Enjeux et défis majeurs de l’industrie automobile au Québec

Au moment d’écrire ces lignes, les vacances ont débuté, il fait beau et chaud. La majorité des gens vont prendre quelques jours de congé pour recharger leurs batteries. J’aurais bien aimé vous parler d’un sujet plus léger, mais malgré les vacances, l’industrie automobile, elle, n’est pas du tout au ralenti et doit faire face à plusieurs enjeux majeurs. 

Premier enjeu : Mobilité électrique et filière batterie 

À moins de vivre sur une île déserte depuis la dernière année, nous avons tous constaté que le développement de la filière batterie lithium-ion au Québec n’a toujours pas pris son envol, et ce, même si le Québec pourrait miser sur de vastes réserves de lithium et de graphite. Malgré des investissements publics importants, le Québec est très loin de l’objectif de devenir un pôle nord-américain pour la production de batteries. 

Au cours des derniers mois, de nombreux acteurs tels que Lion Électrique, Northvolt et Taïga ont dû faire face à des difficultés financières majeures ou à des défis de construction, générant de nombreuses critiques, que ce soit sur la transparence, l’impact environnemental, voire l’opportunité justifiée des subventions publiques. 

Deuxième enjeu : Adoption des véhicules électriques (VE) par le consommateur et incitatifs financiers en déclin 

Avec le gouvernement du Québec qui prévoit éliminer ses incitatifs d’ici 2027, le risque de provoquer un ralentissement important dans l’adoption des VE est réel, surtout auprès d’une catégorie d’acheteurs, même si, dorénavant, les véhicules hybrides, y compris les modèles non rechargeables, seront intégrés aux objectifs de vente fixés par la norme Véhicule zéro émission (VZE).

De plus, des inquiétudes surgissent quant à l’atteinte des objectifs de 2035 et l’interdiction des ventes de véhicules thermiques.  

Pour ce qui est du gouvernement fédéral, il envisage de réintroduire les subventions, mais toujours sans calendrier défini, ce qui ne fait qu’engendrer de l’incertitude chez les concessionnaires et freiner davantage les ventes. 

Troisième enjeu : Tarifs commerciaux et chaînes d’approvisionnement

« Notre nouvel ami américain » et ses menaces de droits de douane qui varient continuellement provoquent un tsunami dans notre pays. Ces menaces ont et auront des impacts importants sur le coût des véhicules, compliqueront les chaînes de montage, exposeront à la fermeture plusieurs usines nord-américaines, pénalisant ainsi les concessionnaires et toute une industrie qui crée plusieurs milliers d’emplois dans notre belle province. 

Quatrième enjeu : Ressources humaines et pénurie de main-d’œuvre

Mobilis offre un service de dotation et de promotion des métiers depuis de nombreuses années et le constat est facile : difficultés d’attraction et de rétention chez nos concessionnaires. Saviez-vous qu’environ 65 % du personnel ne reste pas et que beaucoup partent pour diverses raisons ? Je ne peux également passer sous silence la faible représentativité féminine dans l’industrie. On parle d’environ 18 %. Bien que des corporations (provinciales et régionales) aient mis sur pied plusieurs initiatives, il reste beaucoup de travail à faire pour rendre le secteur plus inclusif et attrayant pour la relève. 

Je pourrais continuer ainsi longtemps : loi 29 obligeant les constructeurs à fournir aux propriétaires et aux ateliers indépendants leurs données pour la réparation des véhicules ; le fiasco SAAQclic, qui a déclenché une enquête publique remettant en question la capacité du gouvernement de mener à terme des projets technologiques complexes dans notre secteur.  

Pour terminer sur une belle note, je vous souhaite de belles vacances ! Qu’elles vous soient profitables. Revenez-nous en forme parce que l’industrie automobile continuera de nous stimuler et de nous amener son lot de défis et d’enjeux.   

À propos de Charles Drouin

Charles Drouin est chef de la direction à la Corporation Mobilis et vous pouvez le joindre à cdrouin@corporationmobilis.com

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