L’équilibre entre la fébrillité et l’optimisme prudent

Le contrôle de la pandémie de COVID-19 semble s’être amélioré, et bon nombre d’entre nous, qui avons travaillé de la maison, sont optimistes et prudents quant au fait que le Canada a franchi un cap en matière de santé publique.

À la mi-juin, le nombres de personnes atteintes dans le monde atteignent encore presque des records ; au moins, au Canada, les gens, pour la plupart, se sentent plutôt bien et d’attaque pour commencer à reconstruire leur vie. Nous espérons qu’elle ressemblera à à ce que nous avions avant la crise plutôt que ce que nous avons tous connu au cours des 90 derniers jours.

L’industrie est à la recherche d’éléments positifs qui pourraient déclencher le passage à des jours meilleurs. Nous sommes tous impatients de sauter dans le train, même si le fondement de notre optimisme pourrait être plus un vœu pieux.

Nous sommes en quelque sorte pris entre l’arbre et l’écorce ; d’un côté les responsables des soins de santé et, de l’autre, la reprise économique. Les responsables des soins de santé ont encore de sérieuses préoccupations. Toutefois, il semble bien que nous devions faire un compromis entre la santé et la sécurité à tout prix et la reprise économique ; les réalités économiques commencent à s’installer et repoussent les préoccupations en matière de santé.

Les consommateurs montrent des signes à court terme de vouloir sortir de chez eux et de commencer à circuler et à générer de l’activité économique.

Les citoyens nord-américains ne sont pas habitués à ce qu’on exerce un tel contrôle sur leurs libertés quotidiennes. L’agitation et les préoccupations financières alimentent une ruée contre le confinement. À mesure que les économies nord-américaines rouvriront, lentement et de façon incohérente, nous ressentirons plus de confusion dans les semaines et les mois à venir.

Les États-Unis ont 50 solutions économiques différentes, certaines basées sur le succès réel en matière de santé et de sécurité et d’autres fondées sur la volonté économique dominante. Nous ne pouvons pas non plus sous-estimer l’impact de la politique et des fausses nouvelles qui en résultent sur notre état mental.

Les Canadiens observent avec incrédulité les troubles civils et les débordements politiques qui ont lieu au sud de la frontière et qui traversent les frontières internationales. À bien des égards, ça nous rappelle les émeutes raciales de 1967-1968. Lees beaux discours sont dépassés par l’impact mondial de la violence à court terme qui se transforme en manifestations pacifiques significatives et convaincantes. La puissance des médias sociaux est très forte.

Qu’est-ce que tout cela a à voir avec les concessions d’automobiles ? Plein de choses, en fait. Pour que tout revienne à un semblant de normale, il faut que tous les dominos du monde s’alignent parfaitement. La probabilité que cela se produise rapidement est de mince à nulle. Cela signifie que les fournisseurs de matières premières, les fournisseurs de pièces et de composants, les assembleurs de véhicules et les processus de livraison des véhicules doivent tous fonctionner efficacement dans un monde de confiance en termes de finance et de forte consommation.

La COVID-19 affecte chaque pays différemment, tant physiquement qu’économiquement. Toutefois, les chaînes d’approvisionnement mondiales ne peuvent fonctionner correctement que lorsqu’elles agissent comme s’il n’y en avait qu’une. On n’a pas beaucoup de temps pour recréer une industrie de l’automobile nationale qui surmontera les risques commerciaux à court terme. Bien sûr, des solutions de contournement à court terme sont possibles pour certains aspects. Toutefois, cela nous demandera de relever d’importants défis.

Les consommateurs montrent des signes à court terme de vouloir sortir de chez eux et de commencer à circuler et à générer de l’activité économique. À ce jour, plus de 47 millions de Nord-Américains survivent dans une bulle artificielle de soutien gouvernemental et de persuasion morale. Ils sont soutenus par des reports de paiements d’hypothèques et de prêts, ainsi que par des subventions gouvernementales et commerciales.

Cela prendra fin à un moment donné. Et les comptables et les politiciens feront les comptes, les avocats et les politiciens pointeront du doigt les actes répréhensibles, et les économistes planifieront la façon de rajeunir les économies du monde entier. Tous n’y parviendront pas au même rythme.

Les signaux de court terme sont positifs…

De mon point de vue, le court terme semble plus lumineux que le moyen terme. Le court terme semble encourageant pour les concessions d’automobiles canadiennes ; tant que les fournitures d’inventaire de neuf et d’occasion durent, les consommateurs demeureront confiants, et les liquidités continueront d’affluer. Une fois que les subventions gouvernementales auront cessé, et que les vrais taux de chômage apparaîtront, le tableau pourrait être bien différent.

Un fossé entre les vendeurs et les acheteurs

Tous les concessionnaires ne seront pas présents à long terme; beaucoup pourraient très bien chercher à partir. Avec le positivisme de court terme, combiné à l’optimisme perpétuel des concessionnaires, la pression sera exercée par les concessionnaires qui vendent pour revenir aux résultats pré-COVID-19 afin d’évaluer leurs activités.

Les acheteurs potentiels, d’autre part, adopteront un point de vue différent — fondé sur l’incertitude de l’avenir. Les vendeurs vendent le passé, mais les acheteurs achètent l’avenir. Cela crée un grand écart dans les attentes, ce qui doit être réglé quand on veut conclure une vente.

Nous savons tous que le commerce des véhicules d’occasion dépend de l’achat de votre inventaire effectué correctement plutôt que sur la vente.

Il ne fait aucun doute dans mon esprit que cet écart sera comblé dans certaines situations, particulièrement celles qui sont stratégiques pour les acheteurs. Cela se traduira par une activité d’achat-vente à court terme. Mais comme nous le savons, bon nombre des achats-ventes du passé étaient basés sur l’occasion plutôt que sur la stratégie. Dans ces cas, les transactions seront difficiles à conclure à moins qu’un côté ou l’autre ne fasse un compromis.

Les valeurs immobilières sont essentielles pour le vendeur et sont incertaines pour le moment.

Beaucoup de concessionnaires croient que les jours meilleurs reviendront et sont prêts à surmonter la tempête actuelle avec l’espoir que les ventes augmenteront. Les concessionnaires peuvent être patients s’ils sont rentables.

Le financement des acquisitions sera plus difficile

La consolidation rapide des concessionnaires dans le passé a été l’accès au capital à faible coût. Dans l’intérêt de promouvoir les affaires et de devenir partenaires avec des clients de longue date, de nombreuses institutions prêteuses ont assoupli leurs positions traditionnelles afin d’offrir des conditions de financement attrayantes.

L’environnement des taux d’intérêt bas a rendu le financement des emprunts très attrayant. Les ratios prêt-valeur ont augmenté, ce qui fait qu’il est un peu facile d’emprunter d’importantes sommes d’argent. Les garanties croisées et autres ont donné aux créanciers un soutien et un confort supplémentaires pour leurs prêts. Je crois que les prêteurs retourneront à leurs racines et que les emprunts pour des acquisitions deviendront plus difficiles. Ce ne sera pas impossible, mais certainement plus difficile.

Le véhicules d’occasion sont une partie de la réponse

Alors que nos entreprises commencent à redémarrer et que la demande refoulée est derrière nous, de nombreux facteurs seront en jeu pour redéfinir nos contrats à court terme. Le marché des véhicules d’occasion a soutenu des concessionnaires en 2009 et fera probablement la même chose cette fois-ci.

Les valeurs des véhicules d’occasion sont tout sauf prévisibles et dépendent d’un certain nombre de facteurs. Il faut faire preuve de prudence. Avec les incitatifs aussi élevés pour les véhicules neufs et une offre de véhicules d’occasion qui penche en faveur d’une surapprovisionnement à court terme, le prix des véhicules d’occasion pourraient subir des pressions.

Nous savons tous que le commerce des véhicules d’occasion dépend de l’achat de votre inventaire effectué correctement plutôt que sur la vente. Chaque pièce est unique et le prix change tous les jours, sinon toutes les heures. Encore une fois, il faut faire attention.

L’optimisme est une chose merveilleuse. Il peut soutenir un concessionnaire dans les moments difficiles. Les consommateurs, cependant, finiront par prendre la décision finale. La prudence est également de mise pour s’assurer que les vents d’optimisme ne se transforment pas en une tornade destructrice imprévue. Il existe un bel équilibre entre l’optimisme et la prudence que nous devrions tous nous efforcer d’atteindre, surtout en période de comportement incertain des consommateurs.

À propos de Charles Seguin

Chuck Seguin est président de Seguin Advisory Services, une société-conseil qui aide les concessionnaires d’automobiles à réussir en leur fournissant des points de vue et des services indépendants confidentiels conçus pour répondre aux multiples décisions auxquelles sont confrontés les directeurs des concessions. On peut le joindre au (416)565-9493 et par courriel à cs@seguinadvisory.ca.

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