Sur la scène mondiale, Tesla enregistre une baisse généralisée de ses ventes. En Allemagne, les chiffres ont atteint leur plus bas niveau depuis 2021. En France, au Royaume-Uni et en Chine, où les livraisons ont reculé de 11,5 % sur un an, le constructeur de véhicules électriques peine à tenir tête aux défis du marché. Au Canada, la situation est plus nuancée grâce aux incitatifs gouvernementaux, mais la tendance à la baisse se confirme malgré tout, avec une diminution des ventes de ses principaux modèles par rapport à l’année précédente.
Au Canada, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le Model 3, qui s’écoulait à plus de 19 000 exemplaires en 2023, peine désormais à atteindre 18 000 en 2024. Le Model X passe de 1 200 à 1 040 livraisons, tandis que le Model Y recule de 34 000 à 33 000 véhicules. Depuis 2012, Tesla a largement bénéficié du programme Roulez Vert, captant 22,4 % des rabais allouées aux véhicules entièrement électriques. Toutefois, l’annonce de la fin du programme fédéral, combinée à la suspension temporaire et à la réduction prévue des incitatifs québécois, laisse présager un avenir encore plus incertain pour le constructeur.
« La Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec (CCAQ), qui représente 900 concessionnaires locaux, réclame une révision urgente du régime de pénalités imposant aux constructeurs l’achat et la revente de crédits VZÉ. »
Au cœur de cette incertitude se trouve Elon Musk, un personnage aussi fascinant que polarisant. Entre tweets incendiaires, décisions impulsives et prises de position controversées – sans oublier sa récente nomination à la tête du département de l’Efficacité gouvernementale visant à réduire de moitié les dépenses de la fonction publique américaine – Elon Musk s’impose comme une source d’instabilité pour Tesla. Même certains de ses plus fervents admirateurs qui, autrefois, le vénéraient comme des « trekkies » devant M. Spock, prennent aujourd’hui leurs distances et arborent l’autocollant « I Bought This Before We Knew Elon was Crazy ».
Tandis que la personnalité de M. Musk contribue à déstabiliser la confiance des consommateurs à l’échelle mondiale, les réalités du terrain, notamment au Québec, sont tout aussi préoccupantes.
Dans ce contexte difficile, la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec (CCAQ), qui représente 900 concessionnaires locaux, réclame une révision urgente du régime de pénalités imposant aux constructeurs l’achat et la revente de crédits VZÉ. Ce mécanisme profite de manière disproportionnée à Tesla qui opère avec seulement 6 points de service au Québec, contrairement aux concessions locales – des PME – qui soutiennent des causes communautaires, investissent dans les médias régionaux et emploient plus de 60 000 Québécois.
Malgré des incitatifs qui ont soutenu ses ventes en 2024 au Québec, Tesla connaît une demande en baisse ailleurs. Son modèle opérationnel centralisé, combiné à une image controversée, creuse le fossé avec les concessions locales qui jouent un rôle économique et social essentiel.
La Californie envisageait de restreindre l’accès aux aides de l’État pour Tesla afin de favoriser d’autres constructeurs. Il serait judicieux que le gouvernement du Québec emboîte le pas afin de protéger ses intérêts économiques et de veiller à ne pas financer les intérêts particuliers de M. Musk !
Si la conjoncture économique mondiale explique en partie le ralentissement de Tesla, il est évident que l’attitude imprévisible d’Elon Musk – entre déclarations fracassantes et gestion controversée – joue un rôle clé dans l’érosion de l’enthousiasme des consommateurs. Une question demeure : jusqu’où l’effet Musk continuera-t-il à peser sur l’avenir de la marque ? Seul l’avenir nous le dira, mais une chose est certaine, le spectacle continue.





