Le retour à la normale pour 2024 ?

À tous les concessionnaires qui croyaient que la pandémie avait réussi à transformer les rouages du modèle d’affaires de l’industrie de l’automobile dans un format de « livraison juste en temps », prudence ! Tout annonce que l’année 2024 marquera le retour du cadre opérationnel que privilégient les constructeurs depuis des décennies.

Des signes qui ne trompent pas

L’année 2023 n’est pas encore terminée que déjà plusieurs signaux annoncent ce retour. À commencer par les résultats des ventes de véhicules légers lors du 1er trimestre. Selon nos données à DSMA, ces ventes ont affiché une hausse de près de 8 % (7,6 %) par comparaison avec la même période en 2022. Bien que ce ne soit pas encore tout à fait les performances qui subsistaient avant la pandémie, ces résultats démontrent que l’industrie de l’automobile retrouve peu à peu ses repères.

Que le constructeur GM ait connu l’un de ses meilleurs rendements des 4 dernières années lors du 2e trimestre de 2023 constitue un autre indice. La production du fabricant américain a repris de plus belle, ce qui lui permet de ravitailler généreusement les cours de ses concessions dans tout le continent nord-américain.

Des jours d’inventaire qui augmentent

À propos de ravitaillement, le nombre de jours d’inventaire est à la hausse. Alors qu’il se maintenait autour des 38 jours en 2022, ce nombre a bondi de 39 % en 2023. Selon nos données, cette moyenne a, au cours de l’été, atteint les 53 jours. Bien qu’il tende à se maintenir, ce nombre, lié à l’inventaire, se rapproche de la moyenne prépandémie qui avoisinait la soixantaine de jours.

Il faut comprendre que les constructeurs sont avant tout des entreprises publiques qui doivent répondre à leurs actionnaires. Leur objectif commun en est un de croissance. Et qui dit croissance, dit augmentation de la production, et du coup, du nombre de véhicules dans la cour des concessions.

Baisse de profitabilité en vue

On peut présumer que ce retour à la normale avec un plus grand choix de véhicules fera le bonheur des consommateurs. Mais pas nécessairement celui des concessionnaires qui se retrouvent, gracieuseté du contexte économique, aux prises avec plusieurs vents de face. Plusieurs d’entre eux devront composer avec un essoufflement de leur profitabilité. Une réalité qu’on voit et qu’on entend auprès de nos clients nord-américains.

Une hausse DES taux d’intérêt qui fait mal aux concessionnaires…

La hausse historique du taux d’intérêt de la Banque du Canada entamée depuis mars 2022 est en grande partie responsable de cet essoufflement. Juste en intérêt, il en coûte aujourd’hui près d’une douzaine de dollars par jour pour chaque véhicule logé dans le stationnement de la concession. Faites le calcul. Puisque la moyenne du prix coûtant d’un véhicule au pays atteint maintenant plus de 65 000 $, et que la durée moyenne de l’inventaire dépasse la cinquantaine de jours, un concessionnaire doit désormais prévoir un peu plus de 600 $ en intérêts pour chaque produit qu’il détient dans sa cour. Précisions qu’il ne s’agit, ici, que des intérêts à payer sur les autres coûts liés à l’inventaire. Les autres dépenses de la concession, notamment les emprunts en cours, sont également affectées par la hausse vertigineuse que nous fait vivre la Banque du Canada.

…et aux consommateurs

Cette hausse du taux d’intérêt vient également troubler le pouvoir d’achat des consommateurs. Certes, ils ont droit à un meilleur inventaire, mais eux aussi subissent l’impact financier de la situation. En plus de devoir naviguer avec un taux d’intérêt qui dépasse désormais les 7 ou 8 %, sur la facture du véhicule, l’augmentation du coût moyen des voitures grève de nombreux budgets. Rappelons que le prix moyen des véhicules a grimpé d’au moins 21 % en un an au 2trimestre. Ce bond dépasse même les 30 % dans la catégorie des véhicules utilitaires sport.

Prenons un montant mensuel de 800 $ qui, avant la pandémie, permettait de bénéficier d’une location d’un modèle allemand de luxe. Aujourd’hui, cette somme représente à peine ce qu’il faut débourser pour être au volant d’un véhicule de gamme inférieure.

Des transactions de concessions en vue

Par conséquent, tous ces facteurs qui influent sur l’industrie de l’automobile et qui affectent la profitabilité des entreprises, favoriseront les occasions de transactions entre concessionnaires. Les cas de relève pourraient être plus difficilement réalisables. Il se peut que des concessionnaires solos se retrouvent en situation précaire.

Autrement dit, les entreprises qui détiennent plusieurs marques d’automobiles ont de meilleures chances d’être mieux outillées pour faire face aux obstacles qui se dresseront au cours des prochains mois.

Et pourvu qu’elles soient bien gérées, plusieurs d’entre elles souhaiteront tirer profit de la situation afin de bonifier leur portefeuille.

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