À l’heure de la relève

La concession de Repentigny, qui soufflera ses 100 bougies en 2026, accueillera alors la 4e génération de Girard à sa tête. Un transfert d’entreprise familiale encore rarissime au Québec1.

En effet, son président, Pierre Girard, prendra sa retraite d’ici deux ans et passera officiellement le flambeau à son fils Guillaume, entré au sein de l’entreprise en 2021 et nommé à la Direction générale en 2023.

« C’est mon fils qui a pris les opérations au quotidien, et moi, j’agis à titre de mentor et de conseiller pour orienter certaines décisions », explique le dirigeant qui, depuis 1978, travaille dans la concession.

Un repreneur inattendu

Ce scénario de repreneuriat, le père ne l’avait jamais envisagé, son fils menant d’ailleurs une carrière fructueuse en communications-marketing chez Cossette. 

« On l’a toujours tenu à l’écart, en lui disant de faire autre chose dans la vie que de gérer une concession d’automobiles. […] Puis, à un moment donné, j’étais rendu au point où je remettais en question ma retraite et je me disais que je devrais peut-être vendre. Quand les discussions ont commencé à être un peu plus sérieuses au sujet de la vente, c’est lui qui s’est manifesté en me disant : « Toute ma vie, vous m’avez empêché de travailler dans l’entreprise. C’est mon rêve d’être entrepreneur. Depuis que je suis tout petit, je souhaite prendre la relève de l’entreprise. »

Fondée à Montréal en 1926 avant de s’établir à Repentigny en 1971 puis de s’installer dans cette ville, rue Valmont, en 2004, cette concession unique, exploitée par la famille Girard, offre des véhicules neufs de marques Chrysler, Jeep, Dodge, RAM et Fiat, de même que des véhicules d’occasion.

Les défis d’une industrie en transformation

Le départ du père et l’arrivée du fils coïncideront non seulement avec le 100e anniversaire, en 2026, de l’entreprise familiale, mais s’insèrent également dans le contexte plus vaste d’une industrie de l’automobile en profonde transformation. Et c’est autour de cette réalité, qui comporte son lot de défis, que se tisse la vision future de l’entreprise.

Concrètement, si Pierre Girard s’est concentré sur l’expansion de l’entreprise à partir des années 2000, Guillaume Girard se consacrera, quant à lui, à la gestion du changement par rapport au marché.

« C’est sa vision avec ma modération », déclare en riant le sympathique dirigeant qui, contrairement à son fils, n’a pas pu profiter des conseils de son propre père qui est mort relativement jeune. 

Parmi les défis, en cette ère de transition énergétique, l’arrivée des véhicules électriques nécessite de nouvelles infrastructures ainsi qu’une meilleure gestion de l’inventaire. Alors que le constructeur Chrysler s’apprête à lancer plusieurs modèles électriques sur le marché au cours des douze prochains mois, le concessionnaire sera fin prêt à les recevoir.

« C’est mon rêve d’être entrepreneur. Depuis que je suis tout petit, je souhaite prendre la relève de l’entreprise. »

« On est en train de transformer les installations physiques pour être capable de répondre à ce changement. C’est le projet de Guillaume. […] Moi, je suis un gars d’essence et non pas de batterie », résume M. Girard.

Cette transformation touche aussi l’équipe de techniciens en atelier.

« C’est un défi de les recruter, concède-t-il, parce que ce n’est plus réellement de la mécanique comme avant. Il faut être capable de comprendre la complexité des systèmes informatiques des véhicules. »

Les équipes des Ventes, qui doivent servir une nouvelle génération d’acheteurs, ont aussi été renouvelées. 

« La démarche doit être différente, parce que ce n’est plus la fidélité à une marque. C’est beaucoup la saveur du mois. Il faut vraiment les orienter vers des choses qui vont les accrocher. »

Actuellement en transition de clientèle, Girard Automobile doit à la fois communiquer davantage sur les réseaux sociaux avec les nouvelles générations et maintenir le lien avec sa clientèle plus âgée par l’entremise des médias traditionnels. 

« Il faut travailler sur les deux tableaux », souligne-t-il.

L’essentiel, selon M. Girard, consiste à placer l’expérience client au cœur des actions de l’entreprise afin de veiller à sa pérennité.

Une relève bien planifiée

À ce propos, père et fils ont pris soin de bien s’entourer et de se renseigner pour assurer le transfert réussi du commerce familial. 

« Moi, j’ai des conseillers fiscaux et juridiques qui m’entourent. Guillaume, de son côté, s’est beaucoup impliqué dans des groupes de repreneurs d’entreprises, surtout au niveau des transferts d’entreprises familiales, avec des coaches qui sont dans différentes sphères du commerce ou de l’industrie. […] Ça lui apporte beaucoup, parce qu’il voit autre chose. Et il est capable d’aller chercher l’expertise et les conseils d’autres personnes en dehors de l’entreprise familiale qui peuvent s’appliquer dans son quotidien, même si ce n’est pas dans le même domaine. »

Son fils s’implique également au sein de la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec comme nouvelle relève dans le réseau des concessions.

« On a toujours travaillé dans la gentillesse, le respect, l’honnêteté et la transparence, tout en étant à l’écoute des gens. Il faut que ça demeure. »

En route vers une retraite active

Pour sa retraite qui se profile à l’horizon, M. Girard entend bien consacrer plus de temps à sa passion, l’immobilier résidentiel, qu’il s’agisse d’achats ou de ventes.

« C’est quelque chose que j’aime faire », confie l’homme qui apprécie aussi les voyages, mais pas le golf, s’empresse-t-il d’ajouter, qu’il a en horreur !

Des valeurs en héritage

À titre de cédant de Girard Automobile, le souhait le plus cher de Pierre Girard est de léguer des valeurs morales qui puissent se perpétuer au sein de l’entreprise.

« On a toujours travaillé dans la gentillesse, le respect, l’honnêteté et la transparence, tout en étant à l’écoute des gens. Il faut que ça demeure, pour que ça ne devienne pas un gros éléphant qui écrase tout sur son passage, sans se soucier des conséquences. Il ne faut pas chercher à faire des affaires à court terme, mais vraiment miser sur des relations à long terme avec la clientèle », conclut-il.

RÉFÉRENCE :

Selon une enquête menée par HEC Montréal, en 2020, 12 % des entreprises familiales sont dirigées par la troisième génération, et dans 62,5 % des cas, elles ont été fondées avant 1960. En outre, 5 % des entreprises sondées ont à leur tête des dirigeants de la quatrième génération ou plus, et dans 65 % des cas, celles-ci ont été fondées avant 1960. Voir AlbumFamilles_web1.pdf (hec.ca)

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