Les leçons apprises de l’utilisation d’un VÉ

Pour stimuler l’adoption des véhicules électriques, les personnes qui travaillent en concession doivent en faire l’acquisition et les utiliser au quotidien.

En octobre 2022, j’ai partagé mes premières impressions sur la transition que j’ai effectuée d’un véhicule à moteur thermique à un véhicule électrique à batterie.

Quelque 24 mois après mon achat et plus de 42 000 kilomètres parcourus, il me semble que le moment est venu de réfléchir à mon expérience et de partager les bons et les moins bons points ainsi que les implications pour les concessionnaires et les constructeurs d’automobiles. Le véhicule électrique est mon véhicule principal.

La liste des éléments qui ont répondu à mes attentes ou qui les ont dépassées sont les suivants :

Le véhicule : performances, plaisir de conduire, habitacle confortable et silencieux. Quand je conduis un véhicule à moteur thermique, je suis frappé par son manque de raffinement. Et même si j’ai une configuration à transmission intégrale à 2 moteurs (idéale pour la conduite hivernale), la plupart du temps, je suis sur le mode propulsion. Ce n’est pas exactement la tenue de route d’une voiture de sport, mais c’est mieux que ce à quoi je m’attendais. L’espace intérieur, en particulier pour les jambes, est incroyable.

La fiabilité : Je touche du bois, je n’ai aucun problème de qualité à signaler, seulement quelques mises à jour logicielles nécessaires. Ces mises à jour ont été effectuées par mon technicien. Une mise à jour en direct (OTA) aurait-elle été préférable ? Certainement. Les mises à jour OTA sont désormais standard sur les modèles les plus récents.

L’expérience au Service : Je me rends deux fois par an au service après-vente de ma concession pour le changement saisonnier des pneus et pour faire inspecter la batterie et les freins. La concession est située à proximité de mon bureau, ce qui est pratique et efficace. J’aimerais juste qu’ils arrêtent de me demander si j’ai besoin d’une vidange d’huile et du remplacement du filtre pendant la visite. Euh, non merci ! 

Les coûts de possession : Ça dépasse mes attentes. Je dépense trois fois moins sur la recharge de mon véhicule électrique que sur l’essence sans plomb ordinaire de mon véhicule à moteur thermique de taille comparable avec le même kilométrage annuel. Ma facture d’électricité mensuelle s’élève en moyenne à 80 $ (combinaison de recharge à domicile et dans une borne publique). J’économise également sur le service de vidange d’huile et de remplacement du filtre, qui n’est plus nécessaire, mais je compte restituer toutes ces économies lorsque je remplacerai les pneus un an ou deux plus tôt qu’avant (merci la batterie lourde et, parfois, les départs au feu vert trop enthousiastes). Ma prime d’assurance pour véhicule électrique est également un peu plus élevée. Dans l’ensemble, je suis bien en avance en ce qui concerne les frais d’utilisation.

La recharge : Ma « station-service » se trouve dans mon garage. Plus de 90 % des kilomètres que j’ai parcourus proviennent de ma borne de recharge L2 à domicile. Rien de plus simple ni de plus pratique. Nous avons également une borne L2 au bureau, mais je n’ai jamais eu besoin de l’utiliser.

La batterie : Jusqu’à présent, je n’ai constaté aucune dégradation notable de la batterie, ce que j’attribue à mes habitudes de charge (névrotiques). Je ne charge presque jamais à plus de 80 % et je règle l’ampérage de ma borne de recharge domestique — facile à faire avec l’application — pour charger plus lentement que le maximum de 48 A (jusqu’à 18 ampères quand j’ai toute la nuit). Une charge plus lente exerce moins de pression sur la batterie. J’utilise rarement des bornes de recharge rapide en courant continu des raisons que j’expliquerai sous peu.

Certains aspects de mon expérience avec un véhicule électrique m’ont surpris (et qui n’auraient probablement pas dû si j’avais fait plus de recherches ou si mon conseiller commercial m’avait bien conseillé) :

L’autonomie : Malgré une autonomie annoncée de plus de 400 kilomètres, j’hésite encore à prendre la route avec mon véhicule électrique dans un rayon de plus de 250 kilomètres autour de chez moi. J’ai découvert avec un certain stress que la température, qu’il fasse froid ou chaud, a un impact important sur l’autonomie ; il en est de même des vitesses supérieures à 110 kilomètres/heure. Bien que des progrès aient été réalisés au cours des deux dernières années dans les installations de recharge publiques le long du corridor Windsor-Québec, ce n’est pas encore suffisant. Je ne veux tout simplement pas avoir à me soucier de cela. L’accès au réseau de recharge Tesla en 2025 avec un adaptateur NACS pourrait m’aider à changer d’avis.

La valeur résiduelle : Rétrospectivement, j’aurais préféré louer mon véhicule électrique. À l’époque, le taux de financement était inférieur de plusieurs points au taux de location. Aujourd’hui, je risque de rester coincé avec le véhicule pendant un certain temps, car la valeur résiduelle des véhicules électriques a chuté plus rapidement que celle des véhicules à moteur thermique. Comme les batteries et les logiciels s’améliorent rapidement, il est plus logique de louer un véhicule électrique pour profiter des dernières technologies tous les deux ou trois ans.

En résumé, sachant ce que je sais maintenant, est-ce que je prendrais la même décision ? Assurément. Je doute sérieusement revenir un jour au moteur thermique, à moins que quelqu’un ne m’offre une 911. Les véhicules électriques, bien qu’ils en soient aux premiers stades de leur développement, offrent une expérience de conduite supérieure à la plupart des options à moteur thermique, sans parler de leurs avantages écologiques.

Les leçons apprises

Puisque j’ai l’avantage de vivre avec un véhicule électrique au quotidien depuis 730 jours, j’offre les conseils suivants (certes non sollicités) aux concessionnaires et à leurs partenaires constructeurs :

Vos équipes de vente et de service doivent également vivre avec un véhicule électrique pour interagir efficacement avec vos clients et propriétaires potentiels. 

Bien que la formation sur les véhicules électriques soit indispensable, une séance de conduite de un ou de deux jours lors du lancement du véhicule ne suffit pas à vos conseillers commerciaux et de service pour apprécier pleinement la réalité des véhicules électriques du client.

Les constructeurs doivent insister pour que leurs employés, qu’ils soient en entreprise ou sur le terrain, conduisent un véhicule électrique en guise de démonstration. Les concessionnaires doivent faire de même. Pour les membres de l’équipe qui ne disposent pas d’une voiture de société, mettez des véhicules électriques à disposition pendant des périodes prolongées afin qu’ils puissent apprécier le mode de vie avec un véhicule électrique.

Si nous vendons des véhicules électriques sans comprendre pleinement leurs avantages incroyables et leurs limites, nous ne pouvons pas servir correctement les intérêts de nos clients. Un véhicule électrique n’est pas simplement un véhicule doté d’un groupe motopropulseur différent. Les véhicules électriques représentent une forme de mobilité différente, sont dotés d’un écosystème différent de celui des véhicules à moteur thermique et nécessitent une éducation et une modification du comportement dans la façon dont nous nous déplaçons du point A au point B.

Les batteries à semi-conducteurs et une infrastructure de charge plus robuste pourraient éventuellement changer cette réalité ; cependant, à l’heure actuelle, les clients, pour la plupart, ont besoin de conseils pratiques pour comprendre si un véhicule électrique peut s’intégrer dans leur vie quotidienne.

Nous sommes passés du statut d’adopteurs précoces à celui d’acheteurs majoritaires précoces. Ces clients ont besoin d’une expérience plus conviviale : une assistance pour la configuration de la recharge à domicile, les meilleures pratiques de recharge, les applications de recharge et de véhicule, et les considérations sur le coût de possession.

Offrez à vos clients la gamme complète d’options électrifiées en fonction de leurs besoins

La croissance des véhicules électriques étant modérée cette année, les constructeurs d’automobiles s’efforcent d’offrir aux consommateurs canadiens une gamme plus large de véhicules électriques : hybrides (HEV), hybrides rechargeables (PHEV), électriques à batterie (BEV) et électriques à autonomie prolongée (EREV). Je suis particulièrement enthousiaste à propos de cette dernière option : les véhicules électriques à autonomie prolongée utilisent une batterie plus grande que celle d’un hybride rechargeable pour atteindre une autonomie électrique de plus de 200 kilomètres et un moteur à combustion beaucoup plus petit qui fait tourner une génératrice pour alimenter la batterie. Oui, les EREV brûlent du carburant, mais en quantité nettement inférieure, produisent moins d’émissions de CO2 que les moteurs à combustion interne et affichent une autonomie combinée supérieure à 700 kilomètres. Les EREV ont toute la douceur et le raffinement des BEV, car seul le moteur électrique propulse le véhicule.

Alors que de nouvelles options électriques arriveront dans vos salles d’exposition au cours des mois à venir, vos équipes de vente devront aider les clients à trouver le véhicule adapté à leurs besoins spécifiques. Les conseillers commerciaux qui investissent (même quelques minutes) dans une évaluation appropriée des besoins bénéficieront d’un taux de fermeture de la transaction plus élevé et de clients plus satisfaits que les conseillers qui sautent cette étape critique.

L’idée de comprendre l’utilisation du client, un terme habituellement utilisé dans le secteur des logiciels, doit redevenir une étape fondamentale de notre processus de vente si nous voulons maximiser les occasions de vente que représentent les véhicules électrifiés.

À propos de Darren Slind

Darren Slind est cofondateur et directeur général de Clarify Group inc.; il est respecté à titre d'analyste dans l'industrie de l'automobile. Vous pouvez le joindre à l'adresse de courriel suivante : dslind@clarify.group

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