Est-il vrai que les batteries des véhicules électriques n’aiment pas l’hiver ? Non, il s’agit d’un mythe.
Les Canadiens pour la plupart ont dit ou entendu ces mots : « Ma voiture ne démarre pas, il fait trop froid, la batterie est morte. »
Voilà pourquoi les gens qui ont expérimenté une batterie morte par temps froid pensent que les véhicules électriques (VE) ne sont pas conçus pour les hivers canadiens. Pourtant, les températures froides n’affectent pas les véhicules électriques de la même façon que les véhicules à moteur à combustion interne (ICE). J’ai eu ma part d’expériences avec les véhicules électriques dans des conditions hivernales extrêmes. Non seulement comme conducteur canadien d’un VE, mais aussi comme gestionnaire de la conception et de la construction de motoneiges électriques – l’un de ces véhicules ayant déjà été considéré comme le véhicule électrique le plus au nord.
Comment les températures froides affectent les véhicules électriques
Pour que le personnel des concessions informe correctement leurs clients, établisse des attentes et offre une expérience positive incitant les clients à revenir, la première étape à franchir consiste à comprendre comment les températures froides affectent les véhicules électriques.
Les véhicules électriques pour la plupart sont équipés de la même batterie de démarrage que les véhicules à moteur à combustion interne — une batterie au plomb de 12 volts. Bien que les deux utilisent la batterie de 12 volts à des fins de démarrage, les véhicules électriques exigent peu d’énergie car ils ne l’utilisent que pour alimenter certains appareils électroniques. Ce qui n’est rien par comparaison avec un véhicule à moteur à combustion interne dont on tente de faire bouger les pistons figés dans l’huile qui a la viscosité de la mélasse.
Les véhicules électriques peuvent pour la plupart démarrer instantanément et de façon fiable les jours froids de l’hiver, tandis que les véhicules à moteur à combustion interne dont la batterie est faible peuvent ne pas démarrer.
Le froid n’a pas qu’un effet sur le démarrage d’un véhicule. Il a également un effet sur sa conduite. Ressources naturelles Canada (RNCan) et l’EPA des États-Unis estiment que l’économie de carburant d’un véhicule à moteur à combustion interne dans un trajet urbain diminue de 12 à 23 % lorsque les températures passent de 25 °C à -7 °C.
De même, le temps froid a un impact sur l’autonomie d’un véhicule électrique. Fait intéressant, cette conclusion a peu à voir avec la performance des batteries dans le froid. Il semble que la réduction de l’autonomie provienne du fait que les véhicules électriques sont trop efficaces.
Voici pourquoi : les moteurs à essence sont relativement inefficaces pour convertir l’énergie stockée dans l’essence en mouvement. L’énergie qui ne se transforme pas en mouvement est ce qui génère la chaleur du moteur; un gaspillage complet en été, mais un sous-produit utile quand il est canalisé dans l’habitacle par temps froid.
D’un autre côté, les véhicules électriques sont si efficaces qu’ils ne produisent pas assez d’énergie résiduelle pour chauffer l’habitacle. Par conséquent, les véhicules électriques doivent utiliser l’énergie de la batterie qui servirait autrement à propulser le véhicule. Dans quelle mesure ? Dans le test de laboratoire de l’AAA, l’utilisation du système de chauffage, de ventilation et de climatisation (SCVC) a contribué à la réduction de l’économie de carburant équivalente jusqu’à six fois plus que tous les autres facteurs.
En mars 2020, la Fédération norvégienne de l’automobile (FNA) a effectué un vaste essai dans le monde réel dans des conditions hivernales afin de comparer l’autonomie de vingt véhicules électriques avec leur autonomie théorique. Tous les plus performants avaient une chose en commun : une pompe à chaleur dans le SCVC.
Sans équivoque, le plus performant a vu son autonomie réelle chuter de moins de 10 % par rapport à l’autonomie théorique. Pendant ce temps, les voitures sans pompe à chaleur ont vu leur autonomie hivernale chuter jusqu’à 30 % par rapport à l’autonomie théorique du véhicule.
Au cours des années à venir, on peut s’attendre à ce que la technologie avancée de la pompe à chaleur apparaisse dans la plupart des véhicules électriques vendus au Canada. Ainsi, les concessionnaires canadiens peuvent rassurer les acheteurs à l’effet qu’un VE démarrera certainement lorsque le véhicule à moteur à combustion interne de leur voisin ne le fera pas.
En parallèle, les concessionnaires peuvent également en apprendre davantage sur les véhicules spécifiques qu’ils ont en stock pour voir quels modèles et quelles versions comportent une pompe à chaleur – et lesquelles n’en ont pas, afin d’informer correctement les clients et de dissiper progressivement le mythe que les batteries de VE n’aiment pas l’hiver.
