Retour de Donald Trump : la récréation est-elle terminée pour les concessionnaires canadiens ?

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et son retour en force sur des politiques protectionnistes sèment le doute dans l’économie canadienne. Les industries clés se préparent déjà à ressentir des vagues de chocs économiques, mais l’impact pourrait être particulièrement direct pour les concessionnaires d’automobiles qui exportent aux États-Unis. En effet, avec des tarifs douaniers estimés entre 10 et 20 % à venir sur les véhicules importés du Canada, le jeu d’arbitrage qui bénéficiait tant aux exportateurs canadiens pourrait bien toucher à sa fin.

Les concessionnaires canadiens sous pression

Depuis des années, la faiblesse du dollar canadien par rapport au dollar américain a permis aux concessionnaires de profiter d’une forte demande et d’exporter leurs véhicules à prix concurrentiels. Avec les nouveaux tarifs douaniers qui se profilent, cette marge pourrait diminuer de façon radicale et changer la dynamique du secteur. Pour les concessionnaires qui misaient sur ce modèle, une adaptation rapide sera nécessaire pour compenser cette baisse de rentabilité et maintenir leur compétitivité dans un marché américain désormais moins accessible.

Ralentissement économique et pression sur l’emploi

Les répercussions vont bien au-delà des ventes de véhicules à nos voisins du sud. Selon la Chambre de commerce du Canada, les tarifs annoncés pourraient engendrer des pertes de 45 milliards de dollars par an pour l’économie canadienne. Moins de croissance économique, une productivité en baisse, des emplois en péril : les effets en cascade risquent d’affecter directement les Canadiens. Et avec un pouvoir d’achat limité, les consommateurs pourraient repousser l’achat de véhicules ou se tourner vers des modèles plus abordables, ce qui entraînerait des marges plus faibles pour les concessionnaires.

« Moins de croissance économique, une productivité en baisse, des emplois en péril : les effets en cascade risquent d’affecter directement les Canadiens. »

Ce ralentissement économique pourrait toutefois amener la Banque du Canada à envisager une baisse du taux directeur pour stimuler la consommation. Un tel ajustement donnerait un coup de pouce aux concessionnaires, rendrait le financement plus accessible pour leurs clients et pourrait atténuer quelque peu les effets des tarifs douaniers américains.

Un dollar américain fort, un possible remède

Dans ce contexte incertain, la montée du dollar américain apporte une lueur d’espoir pour certains. Une devise américaine plus forte maintiendrait un certain niveau de compétitivité pour les exportations canadiennes malgré les hausses tarifaires. Cependant, cette situation reste fragile, et l’incertitude demeure pour les concessionnaires.

Aux portes d’un âge d’or financier ou d’un krach économique ?

Ce regain de protectionnisme s’inscrit dans un climat économique global de plus en plus imprévisible. Alors que les marchés boursiers s’envolent et que le bitcoin défie toutes les prévisions, la question de fond persiste : sommes-nous à l’aube d’un nouvel âge d’or économique ou au bord d’une crise financière semblable à celle du début des années 2000 ? Pour les concessionnaires canadiens, cette instabilité mondiale ajoute un facteur de risque, oblige à faire des ajustements stratégiques et incite à une gestion prudente.

Vers un futur résilient pour les concessionnaires canadiens

Malgré les défis, les concessionnaires canadiens possèdent de réels atouts pour affronter cette période incertaine. En capitalisant sur leur proximité avec les clients locaux, leur capacité d’adaptation et les occasions qu’un dollar américain fort pourrait représenter pour l’exportation, ils peuvent se préparer aux changements futurs.

À court terme, le monde de l’export reste stable. L’arrivée de Trump suscite même un fort engouement chez certains vendeurs en gros et certains exportateurs qui le perçoivent comme un stimulateur d’économie. Comme le souligne Bruno Lemire, spécialiste en vente de gros : « Je ne veux pas m’avancer, personne n’a de boule de cristal. Seul le temps nous indiquera ce qui arrivera, mais une chose est certaine, il faudra du temps avant de voir et de ressentir les effets des tarifs dont on parle. »

En somme, même si le retour de Trump pose de nouveaux défis, il ouvre également la porte à des possibilités qui, bien maîtrisées, permettront aux concessionnaires canadiens de consolider leur résilience et de rester concurrentiels sur le marché nord-américain.

À propos de Etienne Demeules

Etienne Demeules est directeur, Finances et M&A - Partenaire de DSMA. On peut le joindre à etienne.demeules@dsma.com

Articles liés
Share via
Copy link