CarrXpert Jacques Levesque Rimouski et Carrossier HM Lévis

Michaël et Mélyna Daisy Levesque
L’industrie de la réparation de carrosseries d’automobiles vit de profonds changements. Et la tendance amorcée ne cesse de s’intensifier. Elle façonne l’avenir du marché et l’agilité des professionnels du métier. Regard sur les difficultés d’adaptation et réflexion sur l’exponentiation des exigences. Rencontre avec Michaël Levesque, propriétaire dirigeant de deux ateliers.
Michaël Levesque est président de Carrosserie CarrXpert Jacques Levesque à Rimouski et de Carrossier CarrXpert HM à Lévis. L’atelier de Rimouski a été fondé en 1978 par son père, Jacques Levesque. Le local était situé à l’origine à Saint-Anaclet. En 2005, le fondateur déménage l’atelier. Il mène ce projet pour agrandir et moderniser les installations. Il bâtit sa vision en s’associant à sept concessions d’automobiles de la région. Ces concessionnaires deviennent des partenaires. Michaël et sa sœur, Myléna Daisy, rachètent les parts de leur papa en 2016. Ils poursuivent l’aventure lancée sous ce coactionnariat avec aujourd’hui douze concessions associées.
Aussi, profitant d’une occasion d’affaires dans Chaudière Appalaches, Michaël et Myléna Daisy s’inspirent de la formule et achètent un centre de réparation de carrosseries établi depuis 2006 à Lévis. L’atelier, nommé aujourd’hui Carrossier CarrXpert HM, est ainsi acquis en 2021. Les concessionnaires de Lévis sont invités à prendre part à l’actionnariat avant la transaction. Les bannières locales Honda et Mazda sont les premières à s’associer au projet. D’autres partenaires régionaux s’ajouteront au fil des ans. L’entreprise régionale de Lévis compte désormais six concessionnaires d’automobiles partenaires avec Michaël et Myléna Daisy.
Maîtriser l’évolution
À l’image de l’enseigne de Rimouski, cet atelier est implanté dans une aire rigoureusement aménagée et à la fine pointe de la technologie d’industrie. Les deux sites regroupent des travailleurs extrêmement qualifiés. Il s’agit d’une disposition essentielle à la bonne marche des activités. Dans le tourbillon incessant d’innovation automobile, la réparation des éléments de carrosserie et des composants de structure des véhicules endommagés doit être intensivement maîtrisée, précise le titulaire d’un baccalauréat en génie mécanique, Michaël Levesque. « Nos ateliers accueillent des véhicules accidentés à essence et tout électriques, des produits équipés de systèmes électroniques dernier cri, dont des dispositifs radar raffinés, à remettre en état ».
Tel un jeu de dominos, ce courant de changement initié au cours des dernières années a modifié beaucoup d’autres pratiques de réparation. L’évolution a commencé il y a quelques années avec l’objectif d’abaisser les cibles de GES. Ces normes ont permis d’alléger le poids des véhicules. Elles ont favorisé la création de superstructures de châssis et de carrosseries. Ce sont des composants qui se réparent différemment, selon des méthodes non enseignées auparavant. Il faut aussi compter sur l’avènement et l’expansion des technologies d’aide à la conduite pour automobile. Ces éléments, comme les phares adaptatifs et intelligents pour ne citer que ceux-là, contribuent à hausser le prix des pièces et des coûts de réparation. Car ils ajoutent à la complexité et au temps de réparation des véhicules. En présence de coûts de remise en état parfois exorbitants, des assureurs déclarent plus souvent qu’avant des véhicules pertes totales. Ce qui nous laisse moins de travail », déplore-t-il.
« L’impact de ces changements transforme également l’exercice de la profession dans les centres d’entretien et de réparation mécanique des concessions d’automobiles. Il agit d’une façon plus importante sur les méthodes et l’équipement utilisés pour la remise en état des structures et des carrosseries des véhicules endommagés après une collision. Ces changements affectent particulièrement le domaine de la santé et de la sécurité du travail du personnel d’atelier. Il s’ajoute à tous les aspect de la qualification professionnelle. Prenons l’exemple de la batterie d’un véhicule électrique. Il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de risque de surchauffe ou de déflagration quand nous intervenons sur ce type de composants. Car quand un feu se déclare dans un véhicule électrique, il est difficile, impossible, même, de l’arrêter. Un VÉ qui prend feu dans un atelier peut aisément propager l’incendie à tout le bâtiment et provoquer la perte complète des installations. »
Si le VÉ est en bon état, il n’y a pas de danger, résume Michaël. « Cependant, après un accident, il en va autrement. Le procédé de décharge de la batterie peut être affecté et constituer un danger pour la sécurité du technicien et de l’ensemble des employés de l’atelier. La gestion de ce risque pour l’industrie constitue l’un des principaux défis des années à venir. Nous devons nous assurer qu’un mauvais fonctionnement de la batterie entraîné par un accident d’automobile et sa réparation ne causent des blessures graves ou un décès. Des discussions avec l’industrie sont d’ailleurs en cours pour prévenir ce genre de risque et créer des solutions. »
Démarches d’avenir
« Des pistes sont à l’étude. Or, comme dans beaucoup d’industries, la formation est souvent en retard sur le quotidien des travailleurs. Au-delà de l’enjeu de l’enseignement, le défi demeure entier car les programmes actualisés de formation tardent à suivre la vitalité de développement de la technologie automobile en constant essor. Les VÉ étaient là bien avant qu’on constate les risques inhérents à la sécurité. Pourtant, on en connaissait peu sur les méthodes à employer pour corriger les défectuosités potentielles de ces véhicules dans nos ateliers », souligne-t-il.
« Les centres de formation et de perfectionnement professionnels pour les recrues autant que pour le personnel déjà en poste dans nos ateliers s’affairent à modifier les programmes de cours pour la prochaine session scolaire. Cependant, nous sommes une étape en retard sur la réalité d’aujourd’hui en matière de mise à niveau des compétences de nouvelle génération pour les travailleurs des centres d’entretien et de réparation de carrosseries actuellement en emploi. Précisons que les comités paritaires de l’industrie font tout ce qui est humainement possible pour combler ce retard en mécanique automobile. »
« Nous devons cependant admettre que le domaine de la réparation de carrosseries est un parent pauvre de cette adaptation. L’industrie de la réparation de carrosseries gagnerait à accélérer le rythme de l’évolution à ce chapitre », conclut Michaël Levesque pour qui l’investissement continu dans la formation et la qualification professionnelles font légion dans ses deux ateliers.
