L’enquête et l’analyse d’accidents, même réactive, est un bon moyen pour ajuster et faire de la prévention

C’est aussi un geste de leadership positif d’amélioration continue !

Tous les employeurs ont la responsabilité de protéger la santé de leurs employés 

en leur procurant un milieu de travail sain et sécuritaire. Parfois, on a beau tout planifier et corriger, mais un accident survient malgré tout. On doit donc « apprendre pour éviter », et ce, le plus rapidement possible après l’accident. Moins on attend, plus la perception de notre leadership de gestion de la santé sécurité sera positive. Plus on attend, moins les faits seront clairs et moins les mesures mises en place seront pertinentes. 

L’objectif de l’enquête n’est pas prendre quelqu’un à défaut et de trouver un coupable, on veut comprendre pour éviter que cela ne se représente et informer rapidement les collègues de ce qui est et sera mis en place.

Une fois l’événement accidentel survenu, savoir identifier les causes véritables et fondamentales liées au travail permet de mettre en place des mesures pour assurer un milieu de travail sain et sécuritaire pour tous les travailleurs. « Apprendre pour éviter »

Importance d’une enquête et d’une analyse de qualité

Les rapports d’enquête ou déclarations d’accident sont des éléments essentiels de la stratégie de réduction de risques d’une organisation. Il faut apprendre de ce qui arrive.

On doit intégrer les apprentissages dans le processus de gestion des risques. Ces occasions d’améliorations peuvent contribuer à :

Éliminer le danger à la source A ; 

Bonifier les mesures de contrôle ;

Nous avons une responsabilité d’être rigoureux dans notre approche. Les rapports d’enquêtes et les analyses d’accidents sont des éléments essentiels de la stratégie de réduction de risques de votre organisation.

Qui doit enquêter et recueillir les faits ? 

Cette tâche relève nécessairement du supérieur immédiat car c’est à lui que se réfère son employé quant à son travail. Qui de mieux pour lui inspirer confiance et comprendre son travail ? 

Plusieurs gestionnaires sont gênés de poser des questions et craignent de briser le climat de travail. Pourtant la réalité est tout autre, plus nous questionnons, plus nous trouverons les causes qui sont souvent organisationnelles. La description de l’accident en sera améliorée.

Saviez-vous que pour l’année 2022 à la mutuelle de la CCAQ, 75 % des accidents déclarés ne comportaient pas une description satisfaisante pour comprendre ce qui s’est passé ? Plus de 20 % de ceux-ci n’avaient pas de description du tout ; qui plus est, certains accidents acceptés par la CNESST ne comportaient pas de fait accidentel ?

Quand doit-on enquêter et recueillir les faits ? 

Immédiatement après les faits. Pour ce faire, est-ce que les employés sont conscients que la déclaration d’accident doit être remplie après l’accident ? Qu’une cueillette des faits suivra rapidement ? C’est le signal que c’est pris au sérieux.

Comment faire une bonne analyse ? Tout part de la cueillette des faits, maximum 24 heures après le fait accidentel. Nous vous conseillons d’utiliser la méthode situationnelle de votre mutuelle de prévention car elle permet de toucher aux 6 sphères du travail et de ne rien oublier : le moment, l’environnement, le lieu, l’individu, la tâche et l’organisation du travail. Posez-vous la question : « pourquoi ? » à 5 reprises ; à chaque cause et situation anormale, vous allez trouver la cause fondamentale.

Une fois que vous serez aguerri, vous pourrez utiliser cette méthode d’amélioration continue pour chaque problème que vit votre organisation, autre que la santé et la sécurité.

Exemple d’analyse : 

Déclaration du travailleur : Mardi, 12 novembre, en rentant le matin à 7 h, car je suis préposé à l’entretien de la cour et des entrées, il faisait encore noir, je n’ai pas vu la plaque de glace juste en face de la porte d’entrée arrière. Je ne me suis pas méfié, j’ai glissé et suis tombé sur le coude. Douleur infernale, je suis allé consulter, fracture du coude.

Moment : Je suis rentré à 7 heures ; situation normale ? Oui pour cet employé.

Environnement : Je n’ai pas vu la plaque de glace ; situation normale ? Non, pourquoi ?

Il y avait de la glace, cause immédiate : pourquoi ? Parce que le déglaçage se fait à la demande, pourquoi ? Parce que pas dans le contrat de déglaçage ? Pourquoi ? Pour les coûts ; SOLUTION : à développer.

L’employé n’a pas vu la glace, situation normale ? Non, pourquoi ? Il faisait noir ? Pourquoi éclairage insuffisant à l’entrée, pourquoi ampoule non changée, pourquoi personne n’en a parlé, pourquoi ? Pas de processus formel d’information : SOLUTION : à développer.

Lieux : Je suis passé par la porte d’entrée à l’arrière, situation normale ? Oui.

Individu : Je ne me suis pas méfié, situation normale ? 

Non, pourquoi ? J’étais pressé. Pourquoi ? J’étais en retard. Pourquoi ? Cause personnelle… SOLUTION : à développer.

Non, pourquoi ? Première neige, pourquoi ? Début d’automne, pas reçu d’info, pas regardé la météo, pourquoi vu le travail, pas de raison, juste pressé. SOLUTION : à développer.

Tâche : rentrer au travail à 7 h : situation normale ? Oui.

Organisation du travail :

Rentrer à 7 heures est normal. L’employé rentre justement le premier pour déglacer et déneiger les voitures, pourquoi, car c’est son travail : SOLUTION à développer.

L’employé ne s’est pas méfié. Pourquoi ? Il n’avait pas reçu les messages de prévention, pourquoi, début d’hiver précoce ?  SOLUTION à développer.

Comme vous le voyez, faire le tour des causes et des situations normales ou non en y ajoutant la répétition de pourquoi, permet de trouver la véritable cause de l’accident, celle qui vous permettra de trouver les mesures correctives permanentes. Comme la loi demande de corriger le plus possible à la source en demandant la participation des travailleurs, pourquoi n’impliquez-vous pas le représentant des employés dans la cueillette des faits et recherche des solutions ?

Trucs et astuces du conseiller d’expérience : 

Rappelez-vous : la plupart des accidents sont anodins. Sauter sur la première cause venue est l’erreur que nous faisons tous. Aussi, chaque accident survenu sur les lieux du travail alors que le travailleur est au travail, bénéficie d’une présomption et sera, la plupart du temps, considéré comme un accident de travail. Si vous aidez votre employé sans jugement par des questions ciblées dans sa description de l’événement en touchant les 6 éléments du travail décrit précédemment, cette dernière sera complète et renfermera l’information permettant à un néophyte ou un collègue de comprendre ce qui s’est passé.  Cette compréhension par tous facilitera l’application des mesures mises en place.

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