Découvrez qui sont les gagnants et les perdants, et pourquoi ils le sont, dans notre analyse annuelle des tendances des ventes de véhicules neufs
La prévisibilité n’est plus au rendez-vous.
Au cours des cinq dernières années, l’industrie automobile du Canada est passée d’une pandémie qui a fait chuter la demande, puis l’a fait grimper en flèche, à une crise de la chaîne d’approvisionnement qui a entraîné une quasi-disparition des stocks et des bénéfices impressionnants pour les concessionnaires.
Dans un contexte rapidement marqué par la diversité des préférences des consommateurs en matière d’automobiles et, dans une certaine mesure, stimulé par l’intervention du gouvernement, on a assisté à un retrait soudain des mesures incitatives gouvernementales en faveur des véhicules électriques et à un revirement abrupt après des décennies de libre-échange automobile en Amérique du Nord.
Je parie que vous n’aviez pas vu cela venir.
L’industrie automobile canadienne a fait preuve d’une grande résilience face aux défis économiques auxquels elle a été confrontée.
Prenons l’exemple du premier semestre 2025, une augmentation de 4 % par rapport à l’année précédente a généré environ 950 000 ventes, un chiffre très proche de celui de certaines des meilleures années que le secteur ait jamais connues.
Cependant, l’analyse de ces chiffres de vente ne nous apporte pas la clarté à laquelle nous étions habitués avant cette période d’imprévisibilité. Il existe aujourd’hui trop de circonstances atténuantes.
De nombreux constructeurs d’automobiles ne parviennent toujours pas à répondre à la demande des clients, ils ignorent encore l’incidence que les droits de douane auront (ou n’auront pas) sur leurs prix, et beaucoup de consommateurs agissent de façon préventive afin de bénéficier de mesures incitatives ou d’acquérir des véhicules qui pourraient soudainement disparaître.
Bien entendu, cela n’empêche pas la publication de notre bulletin annuel, dans lequel chaque constructeur d’automobiles est évalué sur son rendement au cours du premier semestre 2025.
ACURA : B+
La pandémie et l’après-pandémie n’ont pas été particulièrement clémentes pour la filiale haut de gamme de Honda, une marque qui fêtera ses 40 ans en 2027. Acura rebondit toutefois en 2025, avec une hausse de 18 % par rapport à l’année précédente, grâce à l’amélioration des ventes des modèles Integra et MDX, à la croissance solide du RDX, le modèle le plus vendu d’Acura, et aux premières ventes du nouveau petit véhicule multisegment ADX. Cependant, avec 6 918 ventes au cours des six premiers mois de l’année, soit moins de 1 200 ventes par mois, il est évident qu’Acura n’a plus l’influence qu’elle avait autrefois. Il y a 20 ans, sur un marché beaucoup plus restreint et avec une gamme beaucoup plus limitée, Acura vendait 1 800 véhicules par mois.
AUDI : B+
Après avoir perdu sa place de marque haut de gamme la plus vendue au Canada, qu’elle occupait il y a un an, Audi annonce néanmoins une augmentation de ses ventes en 2025. Les 16 761 ventes enregistrées par Audi au premier semestre, soit une augmentation de 7 % par rapport à l’année précédente, sont attribuables aux progrès considérables réalisés par les deux modèles VUS phares d’Audi, le Q5 et le Q7. Ensemble, le duo a généré un total de 8 011 ventes, soit une augmentation de 44 % par rapport à l’année dernière.
BMW : B
Avec une croissance de 8 % par rapport à l’année précédente, BMW devance le secteur et enregistre 16 083 ventes au premier semestre, soit seulement 678 véhicules de moins qu’Audi et 2 030 de moins que Lexus. L’époque où la Série 3 était le modèle phare de BMW est désormais révolue. En 2010 encore, 51 % du volume des ventes de BMW provenait de la Série 3. BMW est désormais beaucoup plus diversifiée : même le modèle le plus vendu, le X1, ne représente plus que 23 % du volume total de BMW.
FORD : Non qualifié
Ford maintient son engagement à publier chaque année les chiffres de vente de Blue Oval. Cette décision manque cruellement de transparence et est particulièrement étrange, compte tenu de la régularité des mises à jour trimestrielles publiées par Ford au sud de la frontière. En 2024, Ford Motor Company détenait 15 % du marché.
GENERAL MOTORS : A+
76 676. Il ne s’agit pas du total des ventes de GM Canada pour le premier semestre 2025, mais uniquement du nombre de VUS/multisegments vendus entre janvier et juin, soit une augmentation de 16 % par rapport à l’année précédente. GM a également vendu 73 390 camionnettes, 4 758 fourgonnettes et 2 847 voitures de tourisme. Ces chiffres sont significatifs, car ils représentent un total de 157 671 véhicules, soit une augmentation de 12 % par rapport aux ventes de GM au cours des six premiers mois de 2024.
GENESIS : B
En tant que marque à part entière, Genesis, créée il y a huit ans, est encore toute jeune dans un univers de marques de luxe qui existent depuis plus de 100 ans. Pourtant, malgré un réseau restreint et une gamme limitée, Genesis affiche une croissance trimestre après trimestre, grugeant lentement mais sûrement des parts de marché aux marques haut de gamme bien établies. Les ventes de Genesis ont augmenté de 26 % en 2022, de 15 % en 2023, de 6 % en 2024 et de 15 % au premier semestre de 2025, pour atteindre 3 864 véhicules vendus.
HONDA : A
Soutenue par la production canadienne de ses deux modèles les plus vendus, Honda a enregistré une hausse de 21 % de ses ventes en début d’année par rapport à l’année précédente. Les 69 536 véhicules Honda vendus au premier semestre représentent le meilleur début d’année pour Honda depuis 2019. Ce ne sont pas seulement la voiture la plus vendue au Canada (la Civic) et le deuxième VUS en nombre de ventes (le CR-V) qui contribuent au succès de Honda. Les quatre modèles Honda construits en Alabama – Odyssey, Passport, Pilot et Ridgeline – ont enregistré une hausse de 32 % au premier semestre.
HYUNDAI : A
Malgré le choc causé par la suppression du programme canadien iVZE, comme en témoigne la baisse de 56 % des ventes de son modèle électrique phare, l’Ioniq 5, au deuxième trimestre, Hyundai a enregistré des gains importants grâce aux modèles Elantra, Sonata, Santa Fe, Tucson et Venue, clôturant ainsi un premier semestre solide. Avec 74 474 véhicules vendus, Hyundai se classe derrière Toyota et Chevrolet, mais devant Honda. Au cours de 2014, la meilleure année de son histoire, Hyundai avait vendu 70 270 véhicules au premier semestre.
INFINITI : D-
Malgré les fermetures d’usines, les licenciements, la baisse des ventes et les pertes financières colossales qui caractérisent les difficultés mondiales de Nissan, la marque mère vend en réalité un nombre très satisfaisant de véhicules au Canada. La division haut de gamme Infiniti de Nissan, quant à elle, est en chute libre. La baisse de 15 % en glissement annuel, avec seulement 2 576 ventes au premier semestre, place Infiniti à plus de 4 000 ventes derrière Volvo, à près de 2 900 derrière Land Rover et à près de 1 300 derrière Genesis. Les ventes d’Infiniti ont chuté de 57 % au premier semestre en seulement sept ans, et la réduction de la gamme de la marque ne contribuera pas à combler cet écart.
JAGUAR : F
Jaguar a misé gros sur un avenir électrique qui, à court et moyen terme du moins, ne semble plus inclure autant de prises électriques. Cependant, il ne faut pas oublier que Jaguar ne vendait pas non plus beaucoup de véhicules à moteur à combustion interne. Avant la pandémie, les ventes annuelles totales de Jaguar en 2019 n’atteignaient que 3 636 véhicules. En 2025, avec des résultats semestriels en baisse de 25 % par rapport à l’année dernière, Jaguar est en passe d’enregistrer sa septième baisse annuelle consécutive depuis 2015. La production mensuelle de Jaguar au Canada a diminué de 76 % depuis 2017.
KIA : A
Grâce à une grande flexibilité lui permettant d’approvisionner la très grande majorité de ses véhicules en Corée plutôt que dans ses usines américaines, Kia Canada est bien placée pour tirer parti des résultats records enregistrés par la marque en 2024. Kia a enregistré une hausse de 11 % au cours des six premiers mois de l’année grâce à un regain de vigueur des modèles Sportage, Sorento et K5, qui remplace la Forte. Si l’on exclut l’EV6, qui a connu une chute vertigineuse, et les modèles retirés du marché, les ventes de Kia ont en réalité augmenté de 22 % en 2025.
LAND ROVER : B+
Malgré son partenaire Jaguar, qui perd de plus en plus de son importance, les ventes de Land Rover ont bondi de 14 % au premier semestre 2025, pour atteindre 4 895 véhicules. En réalité, les trois modèles dérivés du Range Rover de Land Rover, à savoir l’Evoque, le Sport et le Velar, ont enregistré une augmentation combinée de 60 %. L’année 2025 s’annonce comme la huitième année consécutive de croissance pour Land Rover au cours de la dernière décennie. Les ventes de véhicules Land Rover au Canada ont augmenté de 27 % depuis 2015.
LEXUS : A+
Lexus est solidement ancrée dans sa trajectoire après une année 2024 qui a vu ses ventes atteindre le deuxième meilleur résultat de son histoire. Lexus est actuellement la marque haut de gamme la plus vendue au Canada, avec une augmentation de 21 % de ses ventes au premier semestre, soit 3 166 véhicules supplémentaires. Lexus a réalisé un peu plus des deux tiers de ses 18 113 ventes grâce à ses deux modèles construits au Canada, le RX et le NX.
MASERATI : D-
C’est presque comme si une partie du mystère qui entoure Maserati, l’aura de la marque, nécessitait un certain degré d’incertitude pour se maintenir. L’avenir de Maserati est incertain, comme cela a presque toujours été le cas, et les chiffres de vente de la marque au Canada viennent étayer les arguments contre ses perspectives. Seules 230 Maserati ont été vendues au cours du premier semestre 2025, soit une baisse de 35 % par rapport aux chiffres de l’année dernière et une chute brutale de 57 % par rapport aux résultats du premier semestre 2023.
MAZDA : A
Les défis ne manquent pas pour une très petite marque telle que Mazda dans un contexte marqué par des bouleversements dans l’industrie, une intervention gouvernementale importante et l’évolution des normes commerciales mondiales. Cela apparaît clairement dans les plans de production de Mazda, qui a retiré des concessions canadiennes le CX-50 construit en Alabama. Pourtant, Mazda surmonte cette situation et affiche une hausse de 21 % au premier semestre 2025 (pour atteindre 39 781 véhicules), après une croissance substantielle post-pandémie en 2023 et 2024.
MERCEDES-BENZ : B
Derrière Lexus, Audi et BMW dans le classement des ventes haut de gamme, Mercedes-Benz a généré 15 349 ventes au premier semestre (plus 3 352 Sprinter supplémentaires) en 2025 grâce à une gamme de produits apparemment infinie. La croissance de 15 % de la marque provient en grande partie de modèles Mercedes-Benz relativement abordables tels que les CLA, CLE, GLA et GLC, un quatuor qui a enregistré une hausse de 65 % par rapport aux niveaux de 2024, avec 7 858 ventes. Cela représente plus de la moitié du volume Mercedes-Benz hors Sprinter.
MINI : B-
L’augmentation de 7 % des ventes de MINI enregistrée par BMW Canada au premier semestre 2025 ne masque pas le fait que la marque reste un acteur secondaire sur le marché. Il s’agit véritablement d’une marque de petites voitures haut de gamme destinée à un marché de niche, qui ne correspond pas vraiment aux sensibilités nord-américaines. MINI propose des véhicules de taille réduite à des prix qui ne sont en aucun cas mini. Cela fonctionne, mais sur ce continent, cela ne marche qu’avec de très petits volumes. MINI vend actuellement environ 400 véhicules par mois au Canada.
MITSUBISHI : B
Avant l’arrivée d’un nouveau modèle Outlander, les ventes du modèle actuel de Mitsubishi ont diminué de 12 % au cours du premier semestre 2025. Pour une marque dominée par le modèle Outlander, qui représente 53 % des 18 900 ventes réalisées par Mitsubishi au premier semestre, cela constitue un problème qui se traduit par une croissance inférieure à la moyenne pour l’ensemble de la marque. Pourtant, Mitsubishi est toujours en bonne voie pour dépasser 2024, la meilleure année de la marque au Canada, grâce à l’écoulement des stocks restants de Mirage et à la capacité de la marque à vendre plus de VUS Eclipse Cross et RVR que l’année dernière.
NISSAN : B+
Malgré la hausse des prix des transactions, il existe toujours une place sur le marché automobile canadien pour des véhicules d’entrée de gamme abordables. La première génération du Kicks de Nissan (désormais connu sous le nom de Kicks Play) et la deuxième génération du Kicks ont permis de plus que doubler les ventes du premier semestre, qui ont atteint 20 136 véhicules. Nissan a également tiré sa croissance des modèles Altima, Versa, Ariya, Armada, Frontier et Murano. Alors que Nissan envisage un second semestre sans Frontier, Murano ni Pathfinder, touchés par des droits de douane, les ventes de la marque ont augmenté de 11 % au premier semestre, pour atteindre 57 730 véhicules.
PORSCHE : B-
Nous aurions peut-être dû nous attendre à ce que la croissance apparemment sans fin des ventes de Porsche au Canada prenne fin à un moment donné. Le volume des ventes de Porsche a augmenté de 189 % entre 2013 et 2023 avant de reculer légèrement en 2024. L’amélioration de 1 % (à 4 881 véhicules) au premier semestre 2025 intervient alors que l’emblématique 911 de la marque enregistre une baisse de 20 %. Toute forme de reprise des ventes du modèle 911 en été et à l’automne pourrait bien permettre à Porsche d’atteindre un nouveau résultat annuel record.
STELLANTIS : F
Malheureusement, la situation pourrait s’aggraver avant de s’améliorer. Stellantis, la société mère de Chrysler, Dodge, Jeep, Ram et Fiat, a subi une baisse de 14 % de ses ventes au Canada au premier semestre, en raison notamment d’une chute de 31 % des ventes de camionnettes Ram et de 21 % des ventes de Jeep, parmi d’autres baisses désastreuses. Cependant, cela pourrait être le moindre des soucis de Stellantis, compte tenu des pertes de 3,7 milliards de dollars attendues pour le premier semestre 2025, des fermetures fréquentes d’usines et des changements à la tête de l’entreprise. Le volume des ventes au premier semestre a atteint 59 138 véhicules, soit une perte de 31 000 véhicules en seulement trois ans.
SUBARU : A
Bien que certains modèles de la marque soient sans conteste parmi les plus originaux du marché, on ne peut plus vraiment considérer Subaru comme un outsider excentrique obsédé par la transmission intégrale qui se contente de gruger des parts de marché. Subaru a vendu 39 512 véhicules au cours du premier semestre 2025, soit une augmentation de 11 %. Il y a une décennie, il fallait dix mois à Subaru pour vendre ce qu’elle vend aujourd’hui en six mois. La croissance enregistrée par les modèles Crosstrek et Forester a largement compensé le recul de 25 % des ventes du modèle Outback au premier semestre. En réalité, le Crosstrek se vend actuellement trois fois et demie mieux que l’Outback.
TOYOTA : B-
Dépendant aujourd’hui plus que jamais de ses modèles hybrides, Toyota est malheureusement limitée par l’approvisionnement restreint en pièces détachées de fournisseurs tels qu’Aisin et Denso. Les ventes de Toyota au Canada ont diminué de 3 % au premier semestre, malgré une hausse de 6 % au deuxième trimestre, en raison des baisses importantes enregistrées par les modèles Camry, Crown, 4Runner, bZ4x, Highlander et Venza, qui est abandonné. Malgré un début d’année difficile, le RAV4 demeure de loin le VUS le plus vendu au Canada.
VOLKSWAGEN : B-
Volkswagen parvient, bien que difficilement, à égaler le rythme effréné de l’année dernière, qui s’était soldée par plus de 80 000 ventes et un taux de croissance annuel de 28 %. Volkswagen a enregistré 40 548 ventes au premier semestre, soit une augmentation de 101 véhicules, principalement grâce à l’essor des ventes de ses modèles d’entrée de gamme, qui a compensé les pertes enregistrées par le Tiguan et le modèle électrique ID.4. Les ventes de la berline Jetta et de l’utilitaire sous-compact Taos ont augmenté respectivement de 45 % et 20 %, ce qui représente près de 5 000 ventes supplémentaires pour VW.
VOLVO : B+
La croissance de Volvo n’est certes pas stratosphérique, mais la modeste hausse de 4 % enregistrée au début de 2025 est remarquable, compte tenu de la position de la marque en 2024. L’année dernière a été la meilleure année de Volvo ; cette année est encore meilleure. Les deuxième et troisième modèles les plus vendus de Volvo, respectivement les XC40 et XC90, ont généré ensemble 100 ventes supplémentaires par mois au cours du premier semestre 2025.
