Pointer du doigt n’est pas une approche utile

Comment les politiciens à Ottawa comprennent et perçoivent la crise du vol de voitures

Au cours des dernières semaines, la CADA a publiquement soutenu l’introduction, dans le budget fédéral 2024 présenté récemment, de mesures qui visent à lutter contre le vol de voitures.

Comme tout autre type de législation, le budget doit être débattu au Parlement, et ses dispositions, pour la plupart, doivent être soigneusement étudiées par des comités de la Chambre des Communes et du Sénat.

De plus, la CADA a eu l’honneur d’être invitée au comité sénatorial des affaires judiciaires et constitutionnelles (CAJC) pour donner son avis sur ces dispositions antivols spécifiques.

Même si la productivité (quelque peu tardive) du gouvernement est véritablement appréciée par l’industrie, ces audiences en commission sont l’occasion idéale de souligner la nécessité d’approuver ces mesures ou, dans certains cas, de pouvoir les modifier.

L’un des développements les plus importants de ce budget a été l’approbation d’un programme de financement supplémentaire de 28 millions de dollars destiné aux forces de police locales et à l’Agence des services frontaliers du Canada. Cela correspond directement à ce que le secteur de l’automobile, des fabricants aux exportateurs, réclame. Depuis le début de cette crise, il est apparu clairement que le principal facteur déterminant était l’absence de mesures dissuasives pour les criminels.

Que ce soit parce qu’ils ne craignent pas notre système judiciaire ou en raison de la simplicité apparente (et du gain associé) de commettre un tel crime, il ne fait aucun doute que les voleurs n’y réfléchissent pas à deux fois.

C’est en partie la raison pour laquelle la CADA était heureuse de voir tous les partis politiques collaborer et proposer des amendements positifs au Code criminel pour pénaliser l’utilisation de technologies dédiées au vol de voitures et pour saisir le rôle que joue le crime organisé dans ce type d’activités illégales.

Là où l’on pourrait bénéficier d’un financement supplémentaire, c’est du côté du manque d’application de la loi dans le port de Montréal et dans d’autres emplacements maritimes stratégiques. Faute de ressources nécessaires pour embaucher le personnel adéquat ou de fonds pour investir dans des technologies nouvelles et novatrices, nos agents frontaliers ont les mains liées pour lutter contre ces organisations criminelles.

Comme vous le savez sans doute déjà, j’aime utiliser ces chroniques pour présenter ce qui se passe du côté politique du secteur de l’automobile et la façon dont la CADA s’y implique, et aussi pour véhiculer un message plus positif, optimiste et collaboratif que celui qui provient directement de l’arène politique d’Ottawa.

Je le mentionne parce que les problèmes comme le vol de voitures sont véritablement multidimensionnels et exigeront plus qu’une vague de solutions, mais bien plutôt de multiples tentatives de la part de nos élus. D’un autre côté, tous les partenaires concernés de l’industrie, des organismes bureaucratiques aux associations spécialisées dans l’automobile comme celles que vous connaissez bien, devront continuer à se présenter comme des porteurs de solutions et éviter de libérer les gens de leurs obligations.

J’ai pu avoir un aperçu de cette mentalité de pointer du doigt en interagissant avec les responsables des ports cet été, où il me semblait que la crise actuelle du vol de voitures au Canada ne pouvait être justifiée que par l’inaction de quelqu’un d’autre. Très peu d’idées novatrices et de solutions potentielles ont été proposées lors de ces discussions, un peu comme si d’admettre qu’il y avait place à l’amélioration revenait à assumer la responsabilité de cet important problème.

« C’est en partie la raison pour laquelle la CADA était heureuse de voir tous les partis politiques collaborer et proposer des amendements positifs au Code criminel pour pénaliser l’utilisation de technologies dédiées au vol de voitures et pour saisir le rôle que joue le crime organisé dans ce type d’activités illégales. »

J’ai observé cette dynamique une fois de plus lors de mon témoignage devant le comité sénatorial. Même si les membres du comité n’ont de toute évidence manifesté aucune mauvaise volonté, la période de questions a rapidement commencé à se transformer en monologues sur la façon dont le problème du vol de voitures au Canada devrait être réglé — et aurait probablement déjà dû l’être — par l’industrie de l’automobile.

Même si la CADA a évoqué le rôle des concessionnaires d’automobiles à titre d’éducateurs sur les meilleures pratiques antivols, et que d’autres représentants de l’automobile ont présenté les nouvelles technologies mises en œuvre, la discussion est devenue moins axée sur la recherche de solutions globales à un problème complexe et davantage sur ce que le secteur de l’automobile aurait dû faire mieux.

En toute honnêteté, c’est le rôle des examinateurs publics, et ce type d’approche est souvent nécessaire. Cependant, quand elle n’est pas équilibrée correctement, cette rhétorique peut rapidement mettre les organisations en désaccord alors que, en fait, la collaboration est une priorité absolue.

En réalité, la plupart des pays ont connu une hausse des vols de voitures. Pour la plupart de ces pays, l’augmentation a été de 8 à 11 % entre 2021 et 2022. Au Canada, l’augmentation a été de 23 %. Nous traversons un phénomène propre à notre pays, qui ne pourra être résolu que si les acteurs qui ont un rôle à jouer prennent leurs responsabilités, s’améliorent, innovent et, surtout, collaborent.

Pour assurer la sécurité des Canadiens et maintenir la confiance des consommateurs dans notre industrie, toutes les parties concernées doivent continuer à partager de l’information importante, proposer des idées créatives, identifier les grandes décisions et les inévitables accidents.

Si nos dirigeants politiques et industriels continuent d’incarner cette mentalité, le Canada sera en bonne position… crise du vol d’automobiles ou non.

À propos de Charles Bernard

Charles Bernard est économiste en chef à la Corporation des associations de détaillants d’automobiles (CADA). Vous pouvez le joindre à l’adresse suivante : cbernard@cada.ca

Articles liés
Share via
Copy link