2025 est déjà une année charnière en politique nord-américaine, et, à juste titre, les membres de l’industrie de l’automobile ont suivi de près les tractations commerciales en cours qui ont dominé le paysage médiatique.
Je crois qu’il importe cependant de garder à l’esprit qu’il existe de nombreuses dates d’élections clés et, par conséquent, des résultats potentiels intrigants qui pourraient véritablement façonner le paysage de notre pays, alors que nous évoluons dans un environnement sociopolitique de plus en plus instable, tendu et incertain.
Compte tenu de la quantité de manœuvres politiques (positives et négatives) qui ont été menées ces dernières années dans l’industrie de l’automobile, il est important de suivre les grandes tendances.
D’abord, les élections, qui ont eu lieu en février en Ontario, contribueraient à stabiliser une partie de la gestion dont le Canada a fait l’objet en ce qui concerne ses relations avec les États-Unis. Le premier ministre Doug Ford continuera d’être un chef de file sur la scène politique canadienne.
Cependant, la période qui précède cette élection a mis en lumière des préoccupations majeures en Ontario ; le premier ministre Doug Ford et ses députés conservateurs étaient sous pression pour mettre en place un nouveau gouvernement en raison de la controverse entourant la ceinture verte de l’Ontario.
La proposition d’ouvrir certaines parties de la ceinture verte de l’Ontario au développement immobilier a soulevé une vive controverse, notamment à cause de son statut de zone protégée. Alors que la controverse a incité M. Ford à changer d’avis, le Parti libéral a utilisé les critiques pour promouvoir la nécessité d’un changement de gouvernement.
Bien qu’il y ait eu de profonds désaccords avec certaines de ses principales politiques gouvernementales, il ne fait aucun doute que Doug Ford, par son image et sa personnalité, a bénéficié du vide politique causé par l’absence, ou du moins par le manque de clarté, de directives au niveau fédéral concernant les échanges commerciaux nord-américains.
La volonté des premiers ministres provinciaux de travailler ensemble pour dialoguer avec les représentants américains est une évolution positive par rapport à une approche province par province. Elle semble être le résultat de l’établissement d’une solide relation dirigée par le premier ministre de l’Ontario.
Il sera fascinant de voir si cet alignement provincial provisoire, qui n’est pas dans la tradition du système politique canadien, demeure une ressource et un pilier de stabilité même si la situation du leadership fédéral est résolue.
« D’abord, les élections, qui ont eu lieu en février en Ontario, contribueraient à stabiliser une partie de la gestion dont le Canada a fait l’objet en ce qui concerne ses relations avec les États-Unis. Le premier ministre Doug Ford continuera d’être un chef de file sur la scène politique canadienne. »
D’ailleurs au chapitre du leadership fédéral, avec la démission du premier ministre Justin Trudeau, un nouveau chef libéral sera élu le 9 mars, et deux candidats sont en tête de liste. Mark Carney et Chrystia Freeland sont devenus les favoris et se livrent actuellement une lutte acharnée pour diriger le parti.
Dans les faits, tout semble indiquer que M. Carney est en bonne voie de remporter la victoire, car il se démarque suffisamment du bilan du gouvernement actuel tout en adoptant un ton sobre et une approche basée sur l’expérience quand il s’agit de discuter de la politique économique canadienne ainsi que de la place et du rôle de la nation dans le monde.
M. Carney possède une solide expérience en économie, notamment à titre de gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. S’appuyant sur sa formation économique, il a affirmé qu’il pouvait annuler les récentes hausses du taux d’imposition des gains en capital.
M. Carney aborde l’augmentation des tarifs douaniers américains avec calme et propose un plan en cinq étapes pour équilibrer le budget fédéral d’ici trois ans. Il a déclaré qu’il négocierait avec M. Trump lorsque les États-Unis seront « sérieux », et que son expérience à la Banque du Canada serait rassurante si le pays devait faire face aux pressions inflationnistes liées à l’imposition de tels tarifs.
Galvanisés par les résultats d’un sondage, de nombreux membres du Parti libéral ont le sentiment d’avoir trouvé une personne qui est, du moins pour le moment, à l’abri de certaines des tactiques les plus fréquemment utilisées par le candidat favori, Pierre Poilièvre, du Parti conservateur.
Bien que le parti soit toujours en tête, la lutte électorale sera plus serrée ; si la tendance se maintient, le Canada ne serait pas dirigé par un gouvernement conservateur majoritaire, mais minoritaire.
Ce changement important de l’opinion publique s’est concrétisé assez rapidement et a évidemment été exacerbé par les commentaires et le comportement général de la présidence américaine.
Simplement parce que, depuis les douze derniers mois, les conservateurs ont martelé deux choses : le Canada est brisé, et Justin Trudeau en est la cause. En ce moment, le premier point est sans intérêt pratique (même si le Parti conservateur souligne une forte corrélation entre les deux) et le deuxième, soit la démission de Justin Trudeau, qui n’aurait pas pu arriver à un pire moment.
Au moment où le Canada est confronté à des perturbations économiques majeures et à des déclarations d’annexion, le discours public a consisté à déterminer ce qui nous rend uniques, ce qui fait notre force et ce qui pourrait être encore mieux si nous comptions un peu plus sur nous-mêmes.
« Il est évident que les prochains mois seront déterminants pour les concessionnaires d’automobiles canadiens. »
Le piètre état du pays n’est plus le sujet de conversation, mais le potentiel du Canada l’est. Les conservateurs opèrent lentement, et non sans difficulté, ce changement de cap et ils ont souffert de l’incapacité des Canadiens à associer d’autres visages au parti que celui de l’un des chefs du parti.
Une élection fédérale doit avoir lieu d’ici la mi-octobre, mais les experts, pour la plupart, semblent s’accorder pour dire que le prochain chef libéral pourrait déclencher la période électorale dès la fin de mars ou le début d’avril, principalement pour tirer parti des résultats positifs des sondages.
Chaque fois que la tenue des élections est abordée, le chef de l’opposition espère retrouver son élan dans sa campagne et ses importants efforts de plaidoyer en faveur d’un mouvement « Le Canada d’abord », axé sur l’indépendance croissante du Canada face aux États-Unis. Les discussions entourant l’Arctique seront également essentielles : les conservateurs en ont fait une priorité, tandis que des rumeurs laissent entendre que M. Carney briguerait, s’il était élu chef, le seul siège des Territoires du Nord-Ouest.
À l’issu des prochaines élections fédérales, le premier ministre nouvellement élu devra immédiatement répondre aux enjeux mondiaux, en particulier avec les États-Unis. L’incapacité à tisser des relations productives pourrait forcer le Canada à diversifier ses partenaires commerciaux et pourrait éventuellement pousser le président Trump à revoir ses mesures.
Il sera primordial pour les relations diplomatiques de se pencher sur ces préoccupations au sommet du G7, qui se tiendra en Alberta du 15 au 17 juin, puisque le rétablissement ou le maintien de la stabilité avec les États-Unis sous l’administration Trump demeurent incertains. Au rythme où la situation évolue, toutefois, certains pourraient même se demander si le sommet du G7 aura lieu un jour.
Il est évident que les prochains mois seront déterminants pour les concessionnaires d’automobiles canadiens. Le succès de l’industrie de l’automobile au Canada est profondément ancré dans une intégration économique nord-américaine efficace, et les concessionnaires d’automobiles ont fait entendre leur voix au sujet des effets que les perturbations commerciales pourraient avoir sur leurs consommateurs, leurs activités et leurs investissements futurs.
En effet, indépendamment du déroulement de ces processus électoraux, notre industrie continuera d’être une source de renseignements fiable, de perspectives et de critiques constructives pour ces gouvernements nouveaux ou modifiés qui tentent de naviguer dans un paysage géopolitique de plus en plus complexe.
Pendant des décennies, les concessionnaires d’automobiles ont persévéré malgré les crises économiques et politiques et ont maintenu des liens étroits avec leurs communautés respectives, ce qui explique pourquoi ils continuent d’être un élément important de la vie politique ici au Canada.







