Une industrie en pleine mutation

Comme l’année 2018 se termine et que nous nous apprêtons à entrer dans une nouvelle année, je m’assois et je réfléchis aux événements et aux circonstances d’aujourd’hui.

Je ne me souviendrai jamais d’une période de ma carrière où tant d’aspects de notre industrie sont en pleine mutation.

À titre de concessionnaires, nous voulons une croissance stable et rentable. Certes, nous évoluons dans une industrie cyclique, mais la tendance à long terme est relativement stable.

C’est déjà assez difficile de gérer toutes les concessions que nous exploitons, mais lorsque les fondements mêmes sur lesquels nous nous sommes appuyés commencent à changer, l’anxiété commence à s’installer.

De nombreux concessionnaires auxquels j’ai parlé commencent vraiment à s’interroger sur l’avenir. Pour plusieurs d’entre eux, en particulier les plus âgés, la discussion porte toujours sur la valeur qu’auront la concession et les biens immobiliers connexes dans l’avenir, et ce, peu importe que ces valeurs aient atteint leur maximum et qu’il soit logique de prendre des mesures dès maintenant.

Tous les concessionnaires ont déclaré que le marché est aujourd’hui beaucoup plus difficile qu’il ne l’était il y a cinq ans. En moyenne, les investissements immobiliers pour les concessionnaires moyens ont grimpé en flèche de même que tous les coûts de financement et d’exploitation connexes sur une base mensuelle. Il existe une crainte réelle que l’industrie devienne beaucoup plus difficile à l’avenir.

Étant plus proches des consommateurs, les concessionnaires ressentent leurs humeurs changeantes plus rapidement que les constructeurs. Les concessionnaires prennent quotidiennement le pouls du marché en temps réel. Personne ne doit leur dire ce qui se trame dans leur marché — ils le savent.

Les concessions sont des franchises et, à ce titre, doivent porter le logo des marques qu’elles représentent. Ce n’est pas toujours facile, surtout quand l’humeur dans la salle d’exposition et les baies de service semble ne pas correspondre à celle des marques sur la façon dont les marchés devraient agir et réagir à leurs offres de produits.

Les objectifs de ventes de véhicules neufs augmentent, les stocks de véhicules neufs augmentent également, de même que les frais de transport et de livraison.

La discussion devient quelque peu tendue quand on aborde le sujet du lien direct entre le constructeur et le consommateur. De nouvelles marques comme Genesis qui offrent le service à domicile, Volvo avec Care et les offres de diverses marques de luxe permettent aux concessionnaires de se demander quel pourrait être leur rôle à l’avenir.

On parle beaucoup de l’avenir de la vente au détail, du futur de la conduite automobile, de la mobilité, appelez cela comme vous voulez. Il y a littéralement des centaines et, même, des milliers d’entreprises qui prétendent connaître l’avenir dans la vente au détail dans le secteur de l’automobile.

Les innovations actuelles touchent les abonnements dans les véhicules. Pour comprendre les différentes offres, il faut examiner les principes fondamentaux qui sous-tendent les offres spécifiques.

Beaucoup proposent simplement la location de véhicules sous un autre nom. Que ce soit à court ou à moyen terme, tout ce qui semble changer, ce sont les conditions. D’autres parlent de la possibilité de changer de véhicule à volonté.

Dans tous les scénarios, il n’en reste pas moins que les véhicules déprécient et doivent être payés, assurés et entretenus.

Plus la durée du contrat est courte, plus l’amortissement, les intérêts, l’assurance et l’entretien prévu sont élevés. La logique voudrait que le consommateur paie un prix plus élevé. Les consommateurs paieront-ils plus pour une possibilité d’abonnement que leur coût actuel de possession d’un véhicule ? Certains, peut-être, mais je suppose que beaucoup ne le feront pas.

On dit souvent que la location est un puits de véhicules d’occasion. On peur dire la même chose pour l’abonnement. Il existe cependant une différence fondamentale. Les véhicules loués ont habituellement un bailleur sur la durée du bail, alors que les abonnements peuvent en avoir des douzaines.

Les véhicules en fin d’abonnement ressembleront aux voitures de location d’aujourd’hui et pourraient ne pas être en forte demande sans des rabais importants sur le prix des véhicules d’occasion.

Ainsi, les véhicules comportant un abonnement devraient bénéficier d’un taux d’amortissement plus élevé, ce qui, si la tarification est correctement effectuée, devrait entraîner une augmentation du prix à la consommation.

Le modèle d’abonnement le plus connu est probablement le téléphone cellulaire. En vertu de ce type d’abonnement, le consommateur doit utiliser le même téléphone cellulaire pendant toute la durée du contrat.

Mais avec les téléphones cellulaires, il ne s’agit pas du téléphone lui-même, mais des autres revenus que l’utilisation du téléphone cellulaire peut générer.

Le temps, les appels interurbains, les services de diffusion en continu, l’utilisation des données, pour n’en nommer que quelques-uns, offrent des occasions de revenus considérables qui éclipsent la vente du téléphone lui-même. Est-ce que la même chose arrivera aux véhicules ?

Le véhicule connecté offre la possibilité de générer des flux de revenus supplémentaires en fonction de l’utilisation de chaque véhicule. Les données qui pourraient être collectées, et je pense qu’elles le seront, auront une valeur significative.

Les données comme vos habitudes de conduite, les départs et les arrêts, les lieux d’achat, l’utilisation du téléphone, l’utilisation du système d’infodivertissement, les images, l’état du véhicule, etc. deviennent accessibles à partir d’un véhicule connecté.

L’existence de ces points de données devient précieuse, et quelqu’un bénéficiera financièrement de cette information.

Ce ne sera probablement pas le conducteur. Ce n’est peut-être pas le propriétaire du véhicule. Certaines de ces données pourraient être utiles aux concessionnaires, mais devront-ils payer pour accéder à ces données ? Qui sera propriétaire des données ?

Si ce sont les constructeurs, incluront-ils ces données gratuitement à leur réseau de concessionnaires franchisés ? Que se passe-t-il si les données n’appartiennent pas à l’industrie de l’automobile mais à des fournisseurs tiers ?

La voiture connectée aura la capacité de communiquer seule avec d’autres biens que vous possédez ou louez. À l’extrême, par exemple, elle pourrait communiquer avec votre réfrigérateur, votre panneau électrique, votre système d’éclairage et de chauffage, vos alarmes, etc. directement ou par l’entremise de vos téléphones intelligents connectés à votre voiture connectée. Plus de données pouvant être cumulatives et vendues par quelqu’un.

VW en Europe a apparemment réécrit le contrat des concessions et envisage de l’introduire en 2020. Selon les articles que j’ai lus, les concessionnaires se partageront de nouvelles sources de revenus activées par le véhicule connecté. Ces sources de revenus ne semblent se limiter qu’aux réparations d’automobiles traditionnelles effectuées auparavant à la concession et peuvent désormais être exécutées sans fil directement du fabricant au véhicule sans nécessiter de visite à la concession.

Bien que nous en soyons aux premières étapes de la transformation de la mobilité, je vous encourage à rester vigilant et à écouter attentivement la marque de votre véhicule afin de mieux comprendre son orientation.

Au même moment, regardez ce que les tierces parties sont en train de préparer. Offrent-elles un chemin d’accès à la propriété des données centrée sur le concessionnaire et de nouvelles capacités de gestion de parc qui maintiendront votre concession à la pointe de vos marchés locaux ?

Les pièces du jeu d’échecs ne bougent plus comme avant. On est en train de redessiner le jeu en temps réel, juste devant nos yeux et notre portefeuille.

Personne ne sait à quoi ressemblera le design final, mais une chose est sûre, plus de gens veulent jouer au jeu !

À propos de Charles Seguin

Chuck Seguin est président de Seguin Advisory Services, une société-conseil qui aide les concessionnaires d’automobiles à réussir en leur fournissant des points de vue et des services indépendants confidentiels conçus pour répondre aux multiples décisions auxquelles sont confrontés les directeurs des concessions. On peut le joindre au (416)565-9493 et par courriel à cs@seguinadvisory.ca.

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