Déjà fragilisés avant le début de la pandémie de COVID-19, des pans entiers de métiers du secteur de l’automobile souffrent actuellement d’une pénurie record de main-d’œuvre au Québec. Le site web spécialisé Auto-jobs.ca, considéré depuis 2005 comme la référence québécoise en matière d’affichage d’emplois et de recrutement dans ce domaine d’activité, n’a jamais reçu autant de demandes de postes à combler qu’en ce moment.
Quels sont les emplois les plus difficiles à pourvoir actuellement ? Si l’on en juge les affichages et les demandes en recrutement assisté sur Auto-jobs.ca, on remarque notamment que les mécaniciens et les apprentis-mécaniciens (17,17 %), les conseillers aux ventes (14,9 %), les conseillers techniques (10,6 %), les commis aux pièces et les réceptionnistes sont des professionnels très recherchés.
Selon Emmanuelle Bourque, directrice de comptes pour Auto-Jobs.ca, ce n’est que la pointe de l’iceberg. « Tous les postes nécessitant peu de qualifications, comme les préposés au service, les commis aux réclamations ou aux pièces ou, encore, les préposés au lavage et à l’esthétique, n’arrivent plus à trouver preneur. Et ne parlons même pas des carrossiers ni des débosseleurs, si compliqués à dénicher que les entreprises se tournent vers le recrutement international, avec des délais et un investissement financier importants à la clef. »
Les causes liées à cette pénurie marquée sont diverses. On peut invoquer en premier lieu des salaires plus bas que dans d’autres secteurs d’activité manuels. La construction, par exemple, dispose d’associations qui régissent les tarifs de chaque corps de métier. Mais ce n’est pas du tout le cas dans le domaine de l’automobile, où on peut assister à des disparités salariales importantes entre une concession et de petits garages indépendants.
La règle voulant cependant qu’on paie peu dans le secteur de l’automobile prévaut. Si un mécanicien pourra en effet aller chercher jusqu’à 38 $ l’heure, un apprenti-mécanicien débutera sa carrière à 17 $ l’heure. Les préposés au service, les commis et les secrétaires sont payés de 15 à 21 $ l’heure. Quant aux réceptionnistes, leur taux horaire varie de 15 à 17 $ l’heure.
« La situation est encore pire du côté des vendeurs, dont le gros du salaire est assuré par les ventes qu’ils réalisent, indique Emmanuelle Bourque, qui a déjà occupé de tels postes. Il peut y avoir des périodes de vente plus fastes que d’autres, c’est sûr, mais si on ne vend pas pendant un moment, il est difficile de vivre avec un salaire de base très bas. »
D’autres éléments contribuent en plus du salaire au manque d’attractivité de ces professions. Parmi eux, on retrouve des conditions de travail peu avantageuses – les travailleurs de l’automobile disposent rarement d’assurances collectives, par exemple – et un manque de souplesse par rapport au télétravail, même pour les positions administratives.
Il ne faut donc pas s’étonner d’assister à ce que certains observateurs appellent une Grande Démission dans le milieu de l’automobile. Et faire face à ces enjeux quand on est un recruteur spécialisé, ce qui est le cas de l’équipe d’Auto-jobs.ca.
« Nous ne pouvons plus offrir de garanties comme c’était le cas auparavant, admet Marie-Hélène Talbot, directrice Ventes et Service client de la plateforme. Nous agissons cependant comme des conseillers, en faisant comprendre aux entreprises qu’il faut hausser les salaires, proposer des bonis à l’embauche et différents privilèges, comme des vacances plus souples. Nous travaillons aussi sur l’image de marque de nos clients, qui peuvent offrir une agréable ambiance de travail et de belles possibilités d’avancement à des employés. »
Mme Talbot et son équipe d’Auto-jobs.ca travaillent donc à la revalorisation d’un milieu dont la réputation est souvent malmenée.
« Nous sommes bien conscients qu’un préposé au lavage ne peut pas gagner 60 000 $ par an, et qu’un petit garage ne pourra pas se permettre des assurances collectives. Mais à notre échelle, nous contribuons aux changements qui feront en sorte de réconcilier les travailleurs et les entreprises du secteur de l’automobile. C’est notre métier, mais aussi un défi passionnant à relever ! » s’exclame-t-elle.









