
Les concessions d’automobiles du Québec sont confrontées à une série de nouvelles mesures gouvernementales susceptibles de transformer profondément leur façon de recruter et de fonctionner. Tant au niveau fédéral que provincial, des politiques ont été mises en place pour réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires (TET) et de résidents non permanents dans le but de protéger le marché du travail local et d’assurer une meilleure intégration des immigrants.
Des changements majeurs annoncés par Ottawa
Le gouvernement fédéral a récemment annoncé des modifications au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). À partir du 8 novembre 2024, le salaire horaire initial pour les travailleurs du volet des postes à haut salaire sera relevé de 20 % par rapport au niveau actuel, passant ainsi de 27,47 $ à 32,96 $. Cette augmentation vise à prioriser l’embauche de travailleurs canadiens et à soutenir la hausse des salaires nationaux.
De plus, le seuil de 10 % du nombre de TET par entreprise sera strictement appliqué, et la durée des visas de travail sera réduite de deux ans à un an. Les employeurs ne pourront plus utiliser une attestation d’un comptable ou d’un avocat pour prouver la légitimité de leur entreprise, renforçant ainsi les contrôles sur les offres d’emploi réelles et légitimes.
Ces mesures entraîneront le reclassement de nombreux emplois vers le volet des postes à bas salaire, soumis à des règles plus strictes, notamment l’obligation pour l’employeur de fournir une aide au logement ainsi qu’au transport et de recruter des travailleurs déjà présents au Canada.
Le Québec emboîte le pas avec des politiques provinciales
Parallèlement, le gouvernement du Québec a annoncé le 20 août 2024 des mesures visant à réduire le nombre de résidents non permanents sur son territoire. Le Programme des travailleurs étrangers temporaires a été suspendu pour les emplois à Montréal dont le salaire est inférieur au salaire médian québécois de 57 000 $, pour une durée de six mois à compter du 3 septembre. Cette suspension affecte directement de nombreux secteurs, y compris l’industrie de l’automobile.
« La réduction de l’accès aux travailleurs étrangers temporaires exacerbe une pénurie déjà critique de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de l’automobile. »
Un projet de loi est également en préparation pour encadrer la venue des étudiants étrangers, ce qui limite le nombre de demandes en fonction de critères comme le type d’établissements, la région et le niveau d’études. Les missions de recrutement international financées par des fonds publics québécois seront revues à la baisse et limiteront ainsi les possibilités de recruter à l’étranger.
Des impacts significatifs pour les concessions d’automobiles
Ces changements réglementaires posent de nombreux défis pour les concessions d’automobiles du Québec, qui dépendent, notamment, des travailleurs étrangers pour combler des postes clés de techniciens et de mécaniciens ainsi qu’en vente.
Pénurie accrue demain-d’œuvre qualifiée
La réduction de l’accès aux travailleurs étrangers temporaires exacerbe une pénurie déjà critique de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de l’automobile. Malgré des efforts soutenus pour recruter localement, le bassin de candidats disponibles ne suffit pas toujours à combler les besoins. Les restrictions sur le recrutement international limitent les options des employeurs qui se tournent vers l’étranger précisément parce qu’ils sont incapables de recruter localement.
Augmentation des coûts opérationnels
L’obligation d’offrir des salaires plus élevés pour les postes à haut salaire, combinée aux exigences supplémentaires pour les postes à bas salaire (aide au logement et au transport), entraîne une augmentation significative des coûts pour les concessions. De plus, l’investissement nécessaire pour former des employés moins expérimentés ou en reconversion représente un autre fardeau financier.
Complexité administrative accrue
Les nouvelles exigences réglementaires, tant au niveau fédéral que provincial, augmentent la complexité administrative pour les employeurs. La suppression de l’attestation par un comptable ou un avocat pour prouver la légitimité de l’entreprise ajoute une couche supplémentaire de bureaucratie, avec un risque accru de non-conformité et de sanctions potentielles.
Impact sur la productivité et la satisfaction client
Les difficultés de recrutement et les pertes potentielles de personnel expérimenté peuvent entraîner une baisse de la productivité, des retards dans les services après-vente et la maintenance ainsi qu’une diminution de la qualité du service. Cela peut nuire à la réputation des concessions et affecter la fidélisation de la clientèle.
Vers une recherche de solutions concertées
Face à ces défis, la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec appelle à un dialogue constructif avec les gouvernements fédéral et provincial ainsi qu’avec les municipalités. Il est crucial de trouver un équilibre entre les objectifs gouvernementaux de protection du marché du travail local et les besoins économiques des entreprises qui contribuent significativement à l’économie québécoise.
Des mesures d’assouplissement spécifiques pourraient être envisagées, comme une certaine souplesse régionale dans l’application des politiques, tenant compte des réalités locales et des pénuries de main-d’œuvre spécifique.
« Malgré ces défis, la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec (CCAQ) reste déterminée à aider les concessions à surmonter leurs problèmes de recrutement. »
Les concessions d’automobiles jouent un rôle-clé dans le maintien de la mobilité des résidents et des entreprises locales, particulièrement dans les régions éloignées. Les difficultés opérationnelles qu’ils rencontrent peuvent entraîner des répercussions économiques et sociales significatives sur les municipalités, ce qui affecte non seulement l’emploi, mais aussi l’accessibilité aux services offert par les PME pour les citoyens.
Les nouvelles mesures gouvernementales, bien qu’animées par des intentions louables de protection du marché du travail et d’intégration des immigrants, présentent des défis majeurs pour les concessions d’automobiles du Québec. Il est essentiel que toutes les parties prenantes travaillent ensemble pour trouver des solutions équilibrées qui permettront de soutenir le secteur de l’automobile tout en respectant les objectifs gouvernementaux.
Malgré ces défis, la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec (CCAQ) reste déterminée à aider les concessions à surmonter leurs problèmes de recrutement. À cet égard, la CCAQ a lancé « Ma carrière en concession », une plateforme de recrutement novatrice visant à faire rayonner les métiers et professions de l’industrie de l’automobile.
La voie à suivre repose sur la collaboration, l’innovation et la recherche de compromis. En unissant leurs efforts, les concessionnaires, les gouvernements, les municipalités et les associations sectorielles peuvent contribuer à bâtir un marché du travail solide, inclusif et prospère pour tous.






