COVID-19 : impact sur les transactions de concessionnaires

L’année 2020 s’annonçait comme la plus active au chapitre des transactions au Canada quand on la compare avec des autres années de la dernière décennie. Le Québec ne faisait pas exception. Au contraire, le marché québécois était très actif au cours des derniers mois. De nombreuses transactions ont été conclues entre acheteurs et vendeurs au cours du mois précédant le début de la pandémie. Du jour au lendemain, les priorités des concessionnaires d’automobiles ont complètement été chamboulées. On ne parlait plus d’occasion de croissance et d’acquisitions, mais plutôt de gestion de la trésorerie, de mises à pied et du programme d’aide gouvernemental.

Le climat actuel

Au moment d’écrire ces lignes, nous n’avons pas encore atteint le fameux pic de la crise au Québec. Toutefois, le choc initial semble passé, et, maintenant, on s’organise, on s’adapte à la nouvelle réalité et on planifie le retour au travail. Pour ce qui est de toutes les transactions qui sont en cours, les délais sont allongés afin de permettre à tous de s’adapter et de bien comprendre les implications de la crise actuelle. Les transactions, pour la plupart, iront de l’avant. Les investisseurs réalisent que, malgré l’intensité de cette crise, les perspectives à long terme demeurent très bonnes pour notre industrie.

Il y a même eu des clôtures de transactions en plein milieu de la crise, soit à la fin de mars. Alors, que la plupart des clôtures prévues pour la fin de mars ont été repoussées plus tard en mai ou en juin, certains ont décidé de conserver les échéances initialement proposées.

Conseils aux acheteurs

Pour ce qui est des acheteurs, ils demeurent, pour la plupart, motivés à faire des acquisitions. L’investisseur avisé réalise que, à long terme, la crise actuelle ne devrait pas avoir d’impact sur leur stratégie d’investissement et de croissance. C’est un peu comme les stratégies d’investissement à la bourse, il n’est jamais recommandé de tenter de prédire le marché à court terme, il faut avoir une vision de long terme. De plus, les transactions peuvent prendre, en moyenne, neuf à onze mois entre le début des négociations et la clôture. Il est réaliste de se demander quand, durant ce délai, les impacts de la crise sur les opérations des concessions d’automobiles seront estompés, et que les entreprises pourront fonctionner normalement. Il faut s’attendre à ce que la réalité des opérations automobiles dans un an soit différente de celles de l’avant-crise; mais il n’en demeure pas moins que les concessionnaires d’automobiles sauront s’ajuster comme ils l’ont toujours fait par le passé car nous sommes dans une industrie très résiliente. Après la crise financière majeure de 2008, de nombreux concessionnaires d’automobiles ont réalisé des profits record et les « retours sur l’équité investie » ont rebondi à un niveau plus élevé qu’avant la crise, soit en 2007. Ç’a souvent été le cas pour les années qui ont suivi les différentes récessions économiques par le passé, et ce, toutes industries confondues.

Le meilleur conseil aux acheteurs serait de rester aux aguets. Les occasions intéressantes sont rares et limitées, car les acheteurs sont souvent très précis au chapitre de la marque et de l’emplacement géographique. Il serait dommage de manquer de belles occasions d’affaires dans le contexte actuel, et, au risque de se répéter, la vision à long terme devrait être au cœur de toute bonne stratégie de croissance par acquisition.

Et pour les vendeurs

Il n’y a pas de recette magique, c’est vraiment du cas par cas. Pour ce qui est des vendeurs, à plus ou moins long terme, il s’agit d’un moment parfait pour prendre une pause des opérations quotidiennes afin de réfléchir à sa succession. Les entrepreneurs canadiens, pour la plupart, n’ont pas de plan de retraite formel. En effet, selon un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise Indépendante*, 39 % des propriétaire de PME comptent quitter leur entreprise au cours des cinq prochaines années. Dans l’ensemble, soit dans une proportion de 81 %, ils ont comme objectif de prendre leur retraite. Plus de la moitié des entrepreneurs, soit 51 %, n’ont aucun plan de la planification de la relève, et seulement 8 % ont un plan formel et écrit.

À mon avis, la priorité pour chacun des 39 % de propriétaires qui pense se retirer de leur entreprise d’ici 5 ans consiste à entamer un plan formel de succession. Il n’y a pas de meilleur moment pour passer à l’action et débuter le processus. Plusieurs profitent de cette période pour mettre à jour ou effectuer une première évaluation rigoureuse de leur entreprise afin d’en comprendre la valeur. C’est le temps d’avoir des discussions avec la relève possible afin de bien comprendre les intentions de chacun et sa capacité financière. Après tout, si on passe une carrière à bâtir une entreprise, il serait avisé de passer un peu de temps à planifier la retraite.

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