Vente d’automobiles : La prochaine étape

NOUS SOMMES EN 2030. LA VENTE ET L’ENTRETIEN DES VOITURES ONT CHANGÉ.

Elles ne se font plus dans les salles d’exposition et les vastes départements d’opérations fixes; tout se fait plutôt virtuellement. Les acheteurs peuvent choisir toutes les options et les caractéristiques voulus pour leur prochain véhicule par l’entremise d’un écran tactile. Les concessions d’automobiles existent toujours, mais elles sont, la plupart du temps, devenues des boutiques qui font des affaires dans des zones commerciales tendance. Quant au service, les voitures sont ramassées et ramenées à la résidence des clients; plus besoin de prendre rendez-vous et de se rendre à la concession.

Dans le premier d’une série spéciale en huit parties, nous rencontrons Bill Tanner, un concessionnaire prospère qui, après avoir construit son empire il y a bien longtemps dans l’ancienne façon de faire, est entré de plain-pied dans la nouvelle réalité virtuelle de la vente et de l’entretien d’automobiles.

cnes.ch5.securiteJ’aime ce quartier — surtout quand le soleil brille et qu’il y flotte une odeur de prospérité. À cet endroit, d’où je peux regarder l’auvent abritant l’entrée de la concession de l’autre côté de la rue, je peux voir toutes les allées et venues sans me faire remarquer. C’est le meilleur endroit que je connaisse où il est possible de prendre un peu de temps pour réfléchir, même si je n’en ai pas beaucoup par les temps qui courent.

Il y a juste assez de place entre le magasin de vélos de Bertie et cette place où l’on vend des produits sans gluten d’où, par temps clair, vous pouvez voir toute la ligne d’horizon.

Vous pensez que je me cache ? Je sais, Jenn l’a dit en plaisantant; maintenant je suis ici et je me souffle dans les mains pour les garder au chaud. Peut-être devrais-je me demander s’il y a une part de vérité là-dedans. Je n’ai pas fumé depuis 20 ans, donc je n’ai pas cette excuse. C’est juste que certains jours, je ne supporte pas de rester à l’intérieur.

LA NOSTALGIE DES VIEUX JOURS
Je suppose que Lori a raison. Je m’ennuie du bon vieux temps. Bien sûr, ce n’était pas toujours avantageux et, parfois, l’économie n’était pas de notre bord non plus. Tout cela nous mettait de la pression. Ma concession avait alors 40 000 pieds carrés, et j’avais beau regarder partout, il n’y avait plus de terrain à acquérir. Des acquisitions, j’en ai fait aussi. Sans vouloir me vanter, je ne pense pas qu’il existe un prix dans l’industrie que je n’ai pas gagné.

Ils vous en mettent plein la vue avant de vous tasser. Meilleur au chapitre des ventes, meilleur au Service, prix du président, concession qui a le plus gros volume de ventes au pays, et pas seulement une fois, mais chaque année depuis 15 ans. Et maintenant, me voici, debout sur le coin de rue dans le quartier le plus branché de la ville à regarder la devanture de 2 000 pieds carrés qui a remplacé l’ancienne partie avant toute vitrée, la salle d’exposition qui servait à montrer chaque modèle de l’année, le grand bureau de la réceptionniste, la salle à manger et les aires de service, tout cela étant devenu désuet.

Et moi ? Je n’ai pas envie d’être désuet pour l’instant. D’une part, il y a le problème de mes garçons à régler. Je vous le dis, je suis gêné — cette situation est presque un cliché. J’ai un fils qui veut que je parte, et un autre qui ne peut encore se passer de moi. Ne vous méprenez pas, j’aime mes fils. Mais Ethan est sensé et génial; il comprend bien le processus de vente, ce qui motive les gens — et Dylan a la volonté. Ensuite, il y a Lori, bien sûr. Je ne pense pas qu’il se passe un jour sans qu’elle ne glisse le mot « retraite » dans la conversation.
Elle ne cesse de nous appeler « parents dont les enfants ont quitté le nid familial », mais la concession a toujours été comme son nid. Mon nid était à la salle d’exposition. Je vous jure, la prochaine fois qu’elle prononce le mot « croisière », je pense que je vais crier.

Ah, je suis découvert. Jennifer passe la tête par la porte de la concession, tend la main et pointe son index vers ​​moi, le symbole international pour « amène-toi ici tout de suite ». Et c’est ce que je fais. Je traverse la rue et j’entre. Ça me prend encore un peu par surprise, cette nouvelle « concession », même maintenant, après trois ans.

C’est bien, je ne peux le nier. Aucun détail n’a été négligé, des planchers de bambou aux carreaux de mosaïque de verre sur les murs en passant par les logos monochromes sobres mais clairs qu’on voit partout sur le plafond et dont la silhouette tombe sur le sol à cause des appliques lumineuses au haut des murs.

cnes.ch5.securiteSOIGNEUSEMENT ÉTUDIÉ
J’avais des doutes, mais les concepteurs du fabricant m’ont assuré que tout est soigneusement étudié, que la science sauvegarde chaque choix. Ils ont même envoyé un expert régional car, apparemment, quelques différences subtiles dans les couleurs peuvent entraîner une amélioration du retour sur l’investissement de près de 3 %.
Jennifer est debout juste à côté de son ordinateur qui émet des sons de petits rires de l’intérieur. Jenn était toute une associé aux Ventes dans l’ancienne concession, mais elle n’a jamais tout à fait trouvé sa place dans ce nouveau milieu. C’est une fille très bien, mais on ne peut nier que ses beaux jours sont probablement révolus.
J’ai déjà réduit ses heures dans la mesure du possible. La prochaine étape, il faudra la mettre à la porte. Elle ne peut tout simplement pas conclure de ventes par les temps qui courent. Elle ne veut pas passer à la vente en ligne, elle dit qu’elle ne connaît pas autre chose que les rencontres en personne. J’essaie de lui dire que ce n’est tout simplement plus la façon de faire, mais Jenn n’y peut rien. Voilà un problème qu’il faudra régler un autre jour.

Je regarde l’écran tactile pour voir ce qu’il affiche. C’est un Juno. La marge bénéficiaire est minuscule, et comme il est complètement personnalisable — qu’est-ce qui ne l’est pas de nos jours ? — j’essaie de rester loin du Juno, simplement parce qu’il ne se présente jamais comme les gens l’imaginent. Je touche, je glisse, je fais quelques choix dans le menu, et le rire s’arrête. Maintenant, ils conduisent un Bacchus. Avec quelques mouvement de souris, je mets en marche le système d’infodivertissement, je règle la suspension et sélectionne des pneus plus larges pour l’aider à « mieux tenir la route ». J’entends le monsieur qui émet des sons approbatifs.
« Mec », dit le gars, en jetant un œil à Jenn et s’adressant à moi. « Qu’est-ce que c’est ? Ça roule comme sur des rails ! »

« N’est-ce pas ? » La femme est belle, et je touche à peine son coude quand je les éloigne de l’ordinateur vers le mur d’options de couleurs, des échantillons de tissus d’intérieur, des peaux et d’autres choix de personnalisation. « Que pensez-vous, ma chère ? » Baissant les yeux, je remarque qu’elle porte des chaussures de vélo, le type de tourisme que les gens portent sur ​​les vélos à 2 000 $ pièce. « Vous savez, le porte-vélos sur cette beauté vaut à lui seul le prix d’admission. » Leur attention a monté d’un cran. Je regarde par-dessus mon épaule vers Jenn qui se tient juste là, à me regarder les amener plus loin.

Que je sois damné si ça m’arrive. Y a-t-il encore du terrain à conquérir ? Bien sûr qu’il y en a. Il y a un tout nouveau modèle, la prochaine étape dans l’évolution. Le super-concessionnaire est peut-être disparu, mais ce petit espace de boutique n’est pas son dernier lieu de repos. Attendez. Vous n’avez encore rien vu.

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