Jamais, il ne s’était vendu autant de concessions de véhicules automobiles en Amérique du Nord qu’en 2022. Nous estimons quelque 150 transactions qui ont eu lieu au Canada en 2022 et plus de 600 chez nos voisins du sud.
Notre équipe prévoit que 2023 sera une fois de plus une année très chargée sur le plan des transactions. Pourquoi ? Parce que de nombreuses concessions ont généré des profits record au cours des trois dernières années. Plusieurs d’entre elles détiennent un important capital prêt à être déployé. Mais attention. Les concessionnaires qui souhaitent passer à l’action ont tout intérêt à bien saisir et à maîtriser leur modèle d’affaires avant d’entamer la moindre procédure. Et surtout, ils doivent tenir compte des facteurs économiques qui influeront sur les prochains mois.
Des taux à surveiller
La hausse marquée des taux d’intérêt des deux côtés de la frontière, en moins d’un an, ne laisse aucun concessionnaire indifférent. L’époque où une concession pouvait financer son inventaire à un taux sous la barre des 3 % est désormais révolue. Même chose pour les concessionnaires qui misaient sur un taux historiquement bas pour financer leurs actifs immobiliers. Je ne vous apprends rien. En moins de douze mois, les taux accordés aux commerçants sont passés de moins de 3 % à près de 7 %. Plusieurs estiment que les hausses majeures sont derrière nous, mais il est possible que de légères hausses surviennent dans les prochains mois.
Tout comme les concessionnaires, les consommateurs sont eux aussi directement touchés par la hausse des taux d’intérêt. Eux aussi voient leurs factures grimper. Le paiement de leur véhicule qui pouvait représenter entre 400 et 500 $ par mois atteint désormais 600 ou 700 $ pour le même produit.
Un retour à l’équilibre
S’ajoute à ce contexte perturbant le retour à l’équilibre entre l’offre et la demande. Faute d’inventaire de véhicules neufs, les trois dernières années ont été marquées par une demande inédite en véhicules d’occasion. Ce qui a incité plusieurs concessions à augmenter ce type d’inventaire pour mieux répondre aux besoins des consommateurs. Mais voilà, la machine est repartie chez les constructeurs qui réapprovisionnent plus rapidement leurs concessions de véhicules neufs. Les concessionnaires qui détiennent un large inventaire de véhicules d’occasion devront sans doute liquider leurs actifs à des prix en deçà de ceux qu’ils ont payés.
Déjà, aux États-Unis, on peut observer les conséquences du retour soutenu des véhicules neufs dans les cours de concessions. Les titres boursiers des grands joueurs de véhicules d’occasion se sont écroulés au cours des derniers mois. Carvana (CVNA) en est un triste exemple. Son action, cotée à 330 $ à l’été 2021, valait moins de 5 $ à la fin du mois de décembre dernier.
Qui sont les acheteurs de concessions ?
Malgré cette situation qui laisse planer un risque de récession, le marché des transactions de concessions d’automobiles demeure actif. Parmi la cinquantaine de lettres d’intention d’achat que nos équipes nord-américaines ont reçues depuis le début de l’année, DSMA constate que ce ne sont pas seulement les grands groupes qui veulent prendre de l’expansion. Les regroupements de deux à cinq petites concessions représentent plus de la moitié des groupes intéressés par d’autres commerces. Ce sont notamment des entreprises dirigées par des concessionnaires de 2e génération. Des jeunes dynamiques qui souhaitent élargir leur présence dans la région où ils évoluent.
Qui devrait acheter ou ne pas acheter en 2023 ?
En affaires, il est avantageux de privilégier la diversification. À mes yeux, un concessionnaire qui détient une seule marque dans un marché donné présente un modèle d’affaires limité. Ce qui n’est pas idéal. Au fil des années, nous avons constaté que les concessionnaires qui détenaient au moins deux marques différentes disposaient de plus de marge de manœuvre pour négocier les diverses demandes provenant des différents fournisseurs auxquels ils sont affiliés.
En revanche, les concessionnaires qui détiennent un large fardeau de dettes n’ont pas avantage à s’en mettre davantage sur les épaules au cours des prochains mois. D’ailleurs, les concessions qui présentent un ratio dette-équité déjà élevé rencontreront des difficultés à négocier de nouveaux prêts auprès de leurs institutions financières.
Qui devrait vendre ou ne pas vendre en 2023 ?
Tous les concessionnaires qui songent à se retirer au cours des cinq prochaines années, et qui n’ont pas de relève immédiate, devraient commencer à considérer l’option de la vente. Ou du moins, à procéder à une évaluation de leurs actifs afin d’être prêts à toute éventualité.
À l’opposé, les concessionnaires qui disposent d’une relève intéressée à prendre la direction de l’entreprise (et qui ont l’aval du constructeur), n’ont pas intérêt à se retrouver sur le marché des transactions. En fait, si ces concessionnaires disposent d’un solide modèle d’affaires et qu’ils sont convaincus d’être en mesure de passer au travers de la prochaine tempête, il y a de fortes chances que l’achat soit leur meilleure option.
