De retour à des résultats positifs

LE RETOUR À UN EXCÉDENT BUDGÉTAIRE SE FERA JUSTE À TEMPS POUR LA PROCHAINE ÉLECTION FÉDÉRALE.

light-tunnelLes gouvernements à tous les niveaux au Canada gèrent un déficit depuis si longtemps maintenant qu’on peut pardonner aux contribuables de penser qu’il n’y a jamais eu un excédent budgétaire dans ce pays. Pourtant, il y en a eu un et, tout compte fait, ce n’était pas il y a si longtemps.

Avant que la récession ne s’installe à la fin de 2008, on a eu un surplus au niveau fédéral et dans la plupart des provinces. Mais à une époque où on mesure le cycle des nouvelles en heures, cette période de surplus est en effet très loin.

Au niveau fédéral, les derniers mois ont laissé entrevoir la lumière au bout du tunnel après un exercice de six ans. C’est un secret de Polichinelle que les conservateurs fédéraux envisagent d’équilibrer les comptes du pays juste à temps pour la prochaine élection à l’automne 2015.

Mais comme nous nous approchons de cette date, les détails commencent à se préciser. Chacun de leurs derniers budgets présentait des prévisions qui, lentement mais sûrement, permettaient de voir qu’on passait de résultats négatifs à positifs. Ils ont été critiqués tout au long de ce processus pour ne pas avoir expliqué précisément comment ils entendaient éliminer le déficit qui a atteint plus de 50 milliards de dollars il n’y a pas très longtemps. Cependant, les événements ont largement milité en faveur du contexte budgétaire prévu : le déficit cèdera progressivement la place à un surplus dans environ un an et demi.

DES ESTIMATIONS CONSERVATRICES
Lors de la révision de l’automne dernier en matière d’économie, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a révélé les dernières nouvelles : l’excédent en 2015-2016 sera de 3,7 milliards de dollars, soit près de cinq fois les 800 millions de dollars qu’il avait prévus moins d’un an avant dans le budget de 2013. En outre, l’analyse de cette révision a montré que la nouvelle prévision elle-même était basée sur des hypothèses assez conservatrices en termes de croissance économique et de revenus au cours des deux prochaines années. Il est également possible que les surplus que nous aurons lors de l’année de l’élection soient encore plus importants.

Cela représente ironiquement une sous-estimation des surplus par le gouvernement conservateur qui avait critiqué le gouvernement libéral de l’époque pour la même raison. Que nous puissions bientôt revenir à une situation budgétaire – au niveau fédéral, du moins – où notre plus gros problème est que les surplus sont sous-estimés signifie qu’il y a beaucoup d’endroits sur terre où il fait moins bon vivre qu’au Canada. C’est le cas, si jamais vous aviez des doutes.

Si l’on est cynique, on pourrait prétendre que ce n’est pas une coïncidence si le déficit sera éliminé l’an prochain, au moment où nous irons aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Les Conservateurs, après tout, ont fait leur dernière campagne sur rien de bien nouveau, si ce n’est une série de promesses qui touchaient la fiscalité et les dépenses qu’on considérait, à l’époque, comme dépendantes des surplus. Soucieux de se montrer comme les gardiens des deniers publics, aucune nouvelle dépense n’aurait lieu aussi longtemps qu’il y avait un déficit.

Effacer ce déficit juste à temps pour l’élection de 2015 signifie qu’on brandira des milliards de dollars aux yeux de l’électorat juste à temps pour son retour à la boîte de scrutin fédérale.

Quelle belle nouvelle pour le parti au pouvoir !

Donc, notre cycle budgétaire est lié à notre cycle politique. Ce n’est une nouvelle pour personne. Y a-t-il une raison qui fait que nous devrions revenir aux surplus en 2015 et non, disons, en 2016 ou en 2020 ? Pas vraiment.

Les montants – aussi importants soient-ils pour les individus – représentent des miettes de notre important PIB en croissance. Que le budget affiche 3 milliards de dollars de résultats positifs ou 8 milliards de dollars dans le rouge dans une période de deux ans, on parle de chiffres marginaux dans le contexte d’une économie qui requiert deux billions de dollars par an. Marginal d’un point de vue économique; moins d’un point de vue politique.

Related Articles
Share via
Copy link