Le mot de la semaine

COMMENT LES RÉCENTS PARTENARIATS DANS L’INDUSTRIE DE L’AUTOMOBILE AFFECTERONT-ILS LES CONCESSIONNAIRES ?

P1170537Neige, routes glacées, vols annulés et nombreux accidents de la route — tel est le scénario habituel entourant le Salon international nord-américain de l’auto et les autres événements de l’industrie de l’automobile qui se tenaient à Detroit en janvier.

Normalement, je considère que ces événements sont relativement prévisibles mais difficiles à prévoir d’une année à l’autre. Cependant, cette année, ç’a été différent.

J’ai eu l’impression de revenir en 1999, lorsque toutes les nouvelles entreprises point-com faisaient des prévisions catastrophiques aux concessionnaires d’automobiles. Avec leurs valorisations élevées et des partenaires d’investissement privés, ces nouvelles entreprises allaient désormais changer la donne dans l’industrie de la vente d’automobiles.

Ces nouveaux acteurs n’avaient pas des noms familiers. Ils étaient alimentés par la spéculation, et, pour la plupart, ont disparu pendant la bulle spéculative Internet en 2000.

Même si mon impression peut être la même, la taille et la crédibilité des joueurs ne le sont pas. Au lieu d’un groupe de débutants, cette fois, les nouvelles entreprises point-coms portent des noms crédibles comme Apple et Google.

Le mot de la semaine à retenir était « bouleversement ». Utilisé dans presque toutes les conférences et les diverses présentations, le mot « bouleversement » faisait une bonne description du phénomène du développement des véhicules, de la capacité et de l’usage.

Les véhicules électriques, les véhicules autonomes et le partage de véhicule sont devenus des projets finançables pour l’industrie de l’automobile de l’avenir.

L’industrie de l’automobile nord-américaine est en pleine effervescence depuis la crise économique mondiale de 2008-2009. Et le Canada et les États-Unis ont connu leur meilleure année de tous les temps en 2015.

L’industrie devrait connaître une véritable croissance.

Au lieu de cela, elle se retrouve embourbée dans des hausses de taux d’intérêt négatives, le prix du carburant qui varie à l’échelle mondiale et la concurrence de la Chine. Les experts de l’industrie prévoient une stagnation en 2016 et un déclin possible en 2017.

Certes, les marchés boursiers mondiaux ont connu une période en dents de scie et à la baisse au début de 2016. Cela pourrait ralentir l’élan qu’a connu l’industrie au cours des dernières années.

Les uns après les autres, les présentateurs ont proposé des alternatives pour l’avenir, et aucune ne soutenait le design traditionnel et la production des véhicules.

Pendant que j’écoutais, observais, examinais et digérais toute cette information convaincante, quelques détails m’ont frappé. Tout d’abord, tout le monde prend au sérieux les bouleversements dans l’industrie.

Les constructeurs d’automobiles semblent enclins à dévoiler leurs activités de recherche et de développement confidentielles pour conclure des partenariats avec les collèges, les universités et les maisons de recherche.

Qui peut s’opposer à l’objectif zéro accident mortel de la circulation en matière de sécurité des véhicules ? Qui peut s’opposer à l’élimination de la congestion de la circulation ? Qui peut s’opposer à l’utilisation responsable de la technologie pour sauver des vies ?

Le chemin parcouru pour atteindre cet objectif provient des leçons tirées des véhicules autonomes. Les partenariats et la coopération entre les constructeurs d’automobiles et les gouvernements, qui sont réels et en place, garantissent presque que des progrès significatifs seront réalisés.

Les constructeurs d’automobiles semblent enclins à dévoiler leurs activités de recherche et de développement confidentielles pour conclure des partenariats avec les collèges, les universités et les maisons de recherche.

Le partage des technologies et des plateformes, au moins en surface, semble constituer un véritable changement dans l’industrie.

Il y a du dynamisme dans ces initiatives, et j’ai le sentiment que nous allons voir une réelle amélioration ne produisant que des résultats positifs continus pour les consommateurs.

« Bouleversement » a également été utilisé pour décrire l’initiative de covoiturage. Et ç’a plus d’implications potentielles pour les concessionnaires d’automobiles.

Avec les annonces récentes de GM qui veut faire l’acquisition de Lyft et de Sidecar, et de Ford qui veut acquérir FordPass, on a mis l’accent sur les bouleversements qu’apporte cette initiative.

Mais je pense que le covoiturage entraîne plus de conséquences à court terme pour les formes traditionnelles de covoiturage comme le taxi, la limousine, l’autobus et d’autres formes de transport en commun.

Mais, à long terme, le covoiturage, quand on le combine avec la conduite autonome, pourrait affecter les taux de propriété où l’accès au kilométrage devient plus important que la propriété du véhicule.

Ce type de partage a des répercussions sur la durabilité des véhicules. Dans son sens le plus strict, le partage d’un véhicule signifie que le véhicule partagé parcourra des kilomètres plus rapidement.

Par exemple, les gens, pour la plupart, conduisent leur véhicule pour aller au travail ; le véhicule fonctionne ainsi 1 à 2 heures par jour.

Dans un scénario de partage, ce même véhicule pourrait fonctionner 10 à 12 heures par jour, en moyenne, avec trois utilisateurs ou plus. Cela permettra d’accroître l’utilisation des véhicules et, potentiellement, de réduire le temps avant de passer à la casse.

Le partage a aussi des implications dans l’industrie de l’assurance. Les passagers potentiels ne paient pas d’assurance quand ils prennent un taxi ou l’autobus. Dans un monde où les gens partagent un véhicule autonome, qui est l’assuré si personne ne conduit ?

Uber a certainement bouleversé l’industrie du taxi partout où elle est présente. La société a également créé un suivi des consommateurs exigeant ce genre de service.

Considérons un modèle où les véhicules sont payés en vertu du nombre de kilomètres utilisés par opposition au modèle de prix d’achat actuel. Qu’est-ce que cela signifierait pour une concession d’automobiles ?

Pour les utilisateurs d’Uber, le comportement du consommateur ne sera plus jamais le même qu’avant. Peut-être que GM et Ford y sont pour quelque chose ici.

Pendant que je passe au crible une foule d’informations par une soirée froide et enneigée à Detroit, je me pose la question suivante : « Quelles sont les implications de la concession ? »

Une grande partie des bouleversements potentiels dont on a discuté semblent être destiné à la conception des véhicules, à l’assemblage et au transport en commun,
et non pas à la distribution de véhicules.

Cependant, il serait insensé de penser que la distribution des véhicules ne fera pas face à ses propres formes de bouleversements dans l’avenir.

S’il est vrai que les consommateurs voudront avoir accès à plus de kilomètres qu’avec la propriété du véhicule, alors la vente de véhicules neufs et d’occasion en serait affectée au fil du temps.

Considérons un modèle où les véhicules sont payés en vertu du nombre de kilomètres utilisés par opposition au modèle de prix d’achat actuel. Qu’est-ce que cela signifierait pour une concession d’automobiles ?

Une chose est certaine : tous les véhicules auront besoin d’entretien et de service.

Vous pouvez alors argumenter sur le fait que la concession de l’avenir pourrait avoir une plus petite salle d’exposition et une plus grande capacité en termes de baies de service. Les établissements ont un horizon de planification de plusieurs décennies.

Les concessionnaires doivent vivre avec leurs installations sur une longue période. S’il y a vraiment des bouleversements qui affectent la distribution des véhicules, disons au cours des 15 prochaines années, les projets d’installations en force aujourd’hui devraient être suffisamment souples pour en tenir compte.

Les centres de profit des concessionnaires pourraient également être affectés par les bouleversements qui se préparent. Nous avons vécu dans un monde de marge à la baisse depuis de nombreuses années. Cette pression pourrait se poursuivre à un point où il y a peu de profits pour le concessionnaire dans une transaction de véhicule neuf.

Pour que tout cela se produise, de nombreuses innovations critiques doivent être développées et devenir la norme.

Pendant que je conduis sur la route 401 pour rentrer à la maison, mon véhicule 2016 me ramène rapidement à la réalité puisque ses capteurs qui n’ont pas fonctionné me font redoubler de prudence.

Ne vous méprenez pas, le changement s’en vient et vite, mais avec mes capteurs qui ne fonctionnent pas sur une surface enneigée et glacée, je suis soulagé d’être encore en contrôle de mon véhicule.

À propos de Charles Seguin

Chuck Seguin est président de Seguin Advisory Services, une société-conseil qui aide les concessionnaires d’automobiles à réussir en leur fournissant des points de vue et des services indépendants confidentiels conçus pour répondre aux multiples décisions auxquelles sont confrontés les directeurs des concessions. On peut le joindre au (416)565-9493 et par courriel à cs@seguinadvisory.ca.

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