L’avenir de la vente au détail d’automobiles en 2025 est incertain, et il ne faut surtout pas croire tout ce qu’on lit.
D’aussi loin que je me souvienne, le passage à une nouvelle année a toujours été accueilli avec beaucoup d’impatience et d’excitation.
Autant les clients que les entreprises sont impatients de voir ce que la nouvelle année leur apportera. Des plans sont élaborés, des objectifs, fixés, et des tactiques, mises au point.
Le plan de match est établi, les équipes sont préparées, prêtes et bien positionnées aux barrières de départ pour se lancer dans la course avec de grandes espérances. Une nouvelle saison s’amorce, et de nombreux pronostics de gagnants, de perdants et de joueurs en progression sont faits. L’excitation est à son comble.
Or, cette fois, les perspectives de 2025 sont empreintes d’une grande incertitude et de beaucoup de stress, car les entreprises et leurs clients ne savent pas à quoi s’attendre pour la nouvelle année. C’est un peu comme si l’on voyait le monde à travers les yeux de « M. Magoo ».
« Les propriétaires d’entreprises et leurs clients doivent faire la part des choses entre les faits et la fiction, puisque ces deux aspects se révélent impossibles à distinguer dans le monde actuel qui comporte de multiples canaux de communication. »
Nos réflexions sont en grande partie guidées par les médias, qu’ils soient traditionnels ou sociaux. Tout le monde, ou presque, a la possibilité de s’exprimer, souvent sans avoir une vision claire de ce que l’avenir lui réserve.
Les propriétaires d’entreprises et leurs clients doivent faire la part des choses entre les faits et la fiction, puisque ces deux aspects se révélent impossibles à distinguer dans le monde actuel qui comporte de multiples canaux de communication.
Le problème réside dans le fait que nos décisions sont prises en temps réel et non en mode veille. Par conséquent, des erreurs apparentes seront commises en raison d’un terrain de jeu loin d’être stable.
À la fin de 2024, des doses massives d’incertitude politique ont été injectées au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Par conséquent, nos leaders provinciaux ont fait preuve d’une agressivité inhabituelle pour s’opposer à certaines des informations qui circulent sur nos ondes, dans la presse écrite et en ligne.
Une chose est claire : le Canada se trouve à un moment politique décisif où le leadership est remis en question, et où la question de la protection des provinces est mise à l’avant-scène.
Les clients et les propriétaires d’entreprises doivent se positionner par rapport aux différentes valeurs et aux différents principes qui pourraient les affecter sur le plan individuel. Le macro-environnement qui se profile à l’horizon 2025 est loin d’être clair et le micro-environnement est encore plus nébuleux.
Dans le secteur de l’automobile, de nombreux défis perdurent au-delà de 2024 et pourraient se transformer en défis encore plus importants en 2025. La dépendance de nos relations dans l’industrie à l’égard de nos homologues américains et mexicains est bien documentée.
Du point de vue de la production, notre industrie s’est développée afin de devenir une locomotive quasi sans faille à l’échelle mondiale. Les trois pays nord-américains bénéficient de cette façon de faire. L’éventualité d’une fragmentation de ces relations est très préoccupante et a de nombreuses implications pour les trois pays, leurs entreprises et leurs clients.
À titre d’hommes d’affaires, nous recherchons la stabilité. De la stabilité dans nos concessions, de la stabilité dans les marques que nous représentons et de la stabilité dans le marché local dans lequel nous évoluons.
En ce début d’année 2025, cette stabilité est compromise. Toutefois, tous ces défis sont accompagnés d’occasions d’affaires. Elles peuvent être difficiles à identifier dans un premier temps, mais elles existent bel et bien.
Cela dit, l’une de nos principales qualités, qui nous servira plus que jamais, est notre capacité à nous adapter. Les activités de nos concessions, pour la plupart, se dérouleront comme d’habitude. Les véhicules devront toujours être entretenus et réparés. La vente de véhicules neufs se fera comme d’habitude. Le secteur des voitures d’occasion, en revanche, pourrait connaître quelques problèmes.
Le domaine du financement sera également confronté aux fluctuations des taux d’intérêt. Les consommateurs ont été exposés à des vents contraires ces dernières années, mais la baisse des taux d’intérêt et l’augmentation des salaires seront bien accueillies.
À mon avis, les risques qui pèsent sur les concessionnaires sont essentiellement de nature incontrôlable. Compte tenu des incertitudes et de l’instabilité qui règnent dans de nombreux pays producteurs d’automobiles, il serait insensé de croire que toutes les marques que nous représentons ne seront pas affectées.
Les fournisseurs de pièces d’automobiles, les constructeurs et les assembleurs d’automobiles, ainsi que leurs distributeurs nationaux, sont confrontés à divers vents contraires qui se répercutent sur la disponibilité de leurs catalogues de produits. Cela variera d’un pays à l’autre et d’une marque à l’autre. Dans un tel contexte, notre tâche consiste à exécuter des manœuvres défensives de base, à nous en tenir à nos processus et à garder la tête froide vis-à-vis de nos employés loyaux et de nos clients à l’échelon local.
La communication devient alors essentielle. D’abord, la communication avec nos fidèles employés. Nous devons les aider à comprendre ce qu’ils entendent à l’extérieur de la concession, les aider à distinguer les faits de la fiction et les aider à comprendre les conséquences pour eux et pour notre concession.
Deuxièmement, nous devons maintenir le contact avec les membres du Conseil des concessions de nos marques qui nous représentent dans les discussions avec le distributeur national de nos marques. Enfin, nous devons communiquer avec nos associations commerciales provinciales et les encourager ainsi qu’avec la Corporation des associations de détaillants d’automobiles et les aider à remplir leur mission.
L’année 2025 s’annonce difficile. L’incertitude suscite de nombreuses craintes quant aux impacts possibles. À titre de leaders d’entreprise, nous devons nous concentrer sur ce qui est connu et prévisible et rester conscients du potentiel des facteurs encore inconnus, au fur et à mesure que nous avançons dans la mise en œuvre de nos plans. Nous devons être prêts à effectuer un virage rapide quand les incertitudes se transforment sporadiquement en certitudes.
« Nous devons être prêts à effectuer un virage rapide quand les incertitudes se transforment sporadiquement en certitudes. »
Je suis tout de même très optimiste pour 2025, car nos concessionnaires continuent de performer comme nous les savons capables de le faire. Nous devons toutefois rester attentifs aux éléments susceptibles d’influer sur nos activités dans le domaine des véhicules d’occasion et du financement.
Ces deux secteurs sont, à mon avis, les plus menacés. Un autre risque à prendre en compte est la pression continue exercée par les marques que nous représentons afin que nous investissions continuellement dans des domaines non productifs de nos activités.
Je comprends qu’il soit nécessaire de positionner la marque sur les marchés ; cependant, l’ampleur des investissements imposés aux concessionnaires doit être examinée avec soin.
La relève des concessionnaires est un autre aspect qui, à mon avis, se manifestera en 2025. Les concessionnaires ont constitué un patrimoine important, et de nombreux concessionnaires canadiens veulent s’assurer que leur famille continue à s’impliquer.
Malgré les efforts déployés ces dernières années, de nombreux concessionnaires ne sont pas prêts. L’année 2025 sera, à mon avis, un point de bascule où la question de la relève des concessionnaires et de la direction sera au premier plan. Il sera peut-être nécessaire pour certains d’envisager sérieusement, au cours de cette année, de retirer certaines billes ou, tout au contraire, de consolider la structure familiale actuelle de l’actionnariat.
Il y a beaucoup de choses à prendre en compte à l’aube de 2025. Le problème de la vision à la « M. Magoo » n’arrangera pas les choses. À titre de concessionnaires, nous devons prendre les meilleures décisions en fonction de l’information dont nous disposons. Nous devons nous soucier du court terme tout en gardant un œil sur les implications à moyen et à long termes de certains des changements potentiels qui se profilent à l’horizon.
Jamais nos équipes n’ont été aussi importantes que maintenant.
