmoins, comme elle le dit à juste titre, « avoir passé sa vie dans l’industrie ne signifie pas nécessairement que vous en développerez une passion. » Toutefois, en bonne Méthot qu’elle était, il était assez évident qu’elle aimait les voitures et que, le moment venu, si elle embrassait une carrière, ce serait la vente d’automobiles.
Même si ça peut faciliter les choses d’être dans l’entreprise familiale, Mme Méthot est parvenue là où elle devait arriver grâce à ses qualités, et le fait d’être une femme dans un domaine encore largement dominé par les hommes s’est révélé difficile à certains moments. « Je pense qu’il est très important d’avoir une attitude positive », dit-elle.
« On a encore des préjugés, ce qu’il faut démystifier. Si vous apprenez à vous concentrer sur les aspects positifs et aussi sur les occasions incroyables qui se présentent dans l’industrie, alors vous serez en mesure de réussir. »
Pour Mme Méthot, de savoir comment fonctionnait la vente d’automobiles constituait un attrait particulier. « J’étais très intéressée par la mécanique parce que c’est une industrie unique », dit-elle. Mme Méthot, qui a commencé dans la vente, déclare : « Pour moi, c’était très excitant de connaître le processus et de développer des relations avec les clients. Comme un directeur des Ventes, j’ai découvert combien il était important de développer ce degré de confiance. L’achat d’une voiture est une décision majeure pour la plupart des gens, il est donc important que le processus soit ouvert et totalement transparent du début à la fin. »
Susan Gubasta, présidente de Toyota Mississauga, à Mississauga, en Ontario, comme Natacha Méthot, a toujours été dans le secteur de l’automobile ; toutefois, elle a d’abord pensé qu’elle finirait dans un autre domaine. Elle a grandi dans une famille d’immigrants qui trimaient dur ; son père, Joe, est entré dans la vente d’automobiles après avoir œuvré comme technicien. « Une éthique de travail solide a toujours été importante dans notre famille quand j’étais jeune », explique Mme Gubasta, l’une de nos quatre représentantes.
TOURNÉE VERS LES GENS
Lorsque le temps est venu pour Mme Gubasta d’envisager une carrière, la profession d’avocate était son premier choix. Cependant, elle a vite découvert que les longues heures passées à étudier des documents n’étaient pas vraiment sa tasse de thé.
« Je suis une femme du peuple et, pour moi, ce n’était pas satisfaisant. » Le père de Mme Gubasta lui a souvent mentionné qu’elle ferait bien dans le secteur de l’automobile ; alors, elle a décidé de tenter sa chance. « On m’a littéralement lancée dans le bureau commercial », dit-elle « Et j’ai vraiment appris sur le tas, avec juste une semaine de formation. » Mme Gubasta a fini par travailler dans le bureau commercial de la concession Ford familiale durant trois ans et demi.
Katie Quinn, directrice générale de BMW, à Toronto, comme Natacha Méthot et Susan Gubasta, a passé sa vie dans l’entreprise et, à 26 ans, était l’une des plus jeunes directrices générales au pays. Elle a été entraîneur de hockey à l’adolescence et travaillait à la concession familiale, Parkview BMW, à Toronto. « J’ai commencé comme réceptionniste », dit-elle « mais, progressivement, j’ai accepté plus de responsabilités. » C’est alors qu’elle s’est rendu compte que cette industrie lui convenait. « J’ai fait un baccalauréat en commerce de l’Université de Guelph, mais je suis une femme du peuple, alors je ne voulais pas seulement être dans les affaires mais bien travailler dans un environnement orienté vers le service à la clientèle. Le secteur de l’automobile ne ressemble à aucun autre, et plus je travaillais durant mes étés, plus je voulais m’engager.
« Ainsi, après l’obtention du diplôme, Mme Quinn a plongé et est devenue coordonnatrice au service. « Travailler du côté des opérations fixes m’a permis de mieux apprécier ceux qui y travaillent », dit-elle. « Vous traitez avec des clients heureux et d’autres moins heureux. C’est un environnement difficile où les problèmes ont souvent besoin d’être résolus rapidement, et nous ne donnons pas aux conseillers techniques, aux coordonnateurs et aux techniciens la reconnaissance qu’ils méritent vraiment. »
Marilyn Sheftel, concessionnaire en titre à Silverhill Acura, à Calgary, en Alberta, dirige l’une des franchises Acura qui ont le plus de succès au Canada ; pourtant, elle voulait être enseignante en apprentissage précoce. Elle est entrée dans le secteur de l’automobile lorsque son mari, Harvey, lui a demandé de prendre la responsabilité de la publicité et du marketing dans l’une des trois concessions que la famille exploitait. « Harvey pensait que le marketing et la publicité me conviendraient bien, j’y suis donc allée », dit-elle. À la même époque, Harvey et l’un de ses partenaires (de qui il a finalement acheté) a acquis les droits de l’une des premières franchises Acura au pays. « Il voulait que je me familiarise avec toutes les fonctions avec l’idée de me faire jouer un rôle dans la nouvelle concession quand elle a ouvert ses portes. » Silverhill Acura a commencé ses opérations en février 1987, et Mme Sheftel se trouva bientôt plongée dans l’industrie de l’automobile, faisant des affaires avec les représentants d’Acura et de Honda.
Natacha Méthot dit que General Motors lui a donné un accueil chaleureux quand elle est entrée dans les rangs de la Direction et qu’elle a fait une partie importante de son propre développement de carrière à l’Université NADA. « Ça vous donne vraiment un aperçu », dit-elle. « J’ai trouvé les connaissances acquises très précieuses et aussi gratifiantes. Il est si important de comprendre ce qu’il faut avoir pour qu’une concession obtienne le succès. » Mme Méthot a découvert ce qu’elle valait lors de la « Grande Récession » de 2008-2009. À cette époque, l’avenir de General Motors et de son réseau de distribution semblait incertain. « Ç’a été une période très difficile, et beaucoup de concessionnaires ont perdu leur franchise », dit-elle. « Il était très difficile de voir ce que l’avenir nous apporterait. Heureusement, nous avons pu rester dans la course. »
Pour Susan Gubasta, c’est la tragédie qui l’a fait se découvrir. « Mon frère Paul, qui exploitait une concession Toyota, est décédé », dit-elle. « À cette époque, j’étais directrice générale de notre concession Ford, et mon père m’a dit que ce serait bien si je prenais la relève », dit Mme Gubasta. « Un jour, il m’a présenté au conseil d’administration. C’est ma fille Susan, elle est maintenant présidente de Mississauga Toyota ! C’est une journée que je n’oublierai jamais. »
Forcée de construire sur les fondations mises en place par Paul mais avec sa propre signature, Susan Gubasta a rapidement travaillé à l’établissement d’une nouvelle culture à la concession, ce qui, à son avis, se révélerait essentiel à sa réussite.
« Nous avons voulu nous assurer que chacun qui travaillait ici avait l’impression de faire partie d’une équipe ; cela signifiait de décloisonner les différents départements », dit-elle. « Nous devions nous assurer que nous avions le soutien de tous les services pour que les clients sentent que nous les prenions en charge, peu importe le service dans lequel ils étaient. Et pour que nos clients soient heureux, il fallait que le personnel soit heureux et sache qu’il avait le soutien requis. »
Marilyn Sheftel a également vécu une tragédie personnelle quand son conjoint, Harvey, est décédé en juillet 1991. En raison des relations qu’elle avait développées au niveau corporatif avec Honda, on lui a demandé de devenir concessionnaire. « Je l’ai fait sans hésiter », dit-elle, « je ne savais vraiment pas ce que je faisais, mais je l’ai fait », dit-elle. « J’avais aussi la chance d’avoir un excellent mentor du côté de Honda, Jim Miller. En outre, il fallait faire avec la récession, avec une marque jeune qui proposait deux modèles et, pour couronner le tout, avec une montagne de dettes et un directeur de banque très difficile. Néanmoins Mme Sheftel et son équipe se sont mises au travail. « Nous avons fait des coupures et tout l’argent que nous faisions, nous le retenions. »
Elle a aussi changé de banque. « Mon directeur de banque et mon comptable Vivian ne m’ont pas montré beaucoup de respect ; alors, nous avons changé d’institution et développé une excellente relation avec notre nouveau prêteur. » Pour Mme Sheftel et Silverhill, c’était le début de quelque chose.
Pour Natacha Méthot, avec la tempête de 2008-2009 derrière ainsi qu’un portfolio de produits plus intéressants et une structure revigorée à GM, cela signifiait que la concession pouvait aller de l’avant ; pour avoir du succès, Mme Méthot croit que la loyauté, à la fois pour le personnel et les clients, est absolument essentielle. « Vous devez vraiment gagner cette loyauté », dit- elle, « car elle vous aidera à passer au travers des bonnes et des mauvaises périodes. » Elle dit aussi que les femmes dans ce secteur peuvent apprendre à tirer profit de leur approche davantage axée sur la relation. « Beaucoup de clients veulent savoir que vous les soignez bien », dit-elle, « que vous voulez vraiment répondre à leurs besoins. Je pense que c’est quelque chose que beaucoup de femmes peuvent réussir dans cette entreprise, peut-être à cause de leur instinct maternel. »
S’ENGAGER
Katie Quinn a découvert que l’élément clé du succès est la volonté d’apprendre et d’acquérir de l’expérience dans le plus grand nombre d’aspects de l’entreprise. « Je pense qu’avoir une bonne compréhension et être capable de s’impliquer dans le processus le plus possible peut vous amener plus loin. « Après avoir travaillé dans les opérations fixes, elle a migré vers la comptabilité et la paie pour faire l’apprentissage des aspects internes de l’entreprise. « J’ai pensé que c’était important pour comprendre comment ça fonctionne », dit-elle. « J’ai ensuite enchaîné avec un séjour au bureau commercial, puis à l’avant comme directrice des Ventes, directrice générale des Ventes et, enfin, directrice générale. Cependant, malgré son âge, Mme Quinn démontre beaucoup de sagesse et une grande intelligence.
Elle fait également un effort remarquable pour assurer que sa porte soit toujours ouverte et elle est disposée à aider le personnel et faire face à toute éventualité. Elle cite un exemple où, quand elle occupait le poste de directeur général de BMW Waterloo, elle a entendu dire que le verrou de la porte de la toilette des hommes était brisé. « Il était brisé depuis des années », dit-elle, « et, comme personne n’avait rien fait, j’ai décidé d’y remédier.
Alors, un jour, je suis allée chez Canadian Tire pour acheter une serrure ; quand je suis revenue, je l’ai réparé moi-même. Il était intéressant de voir les réactions du personnel à la concession, parce que j’étais nouvelle à l’époque. « Mme Quinn dit que, à titre de directrice générale, il est important d’être le leader. »
C’est un point de vue partagé par Marilyn Sheftel. Aujourd’hui, Silverhill est la concession Acura qui affiche le volume de ventes le plus élevé au Canada et qui bénéficie d’un taux de rétention incroyable, non seulement en termes de clients mais aussi d’employés dont un bon nombre travaillent à la concession depuis 15 ans ou plus. « Nous avons tous passé plus de temps ici qu’à la maison », dit MmeSheftel, « c’est pourquoi nous avons essayé de vraiment créer un esprit de famille et un environnement où les gens veulent venir travailler. Nous sommes vraiment une équipe ; je me soucie de tout le monde et je veux m’assurer que nous avons toujours du temps l’un pour l’autre.
Susan Gubasta dit que chaque expérience de la vie est une chance d’apprendre et de s’améliorer. Elle dit que le fait de devenir mère l’a également aidée professionnellement. « Quand vous êtes responsable de la vie de quelqu’un d’autre, ça change vraiment votre point de vue. Chaque jour, je viens travailler, il est important de donner le ton, d’être le pilier. Même si vous êtes dans un mauvais jour, vous ne pouvez pas le montrer, parce que les gens comptent sur vous et vous comptez sur eux. »
