Avec autant d’incertitudes, de nombreuses questions restent sans réponse pour les concessionnaires, les constructeurs et les consommateurs.

Au cours des derniers mois, on m’a demandé, plus souvent que jamais auparavant, de donner mon avis sur ce que je vois sur le marché.
Il n’y a pas une conversation avec un concessionnaire, un représentant de constructeur, un banquier, un fournisseur de l’industrie et, même, des amis et la famille qui ne traite pas du monde en évolution qui nous entoure.
À titre de concessionnaire, je vois beaucoup de créativité et d’enthousiasme alors que les concessionnaires utilisent leur énergie entrepreneuriale pour répondre aux attentes de la marque, des consommateurs et du personnel.
Malheureusement, je vois aussi beaucoup de vieux comportements. Il ne fait aucun doute que tous les concessionnaires ressentent une anxiété accrue ces jours-ci, étant donné tout le battage publicitaire entourant les énormes et imminents changements annoncés.
Certains concessionnaires canalisent cette anxiété de manière positive et l’utilisent comme carburant pour allumer leur engagement et leur créativité. D’autres ne le font pas. Il y a des concessionnaires des deux côtés qui sont assez confus.
De mon point de vue, je dois parler régulièrement à un certain nombre de concessionnaires et de directeurs généraux. Cela s’explique en partie par mon rôle d’instructeur et de facilitateur dans le cadre du programme de gestion des concessions d’automobiles par l’entremise de l’Automotive Business School of Canada ainsi que par les engagements et événements de mes clients et de l’industrie.
De nombreux concessionnaires créatifs répondent aux besoins du consommateur en constante évolution et aux demandes continues des marques qu’ils représentent.
Les groupes de concessions disposent de ressources et de moyens plus importants pour lancer de nouvelles innovations et ont, à certains égards, un avantage sur les petits concessionnaires. Les groupes de concessions peuvent se permettre d’expérimenter des initiatives comme la livraison à domicile ou au bureau, les services à domicile, l’abonnement, les véhicules d’occasion, Internet robustes et les activités de BDC. Certains commencent à faire des ventes et des opérations en ligne, comme leur département des ventes avec leur propre personnel.
Les plus petits concessionnaires ne disposent pas de la masse critique ni des ressources nécessaires pour entreprendre de telles initiatives de manière significative et rentable. Cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas novateurs.
Certains concessionnaires ont beaucoup de succès avec la vente en ligne et la gestion en ligne des véhicules d’occasion. Certains améliorent les relations avec les clients en leur envoyant des SMS directement, en particulier les clients du service d’entretien pour les tenir informés de l’évolution des réparations.
Ce faisant, ils continuent à établir des relations durables avec leurs clients au sein de leurs communautés, ce pour quoi les plus petits concessionnaires sont mondialement connus. La communauté des concessionnaires, dans son ensemble, garde un œil discret sur les tendances futures, mais, instinctivement, veille de plus près aux opérations quotidiennes.
Les constructeurs d’automobiles, en revanche, traversent une période très difficile. Venant tout juste de visiter le Salon de l’automobile de Detroit, il me semble évident que les constructeurs d’automobiles mondiaux ont du mal à avancer dans le présent tout en pariant sur l’avenir.
Personne ne veut être laissé pour compte. Les constructeurs d’automobiles ont une tâche très difficile.
Au fur et à mesure de l’évolution des besoins en matière de transport et de mobilité, ils doivent non seulement maintenir leur niveau d’activité actuel, mais aussi consacrer des sommes d’argent en frais de recherche, de développement et d’investissements importants à la construction d’un avenir incertain.
Au même moment, étant donné que la plupart d’entre eux sont des entités cotées en bourse, les marchés sont très durs pour le prix de leurs actions.
Aujourd’hui, il ne suffit pas qu’une entreprise oeuvrant dans le secteur de l’automobile réalise un bénéfice significatif. Cela ne semble pas faire bouger le cours des actions. Le marché est à la recherche d’innovations et de nouvelles technologies qui indiqueront l’orientation que la société prend dans la préparation de son avenir.
Le marché est très intéressé par les nouvelles initiatives fondées sur la technologie, même si l’avenir en termes de réglementation est plutôt flou. Cela provoque beaucoup de discussions, prématurées à mon avis, à propos des véhicules autonomes. Cela semble être l’enfant chéri des marchés. Pour avoir accès au capital nécessaire et récompenser les actionnaires, les constructeurs d’automobiles doivent en parler, même si le monde n’est pas disposé à aller dans ce sens.
La semaine dernière, le salon de l’électronique grand public a eu lieu à Las Vegas. Il a été surnommé le plus grand salon de l’automobile du monde, et les entreprises y ont redoublé d’ingéniosité et de créativité.
Tous prétendaient faire partie de la solution pour l’avenir. Bon nombre de ces entreprises, je devrais dire la plupart d’entre elles, ne font pas partie de l’industrie de l’automobile et propose de l’ingénierie ou de la technologie — ou une combinaison des deux. Beaucoup ont réuni d’énormes capitaux. Les investisseurs recherchent des solutions susceptibles de changer la donne. Certains de ces investisseurs sont en fait des constructeurs d’automobiles.
Les dessins animés et les bandes dessinées, pour la plupart, que certains d’entre nous aimaient il y a de nombreuses années, prennent vie.
Les innovateurs développent des machines volantes individuelles, des drones dont les capacités semblent illimitées, des fonctions de conduite électrique semi-autonomes et autonomes.
Certaines entreprises appellent l’intérieur d’un véhicule un deuxième salon et font le pari que l’espace dans les véhicules deviendra un centre social dans un monde sans conducteur.
Les robots prétendaient partout pouvoir faire à peu près n’importe quoi.
Il ne fait aucun doute qu’un des thèmes du CES consiste à éliminer le conducteur. Ils veulent convertir ce que sont actuellement les conducteurs et les passagers en utilisateurs actifs.
Ces sociétés projettent de proposer des intérieurs et des capacités Internet de véhicules très différents, tirant pleinement parti du monde connecté et montrant ce qu’elles pensent être l’avenir de la conduite.
La recherche, le développement et la réglementation doivent encore faire face à de nombreux défis avant que le monde ne se lance dans des véhicules autonomes de masse.
Je reconnais que, dans certaines zones réglementées et dans certains pays où la culture du transport et le soutien du gouvernement sont limités, les véhicules électriques et les véhicules semi-autonomes peuvent rapidement céder le passage à des véhicules entièrement autonomes pour résoudre de nombreux problèmes sociaux.
En Amérique du Nord, cependant, et particulièrement au Canada, je pense que les VE deviendront viables à un moment donné dans un avenir assez rapproché.
Les caractéristiques semi-autonomes, qui ne se limitent pas qu’aux véhicules électriques, continueront de faire leur chemin dans les véhicules à moteur à combustion interne (ICE) actuels. L’objectif consistant à rendre les transports plus sûrs en réduisant le nombre d’accidents et en éliminant les décès est bien établi et ne disparaîtra pas.
Les conséquences à court terme pour les concessionnaires d’automobiles sont énormes. Les concessionnaires doivent continuer à offrir aux clients des expériences créatives et à maintenir des niveaux de satisfaction extrêmement élevés.
En ce qui concerne le monde de l’achat et de la vente, je constate que l’activité actuelle se poursuit. Je constate un changement important dans le pourquoi et le comment les concessions sont acquises.
La communauté financière, ces dernières années, a essentiellement ouvert ses coffres aux groupes de concessionnaires.
Aujourd’hui, les groupes sont très stratégiques dans leur processus d’acquisition. Bien que certaines valeurs de transaction puissent sembler extrêmement élevées, dans un monde caractérisé par des capitaux relativement peu coûteux et des occasions limitées de haute qualité, les acquisitions considérées comme stratégiques obtiendront des prix de transaction supérieurs à la moyenne.
Cela en soi n’a rien de nouveau. Toutefois, pour les transactions jugées non stratégiques et fondées uniquement sur la probabilité de produire un recouvrement de l’investissement souhaitable, les prix des transactions chuteront. Des pressions à la baisse seront exercées sur les activités de vente futures de certaines marques sur certains marchés et à certains endroits.
Pour les concessionnaires uniques, et il y en a environ 1 600 au Canada, la décision doit être prise aujourd’hui : s’agrandir ou tenter de passer à travers la tempête qui s’annonce.
De nombreux concessionnaires choisiront de vendre leurs concessions et de tirer profit des gains de leurs biens immobiliers et peut-être de leur valeur. Cela dictera le marché des acquisitions dans un avenir proche, car les gagnants à long terme seront ceux qui possèdent le capital, les ressources et les portefeuilles de marques nécessaires pour être concurrentiels sur leurs marchés locaux.
Le monde change et le changement nous affecte tous les jours. Ç’a toujours été le cas. Je n’accepte pas l’argument selon lequel le monde des concessionnaires n’a pas changé depuis 100 ans.
Bien sûr, le modèle de franchise est en place depuis longtemps. Les concessionnaires, cependant, sont innovants et s’améliorent continuellement.
Les concessionnaires d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux d’hier. Ce sont des entreprises qui cherchent à attirer les clients de la manière dont les clients veulent être attirés et à les traiter de la manière dont ils veulent être traités.
Certes, il y a des incohérences, et tous les concessionnaires ne fonctionnent pas de la même façon.
À partir de là, toutefois, l’avantage va à ceux qui ont les ressources, à la fois humaines et en capital, pour réinvestir et innover continuellement, à mesure que cette industrie évolue grâce à l’innovation.







